L'Ukraine s'attend à un avis favorable de Bruxelles pour des négociations d'adhésion à l'UE

© ANATOLII STEPANOV / AFP
  • Copié
avec AFP/ Crédits photo : ANATOLII STEPANOV / AFP
L'Ukraine s'attend à obtenir mercredi le feu vert de Bruxelles pour entamer des négociations d'adhésion à l'Union européenne, que Kiev, en guerre depuis près de deux ans contre la Russie, espère rejoindre au plus vite.

"L'Ukraine fera partie de l'Union européenne", a assuré mardi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky, à la veille de la publication de l'avis de la Commission européenne sur l'ouverture ou non de ces négociations formelles, étape cruciale avant que l'Ukraine n'entre éventuellement dans l'UE.

En juin 2022, l'UE a accordé à l'Ukraine le statut de candidat, dans un geste hautement symbolique quelques mois après le début de la guerre, ainsi qu'à la Moldavie voisine. Pour passer à l'étape suivante, donc à l'ouverture de négociations d'adhésion, la Commission européenne a défini sept critères de référence pour Kiev. Il s'agit de conditions à remplir notamment en matière de lutte contre la corruption généralisée et de réformes judiciaires.

Et l'Ukraine semble bien partie pour obtenir ce feu vert, jugé crucial à Kiev au moment où sa contre-offensive marque le pas et où la guerre entre Israël et le Hamas détourne l'attention de ses alliés.

 

"J'ai reçu un signal clair de la part de tous mes interlocuteurs" à Bruxelles, a déclaré mardi le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait salué ce week-end, depuis Kiev, les "énormes progrès" réalisés par l'Ukraine, jugeant que" "plus de 90%" du travail avait été fait.

Bout du chemin

Mais un feu vert de Bruxelles est encore loin d'être le bout du chemin pour l'Ukraine. Les 27 devront approuver ou non cette décision lors d'un sommet en décembre. S'ils y sont favorables, l'Ukraine rejoindra alors une liste d'autres pays européens entrés en négociations avec l'UE, dont certains, comme la Turquie, patientent depuis de longues années. Les négociations entre l'UE et Ankara ont été ouvertes en 2005.

L'Ukraine n'est pas seule concernée par ce rapport très attendu à Bruxelles sur l'élargissement de l'UE. L'agrandissement de la famille européenne vers l'Est est considéré par plusieurs pays comme un élément fondamental de la sécurité en Europe face aux appétits russes.

 

La Moldavie, petit pays parmi les plus pauvres d'Europe qui dénonce régulièrement des tentatives de déstabilisation de la Russie, a obtenu le statut de candidat à l'adhésion en même temps que l'Ukraine. Et, tout comme Kiev, elle attend la prochaine étape: l'ouverture formelle de négociations d'adhésion.

Géorgie et Balkans

La Géorgie, en partie occupée par l'armée russe depuis 2008, espère de son côté obtenir le statut de pays candidat à l'adhésion, qui lui avait été refusé en 2022. "La Russie sera ravie si nous échouons" à intégrer la Géorgie à l'UE, avait déclaré il y a deux mois à Tbilissi le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. Mais il avait aussi souligné que cette ex-république soviétique du Caucase n'avait alors rempli que trois des douze critères avancés par l'UE comme condition préalable à l'octroi du statut de candidat.

Plusieurs pays des Balkans, la Serbie, la Bosnie, le Monténégro et la Macédoine du Nord, espèrent de leur côté des avancées dans leur long chemin vers l'UE. La Bosnie, notamment, espère obtenir l’ouverture formelle de négociations d'adhésion.

"Nous avons beaucoup procrastiné" à l'égard de ces pays des Balkans, a déploré lundi Charles Michel, le président du Conseil européen, instance représentant les Vingt-Sept qui aura le dernier mot sur ce nouvel élargissement.

Quelle que soit la recommandation de la Commission, le processus sera ardu. Une éventuelle entrée dans l'UE de l'Ukraine, un pays de plus de 40 millions d'habitants, posera de nombreuses difficultés, à commencer par le financement. En cas d'adhésion de Kiev, certains pays deviendraient contributeurs nets au budget de l'UE après avoir été pendant des années bénéficiaires des fonds européens.

L'UE devra aussi se réformer pour pouvoir fonctionner avec davantage de pays, estiment plusieurs Etats membres, dont la France et l'Allemagne. Et il faudra impérativement le faire en même temps que ce nouvel élargissement, a averti en septembre la présidente de la Commission européenne.