Depuis mardi minuit, les  chaînes du groupe Altice ne sont plus disponibles directement sur les Freebox (photo d'illustration). 1:30
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Elsa Bembaron , modifié à
Elsa Bembaron décrypte sur Europe 1 le conflit qui oppose le groupe Altice, propriétaire de BFMTV, RMC Découverte et RMC Story, et le fournisseur d'accès Free. 
ON DÉCRYPTE

Que se passe-t-il entre Free et BFMTV ? Depuis mardi minuit, la chaîne d'information en continu (tout comme les autres chaînes du groupe Altice, RMC Découverte et RMC Story), ne sont plus disponibles directement sur les Freebox. "L'origine du conflit, c'est Altice (...) qui a demandé de l'argent à Free pour pouvoir continuer à diffuser ces chaînes", explique sur Europe 1 Elsa Bembaron, journaliste au Figaro, au micro de Philippe Vandel. "On parle de 4 à 6 millions par an, mais Free ne l'entend pas du tout de cette cette oreille : il estime que ce sont des chaînes gratuites sur la TNT". 

"Allons chercher les sous là où ils sont"

Pourquoi Altice a-t-il soudainement réclamé cette somme ? "L'argument est assez simple", souligne la journaliste. "Les chaînes de télé gagnent moins d'argent avec la pub, parce qu'il y a plus de concurrence pour diverses raisons - dont Netflix - et les opérateurs Telecom sont eux encore relativement rentables. Le patron d'Altice s'est dit : 'allons chercher les sous là où ils sont'." 

Les négociations, entamées en avril, ont été arbitrées à la fois par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), et par la justice. Fin juillet, deux décisions ont été rendues. "En gros, le CSA autorise les chaînes gratuites à demander une rémunération... Mais autorise aussi les opérateurs à ne plus diffuser s'ils ne veulent pas payer", détaille Elsa Bembaron. "Côté tribunal de grande instance, la décision dit que si Free continue de diffuser sans accord avec BFM, on est en violation du droit de la propriété intellectuelle."

"Le calcul était vite fait"

La justice menace donc de sanctions financières. "C'est 100.000 euros d'astreinte, par jour et par chaîne", poursuit la spécialiste. "Si Free n'avait pas coupé le signal c'était donc 300.000 euros par jour. En 13,5 jours, il aurait payé les 4 millions. Donc le calcul était vite fait, il fallait mieux couper s'il n'y avait pas d'accord."

Une telle escalade n'est pas inédite, rappelle encore Elsa Bembaron. "Canal+ avait aussi coupé TF1 pendant quelques jours (à l'automne 2018, ndlr). On a d'autres exemples dans d'autres pays où il y a assez fréquemment des coupures : c'est un peu comme une arme. Ils font un bras de fer (...) et on verra qui perd le plus à l'arrivée." 

Justement, lequel des deux protagonistes a le plus à perdre ? "Free sait qu'il y a des gens qui sont accrocs à BFM", commence la journaliste du Figaro. "Mais ils ont fait une longue liste pour leurs abonnés, pour expliquer comment retrouver la chaîne", notamment en branchant sa Freebox directement sur l'antenne TNT. Et BFM ? Depuis mardi, la chaîne diffuse des publicités incitant à la regarder via les box des opérateurs "autorisés"... "Et la concurrence, c'est SFR... Soit la même maison que BFM", conclut Elsa Bembaron.