Didier Castres 2:17
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Solène Leroux , modifié à
"On est un peu surpris de voir l'échec de l'armée russe", s'est étonné le général Didier Castres. L'ancien chef du centre de planification et de conduite des opérations de l’armée française était l'invité de Jean-Pierre Elkabbach dans la matinale week-end d'Europe 1/CNews.
INTERVIEW

"Il faut arrêter la guerre." L'appel du général Didier Castres, ancien chef du centre de planification et de conduite des opérations de l’armée française (CPCO), invité de Jean-Pierre Elkabbach dans Europe matin week-end sur Europe 1 et CNews. À propos de l'invasion en Ukraine, "on est un peu surpris de voir l'échec, ou en tout cas, ce qu'on considère comme un échec de l'armée russe", s'est-il étonné. Lors de précédentes campagnes militaires, à l'inverse, "on a été surpris par l'armée engagée en Crimée, dans le Donbass et en Syrie" puisque "c'est une armée qu'on n'avait pas vu évoluer dans cette dimension-là", a-t-il retracé.

Alors que Vladimir Poutine prévoyait vraisemblablement une guerre éclair, la résistance du peuple ukrainien l'a transformée en une guerre de position. De là à affirmer que l'armée russe est moins forte que ce que le président russe exprimait ?

Entre 7.000 et 15.000 Russes morts selon les États-Unis

Rien n'est moins sûr pour le général Castres, qui mentionne que "personne n'était [présent au] conseil de défense de Poutine quand il a donné ses objectifs à la fois physique et calendaire". Pour lui, la phrase "ça ne passe pas comme prévu" n'est donc en aucun cas une certitude puisqu'"on ne sait pas ce qui était prévu".

Ce qui est sûr en revanche, d'après l'ex-chef du centre de planification et de conduite des opérations de l’armée française, c'est que "les pertes sont extrêmement importantes". Selon les États-Unis, "il y aurait entre 7.000 et 15.000 soldats russes morts pendant ce conflit", alors que "les Russes en déclarent 1.500".

Une prise possible de Kiev et Odessa ?

Avec ces données, le général Castres doute fortement de la possibilité pour l'armée russe de conquérir des villes comme Kiev ou Odessa. Et de citer deux exemples : le siège de Beyrouth pendant la guerre au Liban pendant l'été 1982, où "personne n'a été capable de prendre Beyrouth", mais aussi la ville de Mossoul, en Irak, "une ville grande comme Bourges, donc pas une grande ville", a-t-il précisé. 

Entre octobre 2016 et juillet 2017, "il a fallu à peu près 150.000 hommes pour la reprendre et ça a coûté entre 27.000 et 30 000 morts aux forces armées irakiennes". Didier Castres pense donc que Kiev ou Odessa "ne sont pas prenables" : "Elles peuvent être rasables, mais elles ne sont pas prenables."

D'autant plus qu'"il faut beaucoup de soldats" pour y arriver, a rappelé l'ancien chef du CPCO. Or, "ce qu'on apprenait dans nos manuels quand j'étais jeune lieutenant, c'est qu'il fallait six combattants pour en combattre un quand il était enfermé dans une ville, un rapport de six pour un donc". Et dans le conflit actuel, "ce rapport de force n'est pas réalisé par les Russes actuellement", a-t-il assuré.