Coronavirus : la polémique lancée par Nicolas Bedos en cinq actes

Nicolas Bedos défend un comportement libertaire face aux restrictions liées au coronavirus.
Nicolas Bedos défend un comportement libertaire face aux restrictions liées au coronavirus. © Capture Instagram et AFP/Montage Europe 1
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Nicolas Bedos a suscité l'indignation d'une très large partie du monde scientifique, jeudi, en encourageant les Français à braver les conseils pour lutter contre le coronavirus. Vendredi, l'acteur et réalisateur a justifié cette prise de position, partagée par quelques artistes.

Son message a déchaîné les passions. Jeudi matin, Nicolas Bedos a poussé un coup de gueule contre les mesures sanitaires et les gestes barrières à respecter pour lutter contre le Covid-19. Avec ce message posté sur Instagram, l'acteur et réalisateur a déclenché la colère de très nombreux scientifiques confrontés à la nette résurgence de l'épidémie. Dans le même temps, il a reçu des soutiens et s'est justifié sur cette prise de parole controversée, vendredi matin. Retour, en cinq actes, sur une polémique qui met en lumière les opposants à la prééminence de l'aspect sanitaire sur notre mode de vie.

Acte I : "Vivez à fond" sur Instagram

Les mots sont enflammés et traduisent une indignation face aux mesures prises dans le pays pour juguler la résurgence de l'épidémie en France. "Arrêtez tout. TOUT. Les masques, les confinements. Excepté face à vos parents très fragiles, quand ils le souhaitent, ce qui n’était pas le cas de mon père, meurtri à mort d’être privé de notre amour", lance Nicolas Bedos sur Instagram, jeudi, vers 5 heures du matin.

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Bas les masques . Stop aux stops. Aimons, à tort et à travers.

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"Vivez à fond, tombez malade, allez au restaurant, engueulez les flicaillons, contredisez vos patrons et les lâches directives gouvernementales", poursuit le fils de Guy Bedos sur le réseau social. "Nous devons désormais vivre, quitte à mourir. Nos aînés ont besoin de notre tendresse davantage que de nos précautions. On arrête d’arrêter. On vit. On aime. On a de la fièvre. On avance. On se retire de la zone grise. Ce n’est pas la couleur de nos cœurs."

Acte II : une condamnation quasi-unanime

Très vite, le message de Nicolas Bedos est abondamment commenté, au lendemain de nouvelles annonces d'Olivier Véran sur les restrictions face à l'épidémie. Dans l'ensemble, les internautes condamnent cette prise de position, à rebours du discours dominant sur la nécessité de protéger les plus fragiles en portant un masque, notamment. Dans une réponse postée sur Twitter, l'animateur Christophe Dechavanne le recadre vivement : "Je te dis avec respect et amitié, qu'appeler à ne pas s'astreindre à l'un de ses devoirs civiques et humains n'est pas possible en fait et ne souffre d'aucune discussion. (…) Sans déconner, on peut jouer avec de nombreux feux Nicolas, mais pas ceux-là, pas ceux-là."

Le monde scientifique est particulièrement remonté contre Nicolas Bedos. "Vous seriez disponible pour venir nous donner un petit coup de main pour remplir les listes de garde en réanimation, car nous allons, dans les prochains jours, être contraints à doubler nos effectifs la nuit", a ainsi répliqué sur Twitter Stéphane Gaudry, professeur de médecine intensive réanimation à l'hôpital Avicenne de Bobigny, en Seine-Saint-Denis. D'autres membres de la communauté scientifique et médicale ont également dénoncé ce comportement.

Acte III : quelques soutiens à ce coup de gueule

Au milieu de ces réponses pour beaucoup indignées figurent quelques soutiens. Le message posté par Nicolas Bedos avait ainsi été "aimé" près de 60.000 fois vendredi matin. Et plusieurs personnalités ont publiquement exprimé leur soutien à cette position "contre les lâches directives gouvernementales", comme Elsa Zylberstein, Patrick Puydebat ou Vincent Lindon. L'acteur classé à gauche a estimé sur Quotidien qu'il aurait pu "dire ça dans un dîner" : "Je ne suis pas d'accord sur la forme, je pourrais être d'accord dans le fond. La phrase est forte, il faut être Jean Moulin pour dire 'quitte a mourir pour vivre', je comprends ce qu'il a voulu dire, ça veut dire allons-y, embrassons-nous, voyons-nous. Ceux qui sont contre et qui trouvent ça ridicule exagèrent et ont tort."

Le comédien a aussi reçu le soutien de Pascal Praud et de son équipe, sur CNews, comme l'a relevé notre chroniqueur Bertrand Chameroy sur son Ecran de veille, dans Culture-Médias

Acte IV : la réponse de Véran

En milieu de journée, jeudi Olivier Véran a répondu au réalisateur. Auditionné par la Commission d'enquête parlementaire sur la gestion de la crise du coronavirus, le ministre a taclé des propos "à l'emporte-pièce qu'on peut lancer sur un blog". "Je pense que dans cette période, il faut être extrêmement attentif, surtout quand on a beaucoup d'écoute autour de soi, à notre façon de nous exprimer, aux messages que nous véhiculons", a-t-il affirmé. "On ne peut pas imposer aux gens de prendre soin d’eux malgré eux, mais on peut imposer aux gens de prendre soin des autres malgré eux."

Acte V : Bedos persiste et signe

Face au tollé suscité par sa publication, Nicolas Bedos a décidé de répliquer. Vendredi matin, sur Instagram, il s'est justifié en rappelant "à certains éminents journalistes" qu'il n'était "pas ministre de la Santé" : "Je ne suis qu'un auteur, ce qu'on appelait jadis, avec un soupçon de mépris, un 'pamphlétaire'", poursuit-il. "Et, accessoirement, je vous rappelle que nous sommes encore libres de penser différemment, de débattre, de nous indigner, et même de nous tromper." Avant de conclure avec le hashtag #laisseznousvivre.

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Ce message a reçu le soutien de plusieurs célébrités, comme Elie Semoun, Linda Hardy, Michael Youn ou encore Francesca Antoniotti. Mais cette mise au point a surtout recueilli le ressentiment de nombreux internautes, déjà passablement irrités par le message originel.