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Nicolas Tonev (envoyé spécial à Kiev), édité par Gauthier Delomez / Crédits photo : Sergei SUPINSKY / AFP , modifié à
C'est le sujet qui préoccupe les jeunes Ukrainiens : le Parlement du pays vient de soutenir en première lecture l’abaissement de l’âge de la conscription de 27 à 25 ans, en épargnant toutefois les étudiants. Europe 1 a rencontré l'un des jeunes "réfractaires", prêt à tout pour ne pas être mobilisé sur le front.

"Je ne veux pas combattre. Se battre à la mitraillette contre des tanks, c’est totalement idiot... Je ne veux pas gâcher ma jeunesse et ma vie, pour quoi en fait ?", souffle Danil. Cet Ukrainien de bientôt 27 ans vient de finir ses études d'ingénieur hydrologue. Et à l'aube des deux ans de la guerre contre la Russie, il redoute l'enrôlement.

Le Parlement d'Ukraine a en effet soutenu en première lecture l’abaissement de l’âge de la conscription de 27 à 25 ans, en épargnant toutefois les étudiants. Le gouvernement veut recruter jusqu’à 500.000 soldats supplémentaires pour grossir les rangs des troupes et mieux résister face aux Russes, et aussi pouvoir organiser une relève.

"De la surveillance sévère"

C'est hors de question pour certains, bien décidés à ne pas mourir dans cette guerre, à l'image de ce jeune homme rencontré par l'envoyé spécial d'Europe 1. Mais cette vie qu'il veut justement préserver s’organise étrangement. "Ces derniers temps, il y a eu de la surveillance sévère", relate-t-il. "J’évite le métro. Je suis tout le temps dans ma voiture, comme ça, je vois ce qui se passe."

Danil explique également qu'avec d'autres jeunes "réfractaires", ils s'entendent par messages codés. "Nous avons une chaine Telegram entre nous, elle est dissimulée en chaîne météo. Par exemple sur Tcherska, il fait beau, à Vouijgorod il pleut, cela veut dire qu’il y a des flics. S'il y a des olives, ce sont des militaires, s'il neige sur une station-service donnée, cela veut dire qu’il ne faut surtout pas y aller", raconte le jeune ingénieur.

Le choix de la fuite

Danil garde une pensée pour les soldats. "Ils perdent leur santé et leur vie dans l’est, mais je crois qu’il reste peu de patriotes", dit-il, lui qui ne veut justement pas en faire partie. Si la pression des autorités augmente, Danil optera pour la fuite : "Je passerai une frontière par une rivière à la nage quand il fera plus chaud."

Voilà pour les dix minutes d'entretien accordées à l'envoyé spécial d'Europe 1. Danil et son anonyme voiture blanche repartent se fondre en sécurité dans la circulation.