Venezuela : Juan Guaido appelle à manifester "en paix" devant les casernes samedi
Deux jours après une tentative ratée de soulèvement, Juan Guaido a appelé à manifester "en paix" devant les casernes du pays, samedi, pour demander à l'armée de lâcher le président Nicolas Maduro.
L'opposant vénézuélien Juan Guaido a appelé à manifester "en paix" samedi devant les bases militaires du pays pour demander à l'armée de lâcher le président socialiste Nicolas Maduro, lequel est passé jeudi à l'offensive contre "les putschistes", deux jours après une tentative ratée de soulèvement.
"Samedi 4 : mobilisation nationale en paix vers les principales unités militaires pour qu'elles se rallient à la Constitution", a tweeté dans la nuit de jeudi à vendredi Juan Guaido. L'armée est un acteur central du pouvoir vénézuélien. Elle tient le secteur pétrolier, dont le pays tire 96% de ses revenus, ainsi que plusieurs ministères, et affiche jusqu'à présent un soutien sans faille à Nicolas Maduro. "Oui, nous sommes en plein combat, le moral doit être au maximum dans cette lutte pour désarmer tous les traîtres, tous les putschistes", a asséné jeudi le chef de l'Etat devant 4.500 soldats rassemblés à Caracas dans la cour du Fort Tiuna, la principale caserne du pays.
Convoco a todos los sectores del país a realizar pronunciamientos exigiendo el cese de la usurpación, la actuación constitucional de la Fuerza Armada, su participación en la #OperaciónLibertad, organizar y realizar 1 día de paro o protesta sectorial durante la próxima semana.
— Juan Guaidó (@jguaido) May 3, 2019
"Loyauté toujours, trahison jamais !", a scandé le président vénézuélien, flanqué de son ministre de la Défense, le général Vladimir Padrino, et de plusieurs autres officiers de haut rang. Ce discours s'inscrit dans la continuité de la chasse aux "traîtres" que Nicolas Maduro a lancée dès mardi soir, lorsqu'il a affirmé avoir déjoué l'"escarmouche putschiste" entreprise par un groupe de militaires entrés en rébellion pour rejoindre Juan Guaido , reconnu président par intérim par un cinquantaine de pays, dont les Etats-Unis.
L'armée, un acteur central du pouvoir vénézuélien
La tentative de soulèvement de mardi s'est dégonflée au cours de la journée. Quelque 25 militaires rebelles ont demandé l'asile à l'ambassade du Brésil à Caracas. Puis Leopoldo Lopez, une des figures de l'opposition qui était assigné à résidence depuis 2017 et était apparu aux côtés de Juan Guaido et des soldats insurgés, s'est réfugié dans l'ambassade d'Espagne. La justice vénézuélienne a ordonné jeudi son arrestation mais le gouvernement espagnol a aussitôt annoncé qu'il ne livrerait "en aucun cas" l'opposant.
Dans des déclarations effectuées dans la résidence de l'ambassadeur d'Espagne, Leopoldo Lopez a affirmé que la tentative de soulèvement "fait partie d'un processus, c'est une brèche qui va se transformer en brèche plus grande et qui va finir par rompre le barrage". "La chute a commencé" pour le régime vénézuélien et "c'est un processus irréversible" car "les militaires se sont rendus compte qu'ils ne sont pas seuls", a-t-il ajouté. "J'ai parlé à beaucoup de généraux (...) Cette dictature va se terminer".
Quatre morts parmi les manifestants
La tentative de soulèvement a été accompagnée dans tout le Venezuela mardi et mercredi de manifestations monstre des partisans de Juan Guaido, émaillées de violents heurts entre des manifestants et les forces de l'ordre. Ces affrontements ont fait quatre morts parmi les manifestants , selon l'opposition et les familles. Selon Amnesty International, les troubles ont par ailleurs fait quelque 200 blessés et 205 personnes ont été arrêtées. Le mécontentement populaire est alimenté par les conséquences de la pire crise de l'histoire récente du pays. L'hyperinflation pourrait atteindre 10.000.000%, selon le FMI, les coupures de courant se multiplient et les hôpitaux ne peuvent plus soigner les malades, faute de médicaments et d'équipement.
Malgré l'échec de la manifestation de mercredi censée être le point final de l'"opération liberté" qui doit le mener au palais présidentiel de Miraflores, Juan Guaido a appelé à la poursuite des manifestations et appuyé l'idée de grèves tournantes pour arriver à la grève générale.