Palestine : la création d'un État est-elle possible ? La réponse du géopolitologue Alexandre Del Valle
Emmanuel Macron affirme avoir reçu des garanties de Mahmoud Abbas sur la démilitarisation du Hamas et la tenue d’élections en 2026. Mais des experts, comme Alexandre Del Valle, jugent ces promesses irréalistes et dénoncent l’isolement diplomatique de la France sur ce dossier face aux réactions internationales.
Le président de la République a annoncé que la France allait reconnaître l'État de Palestine lors de l'Assemblée générale des Nations unies, au mois de septembre, à New York. Emmanuel Macron dit avoir eu de la part de Mahmoud Abbas, le président de l'autorité palestinienne, des garanties d'une démilitarisation du Hamas, ainsi que l'organisation d'élections démocratiques en 2026. Mais dans les faits, concrètement, la situation ne semble pas aussi simple.
Malgré la résolution affichée d'Emmanuel Macron, la réalité géopolitique semble bien différente à commencer par ces élections promises en 2026 par Mahmoud Abbas. Le président de l'autorité palestinienne assure vouloir organiser deux scrutins législatifs et présidentiels non militarisés.
L'influence du Hamas en Palestine
Une utopie selon le géopolitologue Alexandre Del Valle pour qui la mise à l'écart du Hamas est tout simplement impossible. "Si aujourd'hui il y a des élections, nous savons que le Hamas le remporterait. Il y a une telle popularité du Hamas qui aurait réussi à semer l'effroi dans le cœur des juifs. S'il y a des élections, c'est le Hamas qui gagne", précise cet expert.
Autre écueil selon Alexandre Del Valle, le poids géopolitique de la France. Car, pour l'instant, l'annonce d'Emmanuel Macron n'est pas suivie par les puissances mondiales les plus importantes. "Le problème, c'est que Macron n'a pas l'assurance des grands acteurs mondiaux, les Américains, les Russes, les Qataris, que son plan va être suivi d'effet", conclut-il.
"Il n'y a pas pour l'instant d'effet d'entraînement diplomatique. Il n'y aura pas de conséquences sur le terrain. C'est manifeste, tout le monde le sait. On ne fait pas de la diplomatie sur des sentiments", enchérit Frédéric Encel, géopolitologue.
Vendredi, Donald Trump a d'ailleurs assuré que la déclaration du président français n'avait aucune importance. Le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a même estimé que cette reconnaissance de l'État palestinien était un camouflet pour les victimes du 7-Octobre.