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William Molinié avec AFP , modifié à
Au 201e jour de la guerre en Ukraine, l'armée ukrainienne a repris près de 6.000 km2 de territoires à l'armée russe, a annoncé le président Volodymyr Zelensky en fin de journée. Plus de "20 localités" ont été reprises par Kiev en 24 heures. Des séparatistes prorusses ont reconnu une situation "difficile" dans l'est.
L'ESSENTIEL

L'armée ukrainienne a annoncé lundi de nouveaux succès dans sa contre-offensive sur le front est, mais aussi une progression, bien que moins spectaculaire, dans le sud de l'Ukraine face à la Russie qui entend se battre "jusqu'à ce que ses objectifs soient atteints". Dans la partie orientale, "la libération des localités d'envahisseurs russes se poursuit dans les régions de Kharkiv et de Donetsk", a proclamé l'armée ukrainienne, au 201e jour de l'invasion russe.

Les informations à retenir :

- L'Ukraine revendique la reconquête de 6.000 km2 de territoires dans le sud du pays

- Poutine met en garde contre les "conséquences catastrophiques" des attaques ukrainiennes

L'Ukraine a repris 6.000 km2 de territoires

L'armée ukrainienne a repris près de 6.000 km2 de territoire contrôlé par les forces russes depuis le début de sa contre-offensive lancée début septembre, a affirmé lundi le président Volodymyr Zelensky. "Depuis le début du mois de septembre, nos soldats ont déjà libéré 6.000 km2 de territoire ukrainien dans l'Est et le Sud, et nous continuons d'avancer", a déclaré Volodymyr Zelensky dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.

Les séparatistes prorusses reconnaissent une "situation difficile" dans l'est de l'Ukraine

L'un des principaux dirigeants des séparatistes prorusses de l'est de l'Ukraine, Denis Pouchiline, a reconnu lundi une situation "difficile" sur le front face à la contre-offensive ukrainienne, tout en assurant que les forces russes "tiennent bon". Ces déclarations interviennent après que l'armée ukrainienne a revendiqué d'importants gains territoriaux ces derniers jours face aux troupes de Moscou, principalement dans la région de Kharkiv, dans le nord-est, mais également dans le sud et l'est.

"La situation reste difficile. L'adversaire tente d'endommager les infrastructures critiques et civiles", a déclaré à la chaîne de télévision russe Rossiya 24 Denis Pouchiline, évoquant des "bombardements massifs". Ce responsable, qui est à la tête de la "république" unilatéralement proclamée par les séparatistes à Donetsk, a notamment fait état d'assauts ukrainiens sur la ville de Lyman, dans l'est. Selon lui, les forces russes et prorusses "tiennent bon" et la situation, bien que "difficile", demeure "sous contrôle". Il a également assuré qu'elles "avançaient dans certaines zones", sans les nommer.

La perte de la ville d'Izioum problématique pour la Russie

Dimanche matin, Nadia Nessolena, 61 ans, était dans la rue lorsque les premiers soldats ukrainiens sont entrés à Izioum, dans le nord-est, qui comptait près de 50.000 habitants avant la guerre et était devenue un point clef pour la logistique et le ravitaillement des troupes russes. Dimanche matin, "nous les avons accueillis la larme à l'œil. Nous les attendions depuis des mois (...) nous sommes très heureux", raconte-t-elle à l'AFP. L'occupation russe a été "très difficile, mais nous avions la chance d'avoir une maison avec un sous-sol et de la nourriture".

La perte de cette ville pourrait sérieusement contrer les ambitions militaires de Moscou dans l'Est ukrainien, jugent des experts militaires, tandis que, pour Kiev, de telles percées relancent l'espoir d'un renversement décisif de la situation. "L'Ukraine a infligé une défaite opérationnelle majeure à la Russie en reprenant la quasi-totalité de l'oblast de Kharkiv (...), mais la contre-offensive actuelle ne mettra pas fin à la guerre", a cependant mis en garde l'ISW (Institute for the study of war).

Les Russes ont bombardé des zones récupérées par les Ukrainiens

"Les soldats ukrainiens ont aussi regagné du terrain dans l'oblast de Lougansk", où les séparatistes prorusses ont, comme dans celui voisin de Donetsk, unilatéralement installé en 2014 une "république", a par ailleurs noté ce centre de réflexion américain. Les autorités d'occupation de la région de Kharkiv ont raconté être parties dans la province de Belgorod, en Russie, près de la frontière, officiellement pour aider à faire face à un afflux de réfugiés, selon les agences de presse russes.

Mais lundi, les Russes ont affirmé avoir bombardé des zones récupérées par l'Ukraine non loin de Kharkiv, dans les secteurs de Koupiansk et d'Izioum. Et l'offensive russe déclenchée en février dernier va continuer "jusqu'à ce que les objectifs soient atteints", a martelé le Kremlin. Il n'y a actuellement "pas de perspectives de négociations" entre Moscou et Kiev, a averti le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.

Des localités ukrainiennes "libérées des occupants"

L'armée ukrainienne a d'abord annoncé une contre-offensive dans le sud, avant de réaliser au cours de la semaine écoulée une avancée éclair dans la région de Kharkiv. Dans la région de Kherson également, "nos succès de ces deux dernières semaines sont assez convaincants", a affirmé lundi Natalia Goumeniouk, la porte-parole militaire pour le Sud.

Les localités de Vyssokopilia, Novovoznesneske, Bilogirka, Myrolioubivka et Soukhyi Stavok "sont libérées des occupants", a énuméré dans l'après-midi le gouverneur de cette province Iaroslav Ianouchevytch. Kirill Stremooussov, le chef adjoint de l'occupation russe à Kherson, a de son côté affirmé que la situation était "sous contrôle" russe. Pour lui, "une évolution comme à Kharkiv est tout simplement impossible". Toujours dans le sud, la situation restait préoccupante à la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, dont les six réacteurs sont désormais à l'arrêt.

Poutine met en garde contre les "conséquences catastrophiques" des attaques ukrainiennes

Dans un entretien téléphonique dimanche avec son homologue français Emmanuel Macron, le président russe Vladimir Poutine a mis en garde contre les "conséquences catastrophiques" que pourraient avoir les "attaques régulières ukrainiennes" sur ce complexe, "y compris le dépôt des déchets radioactifs".

Emmanuel Macron a répondu que "l'occupation russe" était "la cause des risques" pesant sur la plus grande centrale nucléaire d'Europe et réclamé que l'armée russe en retire toutes ses armes. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui a des contacts avec les deux belligérants pour l'établissement d'une zone de sécurité autour de ces installations, a néanmoins évoqué lundi des signaux positifs. "J'ai vu des signes montrant qu'ils sont intéressés par un tel accord", a lancé son directeur général Rafael Grossi.

Le courant électrique en partie revenu dans quelques régions touchées

Dans les régions de l'est, du nord, du sud et du centre de l'Ukraine qui ont subi dimanche soir de vastes coupures d'électricité, imputées par Kiev à des frappes russes, le courant est en partie revenu. Dans la région de Kharkiv, "80%" de l'approvisionnement en électricité et en eau a été rétabli, ont signalé lundi les autorités ukrainiennes. À Genève, le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme a haussé le ton lundi face à la Russie.

"Les intimidations, les mesures restrictives et les sanctions à l'encontre des personnes exprimant leur opposition à la guerre en Ukraine compromettent l'exercice des libertés fondamentales garanties par la Constitution" russe, a dénoncé la Haute-Commissaire par intérim, Nada Al-Nashif.