Des manifestations secouent le Liban depuis l'explosion au port de Beyrouth. 1:55
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Joanna Chabas, édité par Antoine Terrel , modifié à
Pour tenter de calmer la colère des Libanais, après l'explosion qui a ravagé Beyrouth, le Premier ministre a annoncé qu'il proposerait des élections législatives anticipées. Mais sur place, les manifestants rencontrés par Europe 1 estime que cette mesure est insuffisante, et préfère appeler à une refonte du système. 
REPORTAGE

La proposition pourrait ne pas suffire à calmer la colère des manifestants. Samedi, quatre jours après la gigantesque explosion au port de Beyrouth, des dizaines de milliers de personnes ont défilé dans les rues de la capitale, certaines d'entre elles allant jusqu'à occuper des ministères. Pour tenter d'apaiser les tensions, le Premier ministre contesté, Hassan Diab, a annoncé qu'il proposerait des législatives anticipées, le seul moyen, selon lui, "de sortir de la crise structurelle". Mais dans la foule, beaucoup de manifestants jugent cette mesure insuffisante, voire contre-productive. 

"On ne veut pas d’élection anticipée. On veut que tout le monde parte d’ici. Laissez nous tout seul, on n’a plus besoin de vous", explique Line au micro d'Europe 1, alors que les manifestants se dispersent. Casque de protection encore sur la tête, elle rejoint ses amis pour débriefer, et débattre de la proposition du Premier ministre. Pour cette jeune étudiante en droit, des élections anticipées seraient inutiles à cause du système électoral, basé sur la religion dit-elle. "Par exemple, tu es une chrétienne orthodoxe, tu es limitée à une certaine partie géographique du Liban et tu votes pour quelqu’un qui est aussi chrétien orthodoxe. C’est comme ça, alors c’est trop limité. Avant de conclure, fataliste : "Ça a été fait pour que les mêmes politiciens gagnent. Ce seront les mêmes politiciens, encore". 

"Nous voulons du sang neuf"

Selon Line, les législatives de 2018 n’avaient d’ailleurs rien changé. À côté d’elle, Sonia et Karim estiment que cette proposition du Premier ministre ressemble à un geste désespéré. "Ça ne fait rien, c'est trop tard", regrette Karim. "Nous, nous ne croyons rien de ce qu'ils disent. Nous n'avons plus de confiance dans ce gouvernement". Et Sonia d'ajouter : "Il faut changer tout le système électoral, et qu’il ne soit pas basé sur la religion ou sur les partis politiques. Il faut que ce soit basé sur les besoins de la population, sur la méritocratie. C’est pour ça que nous voulons du sang neuf, un nouveau pays". 

Et ces manifestants ne se posent même pas la question d’aller voter. Pour eux, disent-il, "la révolution ne fait que commencer".