Union européenne : Thierry Breton va passer sur le gril à Bruxelles

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Isabelle Ory, édité par Antoine Terrel , modifié à
Le candidat de la France à la Commission européenne doit être auditionné mardi par la Commission juridique du Parlement européen, alors qu'une partie de l'opposition dénonce des risques de conflits d'intérêts. 

Pour Thierry Breton, la semaine sera décisive. Quelques semaines seulement après le rejet par le Parlement européen de la candidature de Sylvie Goulard à la Commission européenne, l'ancien ministre de l'Économie doit être auditionné ce mardi matin par la Commission juridique du parlement, avant une audition jeudi, devant les commissions en lien avec son portefeuille (politique industrielle, marché intérieur, numérique, défense et l'espace). Des prises de paroles cruciales, alors que le choix d'Emmanuel Macron de proposer le nom de Thierry Breton avait été critiqué par une partie de l'opposition, qui pointait le risque de conflits d'intérêts en raison de la position du candidat, actuellement PDG d'Atos, fournisseur de services informatiques de l'Union européenne.

Sur cette question des conflits d'intérêts, Thierry Breton a pris les devants. Dans une déclaration de dix pages, il explique qu’il a vendu toutes ses actions Atos et qu’il renonce à toucher sa retraite. Il promet aussi de se récuser s’il doit prendre une décision qui concerne son ancienne entreprise.

Les députés européens divisés

Des propositions insuffisantes pour une partie de l'opposition. L’eurodéputée de la France insoumise Manon Aubry s’inquiète par exemple du poids d’Atos dans la défense ou l’intelligence artificielle, domaines dont le commissaire français aura la charge.

D’autres sont au contraire séduits par son profil d’ingénieur venu du privé, à l'instar du patron des Verts, le Belge Philippe Lamberts, ravi que le Thierry Breton ne soit pas énarque. "Il n'a pas cette arrogance de la technostructure française qui fait plus qu'agacer dans les milieux européens", explique-t-il au micro d'Europe 1. "Et Thierry Breton a un côté jovial, rond, qui le rendra sympathique, je pense, aux yeux de beaucoup de collègues européens. Ce n'est pas le Français qui la ramène, et ça fait du bien". 

À droite aussi, le ton a changé. Les conservateurs européens, qui ont fait chuter Sylvie Goulard, voient d’un meilleur œil cet ancien ministre de Jacques Chirac. Il faut dire que Christian Jacob, le patron des Républicains, a passé quelques coups de téléphone.