Tensions Venezuela-Guyana : le Brésil met en garde Caracas contre des «mesures unilatérales»

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Le président brésilien, Luiz Inacia Lula da Silva, a exhorté son homologue vénézuélien à ne pas prendre de "mesures unilatérales" qui aggraveraient la situation dans la région disputée de l'Essequibo, riche en pétrole. Le Venezuela revendique ce territoire administré par le Guyana depuis que les frontières ont été actées en 1899 avec le Royaume-Uni. 

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a exhorté son homologue vénézuélien Nicolas Maduro à ne pas prendre de "mesures unilatérales" qui aggraveraient le conflit frontalier entre le Venezuela et le Guyana voisin, lors d'un appel téléphonique samedi. "Lula a souligné l'importance d'éviter les mesures unilatérales qui pourraient aggraver la situation" dans la région disputée de l'Essequibo, riche en pétrole, a déclaré la présidence brésilienne dans un communiqué.

Un différend entre les deux pays porté devant la Cour internationale de Justice

Le président du Brésil, frontalier avec les deux pays, a répété la "préoccupation croissante" des autres pays d'Amérique du Sud qui avaient dans un communiqué commun jeudi soir invité "les deux parties au dialogue et à la recherche d'une solution pacifique". "S'il y a une chose dont nous ne voulons pas, c'est une guerre en Amérique du Sud", avait clairement dit Lula. La découverte de vastes gisements de pétrole a ravivé le vieux conflit sur l'Essequibo, un territoire de 160.000 km2 administré par le Guyana, mais que le Venezuela revendique en soutenant que la véritable frontière est celle datant de l'empire espagnol en 1777.

Le différend est porté devant la Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute juridiction de l'ONU, que le Venezuela ne reconnaît pas. Le Guyana estime que les frontières ont été actées en 1899, lorsque le Royaume-Uni était la puissance coloniale du territoire. Les deux pays continuent d'échanger des déclarations acerbes et le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni à huis clos vendredi soir, mais aucun commentaire n'a filtré.

 

La Russie, allié du président vénézuélien Nicolas Maduro qui a soutenu son homologue russe Vladimir Poutine dès les premières heures de l'invasion russe en Ukraine, a appelé à "des solutions pacifiques et acceptables pour tous". Washington, allié de Georgetown, a affirmé son "soutien inébranlable à la souveraineté du Guyana". Le ministre de la Défense vénézuélien a qualifié de "provocation" les exercices militaires aériens dont les États-Unis ont annoncé la tenue au Guyana.

Des analystes estiment toutefois que la rhétorique nationaliste du pouvoir vénézuélien sur l'Essequibo, et le référendum organisé dimanche réclamant à 95% le rattachement au Venezuela, selon les chiffres officiels contestés, sont une tentative de manipulation politique de Nicolas Maduro à moins d'un an de la présidentielle de 2024 où il vise un 3e mandat. Quelque 125.000 personnes, soit un cinquième de la population du Guyana, vivent dans l'Essequibo, qui couvre les deux tiers de la superficie du pays.