Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir du 315e jour de l'invasion russe

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La frappe ukrainienne sur Makiïvka la nuit du Nouvel An a fait 89 morts, selon un nouveau bilan annoncé mercredi par la Russie. © DIEGO HERRERA CARCEDO / ANADOLU AGENCY / ANADOLU AGENCY VIA AFP
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avec AFP , modifié à
Au 315e jour de l'invasion russe, la frappe ukrainienne sur Makiïvka la nuit du Nouvel An a fait 89 morts, selon un nouveau bilan annoncé mercredi par la Russie. Des rassemblements à la mémoire des soldats tués ont donné lieu à de rares manifestations publiques de colère et de tristesse.
L'ESSENTIEL

Le nombre de victimes dans les rangs russes, initialement estimé à 63, a été revu à la hausse (89 morts) après la découverte de nouveaux corps dans les ruines d'un bâtiment à Makiïvka, visé par une frappe ukrainienne le 1er janvier, a indiqué le général russe Sergueï Sevrioukov dans un message vidéo diffusé par le ministère russe de la Défense. "À l'heure actuelle, une commission mène l'enquête sur les circonstances" de l'attaque, a-t-il dit. "Mais il est déjà évident que la cause principale (…) est l'allumage et l'utilisation massive par le personnel de téléphones portables à portée des armes ennemies, contrairement à l'interdiction", ce qui aurait permis de géolocaliser les troupes, a expliqué le général.

Il s'agit du plus lourd bilan en une seule attaque admis par Moscou depuis le début de l'offensive en février. Fait inhabituel en Russie, où les pouvoirs publics restent discrets sur les pertes militaires en Ukraine, environ 200 personnes se sont réunies avec l'aval des autorités à Samara (centre), d'où étaient originaires certains des soldats tués, pour pleurer les morts lors d'une cérémonie orthodoxe.

Les principales informations à retenir :

  • La frappe sur Makiïvka la nuit du Nouvel An a fait le plus lourd bilan admis par Moscou depuis le début de l'invasion, avec 89 morts
  • Vladimir Poutine n'a pas encore réagi publiquement à la frappe
  • Vladimir Poutine préside en visioconférence le départ d'un navire équipé de missiles hypersoniques

Des proches de soldats russes appellent à la vengeance

"C'est très dur, c'est effrayant. Mais nous ne pouvons pas être brisés. Le chagrin nous unit", a dit Ekaterina Kolotovkina, présidente d'un groupe d'épouses de soldats, en appelant à la "vengeance". L'État-major ukrainien a confirmé lundi avoir mené la frappe le soir du Nouvel an sur Makiïvka, située à l'est de la ville séparatiste de Donetsk.

Le ministère de la Défense à Moscou a fait état de l'explosion de "quatre missiles". Le président russe Vladimir Poutine n'a pas encore réagi publiquement à la frappe. Selon le ministère de la Défense, les missiles ont été tirés par des systèmes HIMARS, une arme fournie par les Etats-Unis aux forces ukrainiennes et qui ont frappé "un centre de déploiement provisoire" de l'armée russe à Makiïvka.

Le général russe Sergueï Sevrioukov a affirmé que ses forces avaient détruit plusieurs lance-missiles ukrainiens à Droujkivka, dans la région de Donetsk, et tué 200 Ukrainiens et mercenaires étrangers après l'attaque de Makiïvka. L'Ukraine a de son côté fait état d'un mort et de la destruction d'une patinoire. Le département des communications stratégiques des forces armées ukrainiennes a quant à lui affirmé que près de 400 soldats russes ont été tués à Makiïvka.

L'annonce de ces lourdes pertes a immédiatement provoqué des critiques en Russie envers le commandement militaire, accusé notamment par l'ancien responsable séparatiste Igor Strelkov, très au fait de la situation sur le terrain, d'avoir entreposé des munitions dans ce bâtiment non protégé.

Poutine préside en visioconférence le départ d'un navire équipé de missiles hypersoniques

Vladimir Poutine a assisté en visioconférence mercredi au lancement en mission d'un navire de guerre équipé de nouveaux missiles de croisière hypersoniques, dans l'Atlantique, l'Océan Indien et en Méditerranée. "Je suis sûr que des armes aussi puissantes vont permettre de protéger efficacement la Russie des menaces extérieures et aideront à défendre les intérêts nationaux", a dit M. Poutine lors de cette cérémonie, à laquelle il assistait avec le ministre de la Défense Sergueï Choïgou depuis un lieu non précisé, selon les agences russes.

"L'équipage du navire va s'entraîner au déploiement des armes hypersoniques et de missiles de croisière longue portée", a de son côté précisé Sergueï Choïgou. Il a souligné que les missiles hypersoniques Zircon étaient "capables de surmonter tout système de défense antiaérienne actuel ou à venir", et pouvaient effectuer "des frappes puissantes et précises en mer et sur terre".

Plusieurs critiques de l'attaque en Russie

Les reporters de guerre russes, de plus en plus influents, ont affirmé que des centaines de personnes auraient été tuées à Makiïvka et accusent les hauts commandants militaires de n'avoir tiré aucune leçon de leurs erreurs passées. "Dix mois après le début de la guerre, il est dangereux et criminel de considérer l'ennemi comme un imbécile qui ne voit rien", a déclaré Andrey Medvedev, vice-président de l'assemblée législative de la ville de Moscou.

Sur les réseaux sociaux, certains ont accusé les autorités russes de minimiser le nombre de morts. L'annonce de la frappe de Makiïvka est intervenue après un Nouvel An marqué par des bombardements russes sur Kiev et d'autres villes, qui ont fait cinq morts et des dizaines de blessés.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé que son armée avait abattu plus de 80 drones depuis le début de 2023. "Dans un avenir proche, ce nombre pourrait augmenter", a-t-il dit. Le chef d'état-major ukrainien Valery Zaloujny a affirmé que l'armée avait jusqu'à présent libéré "40% des territoires occupés après le 24 février".

Après une série de revers militaires sur le terrain et d'attaques ukrainiennes ayant visé le territoire russe et la Crimée annexée, Moscou a opté à partir d'octobre pour le bombardement d'infrastructures en Ukraine, provoquant régulièrement des coupures d'électricité, de chauffage et d'eau. Selon le responsable des droits humains des Nations unies, ils causent d'"immenses difficultés" aux Ukrainiens.