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avec AFP / Crédit photo : KEVIN FRAYER / GETTY IMAGES ASIAPAC / Getty Images via AFP , modifié à
Après l'arrivée de quelque 8.500 personnes en trois jours à Lampedusa, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, se rendra dimanche en compagnie de la Première ministre italienne Giorgia Meloni sur l'île italienne. Cette crise migratoire fait depuis 48 heures l'objet d'une intense activité diplomatique.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, se rendra dimanche sur la petite île italienne de Lampedusa, où des milliers de migrants sont arrivés cette semaine, relançant l'épineux débat sur le partage des responsabilités au sein de l'Union européenne. La Première ministre italienne Giorgia Meloni avait jugé vendredi soir "insoutenable" la pression migratoire subie par son pays, et demandé que la question migratoire soit mise à l'ordre du jour du sommet de l'UE en octobre. Ursula von der Leyen se rendra sur place dimanche à son invitation, a annoncé son porte-parole Eric Mamer. Un responsable italien a confirmé la visite, dont les détails sont en cours de finalisation.

8.500 arrivées en trois jours

Cette crise migratoire fait depuis 48 heures l'objet d'une intense activité diplomatique. Une conférence téléphonique a réuni samedi les ministres de l'Intérieur français, italien et allemand, un représentant de la présidence espagnole du Conseil de l'Union européenne et la commissaire de l'UE aux Affaires intérieures Ylva Johansson. La conférence a été proposée par le ministre français Gérald Darmanin, qui s'était déjà entretenu vendredi matin avec ses homologues italien, Matteo Piantedosi, et allemand, Nancy Faeser.

Située à moins de 150 km du littoral tunisien, Lampedusa est l'un des premiers points d'escale pour les migrants qui franchissent la Méditerranée en espérant gagner l'Europe. Chaque année pendant l'été, ils sont des dizaines de milliers à prendre la mer sur des embarcations de fortune. Entre lundi et mercredi, environ 8.500 personnes, soit plus que l'ensemble de la population de Lampedusa, sont arrivées à bord de 199 bateaux, selon les chiffres de l'agence des Nations unies pour les migrations. Le centre d'accueil des migrants construit sur l'île est prévu pour moins de 400 personnes. Alors que des centaines de migrants étaient évacués de l'île samedi matin, d'autres arrivaient par la mer. Selon la Croix-Rouge italienne, il y avait encore 2.500 migrants dans le centre d'accueil surchargé.

Pression "insoutenable"

"La pression migratoire que l'Italie est en train de subir depuis le début de l'année est insoutenable", a jugé vendredi Giorgia Meloni, qui est à la tête d'une coalition de droite et d'extrême droite. Elle a estimé que "des dizaines de millions de personnes" en Afrique pourraient vouloir quitter leurs pays en raison des coups d'Etat ou de la famine, jugeant "évident que l'Italie et l'Europe ne peuvent pas accueillir cette masse énorme" de migrants. Le président français Emmanuel Macron a de son côté défendu un "devoir de solidarité européenne" avec l'Italie.

Il doit s'entretenir avec Giorgia Meloni, a indiqué sans autre précision la Première ministre française Elisabeth Borne sur la chaîne BFMTV. Elle a estimé elle aussi que l'heure était "d'abord à la solidarité avec l'Italie" et "à la mobilisation" de l'Union européenne, alors que Berlin vient de suspendre l'accueil volontaire de demandeurs d'asile en provenance de ce pays en raison d'une "forte pression migratoire" et du refus de Rome d'appliquer certains accords européens.

L'Allemagne prête à tendre la main à Rome

L'Allemagne semble toutefois également prête à tendre la main à Rome, sous condition : les relocalisations prévues par le "mécanisme volontaire de solidarité européen" pourront être remises en œuvre" à tout moment si l'Italie remplit son obligation de reprendre les réfugiés" conformément aux règles de l'UE. La présidente de la Commission européenne, avec le soutien appuyé de Giorgia Meloni, a signé en juillet un accord avec la Tunisie pour tenter de réduire le flot des migrants arrivant des côtes tunisiennes, en échange d'une aide financière à ce pays nord-africain confronté à de graves difficultés économiques.

La Ligue, le parti anti-immigration de Matteo Salvini, membre de la coalition au pouvoir en Italie, avait tiré à boulets rouges sur cet accord. Faute de place dans le centre d'accueil de Lampedusa, des centaines de personnes ont dû dormir dehors, dans la rue, bénéficiant parfois de la générosité des habitants qui leur ont apporté de l'eau et de la nourriture. Un total de plus de 127.000 migrants ont débarqué sur les côtes italiennes depuis le début de l'année, près du double par rapport à la même période en 2022.