La France favorable à des sanctions européennes contre la Turquie

Le ton est monté entre Erdogan et Emmanuel Macron ces derniers jours.
Le ton est monté entre Erdogan et Emmanuel Macron ces derniers jours. © LUDOVIC MARIN / POOL / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
La France va plaider en faveur de "sanctions" au niveau européen contre la Turquie, alors que les tensions sont vives entre les deux pays. Le président turc Erdogan a appelé lundi au boycott des produits français en raison du soutien d'Emmanuel Macron à la liberté de caricaturer le prophète Mahomet. 

La France va plaider en faveur de "sanctions" au niveau européen contre la Turquie à l'heure où les tensions entre l'UE et Ankara montent sur de nombreux points de contentieux, a déclaré mercredi le secrétaire d'État français aux Affaires européennes, Clément Beaune. "Nous pousserons en faveur de mesures européennes de réaction forte, dont l'outil possible des sanctions", a affirmé Clément Beaune devant le Sénat, la chambre haute du parlement français. "Le dernier épisode, qui repousse chaque jour les frontières de l'inacceptable, du président Erdogan qui a insulté le président de la République, est révélateur (...) d'une stratégie d'ensemble qui est celle de la Turquie de multiplier les provocations tous azimuts", a-t-il ajouté.

Erdogan a appelé lundi ses concitoyens à boycotter les produits français, quelques jours après le rappel par Paris de son ambassadeur à Ankara après que le chef de l'État turc eut mis en cause la "santé mentale" de son homologue français. La Turquie reproche au président Emmanuel Macron d'avoir exprimé son soutien à la liberté de caricaturer le prophète Mahomet, lors d'un hommage à Samuel Paty, l'enseignant français tué par décapitation pour avoir montré des caricatures de Mahomet en classe. "C'est toujours le même objectif : exercer une pression maximale sur ses voisins et singulièrement sur l'UE. Nous avons trop longtemps été naïfs", a estimé Clément Beaune.

Des tensions vives ces derniers mois

Outre ces attaques récentes, les tensions et les contentieux se sont multipliés ces derniers mois entre l'UE et la Turquie. La découverte ces dernières années de vastes gisements gaziers en Méditerranée orientale a aiguisé l'appétit des pays riverains comme la Grèce, Chypre, la Turquie, l'Égypte et Israël et a relancé les querelles sur les frontières maritimes. À l'issue d'un sommet européen mi-octobre à Bruxelles, le président du Conseil européen Charles Michel a critiqué la reprise de l'exploration gazière turque en Méditerranée orientale et rappelé que l'UE avait prévu d'évaluer la situation en décembre en vue d'éventuelles sanctions.

Ankara est par ailleurs engagé militairement en Libye, en soutien au gouvernement d'union nationale, et en Syrie contre les forces kurdes, alliées à la coalition internationale contre le groupe jihadiste État islamique, à laquelle appartiennent plusieurs membres de l'UE. Le gouvernement turc soutient également les forces azéries engagées contre les indépendantistes arméniens au Nagorny Karabakh. La Turquie se trouve aussi sous la menace de sanctions américaines après avoir récemment testé, au grand dam de Washington, un système de défense anti-aérien sophistiqué, le S-400, acquis auprès de la Russie malgré les mises en garde de l'Otan dont Ankara fait partie.