Venezuela : regain de violences après le ralliement de soldats à Guaido

Un soldat de la Garde nationale ayant rejoint l'opposant Juan Guaido mardi, et affronté les forces loyales au président Maduro, à Caracas.
Un soldat de la Garde nationale ayant rejoint l'opposant Juan Guaido mardi, et affronté les forces loyales au président Maduro, à Caracas. © YURI CORTEZ / AFP
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avec AFP , modifié à
Caracas plongeait dans la violence mardi, alors que des militaires sont entrés en rébellion et ont rallié l'opposant Juan Guaido, le pouvoir vénézuélien dénonçant un "coup d'État".

Regain de violences au Venezuela. L'opposant vénézuélien Juan Guaido, engagé dans un bras-de-fer depuis trois mois avec le président Nicolas Maduro, a revendiqué mardi le soutien d'un groupe de militaires depuis une base militaire de Caracas, et le gouvernement a dénoncé une "tentative de coup d'État". Des heurts ont éclaté peu après dans la capitale entre des manifestants pro-Guaido et les forces loyalistes. 

Guaido reçoit le soutien de soldats 

Le chef de file de l'opposition Juan Guaido, reconnu président par intérim par une cinquantaine de pays, a annoncé mardi dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux avoir le soutien de "soldats courageux", lançant par la même occasion "l'Opération Liberté". "Aujourd'hui, de vaillants soldats, de vaillants patriotes, de vaillants hommes attachés à la Constitution ont répondu à notre appel, nous avons répondu aussi à l'appel et nous nous sommes retrouvés dans les rues du Venezuela", a-t-il dit, accompagné d'un petit groupe d'hommes en uniforme. 

Juan Guaido a appelé par la suite ses partisans à descendre dans la rue jusqu'à obtenir la chute du président Nicolas Maduro, assurant qu'il n'y avait "plus de retour en arrière" après le soulèvement d'une partie des militaires. "C'est le moment ! Les 24 Etats du pays se sont engagés sur le même chemin : il n'y a plus de retour en arrière. L'avenir nous appartient : le peuple et l'armée unis pour mettre fin à l'usurpation", a déclaré Juan Guaido sur Twitter.

Un "coup d'État" selon le pouvoir

En réponse, Nicolas Maduro a affirmé sur Twitter avoir "l'entière loyauté" des chefs de l'armée, tandis que son ministre de la Défense, le général Vladimir Padrino Lopez, a assuré que la situation était "normale" dans les casernes. "Nerfs d'acier ! J'ai échangé avec les commandants de toutes les régions et zones de défense du pays, qui m'ont exprimé leur entière loyauté au peuple, à la Constitution et à la Patrie. J'appelle à la mobilisation populaire maximale pour assurer la victoire de la Paix. Nous vaincrons !", a déclaré Maduro. 

"Nous sommes en train d'affronter et de neutraliser un groupe réduit de traîtres au sein des effectifs militaires, qui se sont positionnés sur l'échangeur d'Altamira pour promouvoir un coup d'Etat", avait expliqué plus tôt le ministre de la Communication, Jorge Rodriguez. Il a évoqué une "tentative" de coup d'Etat et accusé la "droite putschiste". Le numéro 2 du pouvoir vénézuélien, Diosdado Cabello, a appelé par ailleurs les partisans du président Nicolas Maduro à un rassemblement au palais présidentiel de Miraflores à Caracas.

Regain de violences

Pneus enflammés sur la chaussée, jets de pierres, nuages de gaz lacrymogènes : la situation était très confuse ce mardi matin à Caracas. Des échauffourées entre forces de l'ordre loyalistes et quelque 3.000 manifestants, qui ont répondu à l'appel de Juan Guaido, ont éclaté aux abords de la base militaire de La Carlota, dans le quartier d'Altamira, à Caracas, où se trouvait Juan Guaido. Des soldats arborant un ruban bleu, signe de ralliement à Juan Guaido, se positionnaient également, armes à la main, autour de cette zone.

Un véhicule blindé a par la suite foncé sur un groupe de personnes qui manifestaient à Caracas en soutien aux militaires soulevés contre le président vénézuélien, selon des images diffusées sur des chaînes locales et étrangères. Le blindé a chargé sur un groupe de manifestants qui protestaient devant La Carlota. 

Le gouvernement de Maduro a fait savoir qu'un soldat vénézuélien, fidèle au président Nicolas Maduro, a été blessé par balle au cours du soulèvement de militaires, près de la base. 

Réactions de la communauté internationale

Face à l'accélération des événements au Venezuela, les réactions se sont multipliées. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a exhorté "toutes les parties à éviter de recourir à la violence" au Venezuela et leur demande de "prendre des mesures immédiates pour faire revenir le calme". Les Etats-Unis ont eux affiché leur soutien à Juan Guaido : "Le gouvernement américain soutient pleinement le peuple vénézuélien dans sa quête de liberté et de démocratie", a tweeté le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo. Le président colombien Ivan Duque, quant à lui, a appelé les militaires vénézuéliens à rejoindre Juan Guaido. De leur côté, les alliés de Caracas, comme Cuba ou la Bolivie, ont rejeté le "mouvement putschiste" et condamné "la tentative de coup d'Etat".

Une cinquantaine de pays, dont les États-Unis et le Canada, ont reconnu l'opposant Juan Guaido comme président par intérim du Venezuela et réclament le départ de Nicolas Maduro. Ce dernier a été réélu en juillet 2017 au cours d'un scrutin qui n'a été reconnu ni par l'Union européenne, ni par les États-Unis. Le pays s'enfonce depuis dans une grave crise politique, économique et humanitaire