Israël-Hamas : ce qu'il faut retenir au 90e jour du conflit

22.313 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre
22.313 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre © JACK GUEZ / AFP
  • Copié
avec AFP / Crédit photo : JACK GUEZ / AFP , modifié à
Au 90e jour du conflit entre Israël et le Hamas, plusieurs dizaines de personnes sont mortes dans la bande de Gaza, selon le Hamas, après de nouveaux bombardements de l'armée israélienne. 22.313 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre. L'élimination d'un haut dirigeant du mouvement islamiste au Liban fait craindre un embrasement dans la région.

De nouveaux bombardements de l'armée israélienne sur la bande de Gaza dans la nuit de mercredi à jeudi ont fait des dizaines de morts, selon le Hamas, deux jours après l'élimination d'un haut dirigeant du mouvement terroriste au Liban, qui fait craindre un embrasement dans la région. Près de trois mois après le début de la guerre, des frappes et tirs d'artillerie particulièrement intenses ont touché au cours de la nuit Khan Younès, grande ville du sud de la bande de Gaza particulièrement visée par l'armée israélienne depuis plusieurs jours déjà, selon un correspondant de l'AFP.

Les informations à retenir :

  • De nouveaux bombardements de l'armée israélienne sur la bande de Gaza ont fait des dizaines de morts, selon le Hamas
  • 22.313 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre
  • Les craintes de voir cette guerre embraser le Moyen-Orient sont de plus en plus fortes après l'élimination mardi du numéro 2 du Hamas
  • Le Hezbollah annonce la mort de quatre de ses combattants dans le sud du Liban
  • Le chef des droits de l'homme de l'ONU "inquiet" des appels à "transférer" les Palestiniens hors de Gaza

Le Hamas, au pouvoir dans la bande Gaza depuis 2007, a fait état de dizaines de morts et de plus de 100 blessés. Depuis le début des hostilités le 7 octobre, 22.438 personnes, majoritairement des femmes, adolescents et enfants, ont été tuées, soit près de 1% de la population de ce territoire de 2,4 millions d'habitants, selon le dernier bilan du mouvement islamiste palestinien classé organisation "terroriste" par les États-Unis, Israël et l'Union européenne.

Israël a juré de "détruire" le Hamas après son attaque sans précédent sur le sol israélien le 7 octobre, qui a fait environ 1.140 morts, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes. Des commandos du Hamas avaient aussi enlevé environ 250 personnes en Israël, dont plus de 100 avaient été libérés fin novembre lors d'une trêve d'une semaine.

Trois Israéliens portés disparus depuis le 7 octobre retenus en otage à Gaza

Trois Israéliens portés disparus depuis l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre sont retenus en otage dans la bande de Gaza, a annoncé jeudi l'armée israélienne.

"Trois citoyens portés disparus jusque-là, ont été identifiés comme otages et leurs familles en ont été informées", a précisé le porte-parole de l'armée, Daniel Hagari.

Outre Israël, Antony Blinken se rendra dans cinq pays arabes et en Cisjordanie

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken se rendra outre en Israël dans cinq pays arabes, ainsi qu'en Cisjordanie, Turquie et en Grèce, lors d'une quatrième tournée au Proche-Orient depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas palestinien, a annoncé jeudi le département d'État.

Il y plaidera notamment "des mesures immédiates à prendre pour accroître de manière substantielle l'aide humanitaire" dans la bande de Gaza, a déclaré à la presse le porte-parole du département d'État, Matthew Miller.

Le chef des droits de l'homme de l'ONU "inquiet" des appels à "transférer" les Palestiniens hors de Gaza

Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk s'est dit jeudi "très inquiet" après les commentaires de hauts responsables israéliens appelant les Palestiniens à quitter Gaza.

"Très troublé par les déclarations de hauts responsables israéliens sur les projets de transfert de civils de la bande de Gaza vers des pays tiers", a déclaré Volker Türk sur le réseau social X, rappelant que "le droit international interdit le transfert forcé de personnes protégées à l'intérieur d'un territoire occupé ou leur expulsion de ce territoire".

Le Hezbollah annonce la mort de quatre de ses combattants dans le sud du Liban

Le Hezbollah pro-iranien a annoncé tôt jeudi la mort de quatre de ses combattants parmi lesquels un responsable local, dans le sud du Liban, ce qui porte à 129 le total de ses pertes dans les affrontements avec Israël depuis près de trois mois. Une source proche du mouvement islamiste libanais a indiqué à l'AFP que les quatre combattants avaient été tués dans la nuit de mercredi à jeudi dans la localité frontalière de Naqoura. Parmi eux figure le responsable du parti dans cette localité.

Selon l'Agence nationale d'information (ANI, officielle), l'aviation israélienne "a mené des raids sur le centre de Naqoura qui ont détruit une habitation et endommagé des maisons environnantes". Le Hezbollah avait déjà annoncé mercredi la mort de cinq autres combattants dans le sud du Liban.

Depuis le 8 octobre, au lendemain du début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, le Hezbollah lance des attaques quotidiennes contre Israël depuis le sud du Liban, pour soutenir le Hamas, son allié.

Les violences transfrontalières ont fait 175 morts parmi lesquels 129 combattants du Hezbollah mais aussi plus de 20 civils incluant trois journalistes, selon un décompte de l'AFP. Dans le nord d'Israël, neuf soldats et cinq civils ont été tués, selon les autorités.

Nouvelle tournée de Blinken

Les craintes de voir cette guerre embraser le Moyen-Orient se sont encore accrues après l'élimination mardi du numéro 2 du Hamas, Saleh al-Arouri, dans la banlieue sud de Beyrouth, par une frappe attribuée à Israël. Israël n'a pas revendiqué cette élimination, mais a été pointé du doigt immédiatement par le Hamas et son allié libanais du Hezbollah, autre mouvement islamiste. À Washington, un responsable américain a lui aussi affirmé que l'élimination de Saleh al-Arouri, qui a eu lieu dans un fief du Hezbollah libanais, avait été réalisée par une frappe israélienne.

Dans ce contexte, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, s'apprête à effectuer une nouvelle tournée au Moyen-Orient dans l'espoir d'apaiser les tensions. Il quittera jeudi soir Washington pour son quatrième voyage dans la région depuis le début de la guerre à Gaza, avec une étape prévue sur le sol israélien, a indiqué mercredi soir un responsable américain. Aucun pays n'a "intérêt à une escalade", a déclaré Matthew Miller, le porte-parole de la diplomatie américaine, critiquée dans la région pour son soutien sans faille à Israël depuis le début de la guerre.

Mercredi, une double explosion qui a fait 84 morts en Iran près de la tombe du général Qassem Soleimani, ex-architecte des opérations iraniennes au Moyen-Orient, le jour même où l'Iran commémorait le quatrième anniversaire de sa mort, a encore accentué les tensions. L'Iran a affirmé qu'Israël et les États-Unis étaient derrière cet attentat, des allégations aussitôt réfutées par Washington et qui n'ont pas été commentées par Israël.

Mise en garde du Hezbollah

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a, lui, mis en garde Israël contre une nouvelle escalade après la mort de Saleh al-Arouri, qui doit être inhumé jeudi dans le camp palestinien de Chatila, à Beyrouth. "Pour le moment, nous combattons sur le front de façon calculée (...) mais si l'ennemi pense lancer une guerre contre le Liban, nous combattrons sans limites, sans restrictions et sans frontières (...), nous ne craignons pas la guerre", a-t-il déclaré lors d'une allocution télévisée mercredi soir.

En Israël, le chef d'état-major de l'armée, Herzi Halevi, a indiqué que ses troupes étaient en état d'alerte à la frontière avec le Liban, théâtre quasi quotidien d'échanges de tirs depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas. "Nous sommes à un niveau très élevé de préparation dans le nord (...), je crois que notre préparation est à son niveau maximal", a-t-il dit, évoquant "des opportunités" pour "créer un changement significatif" dans la région.

Graves pénuries

Depuis le début du conflit, les tensions se multiplient aussi en Syrie et en Irak, où des bases américaines sont prises pour cible, mais également en mer Rouge, où les rebelles Houthis du Yémen mènent des attaques pour freiner le trafic maritime en "soutien" à Gaza.

Dans le territoire palestinien, "le Hamas dispose toujours d'importantes capacités à Gaza", a déclaré à Washington le porte-parole du conseil de sécurité nationale, John Kirby. "Nous pensons que réduire et défaire les capacités du Hamas à mener des attaques en Israël est un objectif absolument réalisable pour les forces militaires israéliennes. Cela peut être fait, militairement. Son idéologie va-t-elle être éliminée ? Non. Et le groupe est-il susceptible d'être annihilé ? Probablement pas", a-t-il ajouté.

Outre les frappes aériennes et les combats au sol, les Gazaouis sont aussi confrontés à de graves pénuries de nourriture, d'eau, de carburant et de médicaments alors que l'aide humanitaire entre au compte-gouttes dans le territoire assiégé. Hazem al-Najjer Abou Ahmed, boulanger, a créé des biscuits à prix réduits pour "soulager" les enfants de son village d'al-Musaddar (centre), explique-t-il à l'AFP. "La plupart des boulangeries ont été bombardées (...), les prix de toutes les denrées restent élevés et il manque de tout. Nous avons donc eu cette idée avec nos voisins pour soulager notre population et nos enfants."