"Son entourage ne plaisante pas" : les coulisses de l'interview de Lula par Paris Match

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La journaliste Marion Quérouil-Bruneel a obtenu pour "Paris Match" une interview exclusive de Lula, l’ancien président brésilien, qui lui révèle songer très sérieusement à se présenter à l’élection présidentielle de 2022. A Europe 1, elle raconte les coulisses de ce scoop mondial et la grande détermination de l’ex-dirigeant à évincer Jair Bolsonaro du pouvoir.
INTERVIEW

C’est une exclusivité mondiale qu’a décroché Paris Match dans son dernier numéro, paru jeudi. L’hebdomadaire publie un reportage et une interview de l’ancien président brésilien Lula, qui déclare notamment vouloir tout faire pour battre en 2022 l’actuel dirigeant de la nation auriverde, Jair Bolsonaro, et laisse clairement entendre qu’il sera candidat pour cette élection présidentielle. Marion Quérouil-Bruneel, à l’origine du scoop, raconte comment elle a obtenu, de haute lutte, cette rencontre, et témoigne de la détermination intacte de l’ancien président, malgré 19 mois passés en prison pour une affaire de corruption pour laquelle il vient d’être innocenté.

"L'homme que tout le monde s'arrache"

Pour rencontre Lula, il a fallu d’abord attendre. Beaucoup. "Déjà, c'est compliqué en ces temps de pandémie de se rendre au Brésil. Il y a beaucoup de vols qui ont été suspendus, les restrictions d'accès sont nombreuses", développe Marion Quérouil-Bruneel. "Et puis la santé de Lula, c’est quelque chose avec lequel son entourage ne plaisante pas. Il avait contracté le Covid quelques semaines auparavant, il avait bénéficié d'une première dose de vaccin, il attendait sa deuxième et il a enfin fallu encore attendre trois semaines après la deuxième injection pour avoir le feu vert de ses médecins", explique encore la journaliste. Pour rappel Lula a été déclaré en rémission totale d’un cancer du larynx en 2012.

Autre écueil à surmonter : la concurrence. "Depuis que ses condamnations en justice ont été annulées, c'est vrai qu'il est un peu devenu aussi l'homme que tout le monde s'arrache", sourit Marion Quérouil-Bruneel. "Donc, avoir une interview de lui, c'est effectivement une épreuve de patience. Mais c'est effectivement la première qu’il a consacrée en chair et en os depuis le début de la pandémie."

"Il ne prend aucune responsabilité dans l’arrivée au pouvoir de Bolsonaro"

Et ce qui a marqué la journaliste, c’est la détermination de l’ex-président, aujourd’hui âgé de 75 ans à revenir au pouvoir. "Oui, il y croit. D'autant plus que tous les sondages qui sont en train de fleurir en ce moment le montrent comme le vainqueur face à Bolsonaro avec une majorité importante", précise Marion Quérouil-Bruneel. "Et ce qui le sert aussi beaucoup, c'est la gestion calamiteuse de la pandémie par l'actuel président."

Mais pas question pour Lula de reconnaitre une éventuelle responsabilité dans l’élection de Jair Bolsonaro, après des scandales financiers et une approche assez peu écologique du temps de sa présidence. "Pour lui, l'arrivée d'un président d'extrême droite est la conséquence de dix ans de travail de sape de la part des médias et de la droite classique brésilienne envers la politique d'inclusion sociale que le Parti des travailleurs et lui-même ont pu conduire pendant 10 ans. Donc, là-dessus, il ne prend aucune responsabilité", confirme la journaliste. "Sur l'écologie, il considère qu'il y aurait encore effectivement beaucoup, beaucoup de choses à améliorer. Mais il présente un bilan sur l'Amazonie, revendique le fait d'avoir développé les recherches en énergies renouvelables. Il fait un devoir d'inventaire assez minimum."

"Il n'a pas perdu la flamme"

C’est donc quasiment un candidat officiel à la présidentielle de 2022 que Marion Quérouil-Bruneel a eu face à elle. Pourtant, Lula n’est pas totalement débarrassé de ses déboires judiciaires. "Il est le premier à dire qu'il veut prouver son innocence, à aller jusqu'au bout. Après, le système judiciaire brésilien est assez compliqué, assez lent", explique la journaliste. "Mais ce qui est important pour lui, c’est qu’il a récupéré ses droits politiques et qu’il pourra donc effectivement être candidat."

Et l’homme a la foi. "Il n'a pas perdu la flamme ni l'envie de revenir. Et surtout, je crois qu'il est animé par le désir profond de se débarrasser et de débarrasser le pays de Jair Bolsonaro", conclut la journaliste.