Arnauld Miguet est resté 133 jours à Wuhan. 2:14
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Antoine Terrel , modifié à
"En Chine, le journalisme est un sport de combat", raconte le journaliste français Arnauld Miguet, correspondant de France Télévision en Chine. Confiné à Wuhan pendant 133 jours, il a continué à exercer son métier dans des conditions parfois compliquées. Invité lundi de Culture Médias, sur Europe 1, il a notamment raconté qu'il devait informer les autorités chinoises de tous ses déplacements. 
INTERVIEW

Après 133 jours à Wuhan, où il a raconté de l'intérieur l'épidémie de coronavirus, Arnauld Miguet a enfin pu quitter la ville, premier épicentre de la crise. Mais le correspondant de France Télévision en Chine n'a pas encore pu rentrer chez lui à Pékin, et se trouve actuellement à Shanghai. Invité mardi de Culture Médias sur Europe 1, il est revenu sur cette expérience inédite, et sur ce long séjour forcé pendant lequel il a pu continuer, malgré les obstacles, à exercer son métier. 

"Il n'y avait absolument aucun traitement de faveur" pour les journalistes, assure celui qui était coincé à Wuhan avec son JRI Gaël Caron, et qui a fait le choix de rester en Chine alors qu'il aurait pu à plusieurs reprises profiter des rapatriements pour rentrer en France. "On s'est dit qu'on allait rester voir comment les choses allaient se dérouler. On fait ce boulot pour le meilleur et pour le pire", dit-il encore.  

Avoir un taxi "coûtait une fortune"

Au bout d'un certain temps, Arnauld Miguet et son JRI ont pu recommencer à effectuer des reportages, et donc à quitter leur domicile de confinement, à savoir un hôtel de la ville, mais toujours sous surveillance. "On nous laissait faire", confirme Arnauld Miguet. Mais, ajoute-t-il, "on marquait systématiquement nos allers et venues sur un registre transmis aux autorités. On mettait les heures, qui on allait voir". Et de reconnaître : "Parfois on mentait un peu ". 

Cette surveillance conjuguée à la peur des habitants d'attraper le coronavirus a rendu compliqué le moindre déplacement. "On sortait deux-trois heures tous les deux jours", explique Arnauld Miguet, "le plus difficile était de trouver un moyen de locomotion, un taxi, un chauffeur, quelqu'un de suffisamment courageux pour nous amener dans la ville". Et avoir un taxi, "coûtait une fortune".  

Et certains chauffeurs "nous ont laissé en rase campagne", se souvient le journaliste. Lors d'un déplacement, après avoir demandé à son chauffeur de le retrouver dans une heure, Arnauld Miguet a ainsi eu la mauvaise surprise de voir que ce dernier avait quitté les lieux. "Il n'est jamais revenu. Il avait été convoqué par les autorités qui lui avaient dit : 'Ça suffit d'amener ces journalistes ici et là'".