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Nicolas Tonev (envoyé spécial en Ukraine), édité par Ugo Pascolo
Alors que la guerre en Ukraine fait désormais rage depuis un an, notre envoyé spécial sur place Nicolas Tonev a de nouveau rencontré Mykyta. Cet officier tankiste qui combat dans le Donbass depuis le début de l'invasion russe s'est déjà confié plusieurs fois au micro d'Europe 1 au cours du conflit. À l'occasion d'une nouvelle rencontre, l'officier de 22 ans se livre sans fard sur ses difficultés au front et sur son moral. 

Au fil du temps et des rencontres, il est devenu une connaissance de l'envoyé spécial d'Europe 1 en Ukraine, Nicolas Tonev. Mykyta, 22 ans, lieutenant-chef de l'armée ukrainienne à la tête d'une formation de tanks sur le front du Donbass, a déjà témoigné à plusieurs reprises de ce qu'il vivait sur le front. Et pour cause, depuis désormais un an qu'il défend son pays contre les Russes, il n'a eu que 10 jours de permission. Depuis 365 jours, sa vie ne se résume donc qu'au Donbass et aux horreurs de la guerre. 

"Je ne dors pas, je fais des cauchemars"

Alors pour se livrer une nouvelle fois au micro de notre envoyé spécial, Mykyta préfère s'éloigner un peu de ses troupes. Il roule quelques instants, musique à fond dans le véhicule, comme pour se faire du bien. Après un an de conflit, "la guerre, elle n'est pas seulement autour de toi", commence-t-il. "Elle te rentre dans la tête, ça te bouffe... Moi ces derniers temps, je ne dors pas, je fais des cauchemars. Tu sais, te retrouver 24h/24, 7j/7 sous le feu de l'artillerie, voir tous ces blessés, tous ces morts, toutes ces horreurs... Tu ne peux pas accomplir ta mission, car tu ne dors jamais." Une fatigue physique, mais aussi psychologique qui touche Mykyta, mais également "la plupart de [ses] subordonnés".  

Les Russes "ont des ressources illimitées"

Une situation rendue complexe, qui le devient encore plus quand le jeune officier parle des Russes. S'il ne connaît ni leur état de forme physique, ni leur moral, il voit bien que le rapport de force entre les deux armées n'est pas en faveur de Kiev. "Ils affluent par quantité, par milliers sur un point du front et ils s'en fichent des pertes", témoigne-t-il. "Nous on n'a pas assez d'hommes, eux ils ont des ressources illimitées. Et c'est pareil pour les munitions, ils n'ont pas de limites alors que nous on les a dépassées depuis longtemps." 

Mais une fois ce constat fait, cela n'empêche en rien Mykyta de repartir vers ses hommes. La guerre ne s'est pas arrêtée, et lui non plus. Il défend toujours son pays et promet de rester en vie, pour une prochaine rencontre.