Israël-Hamas : ce qu'il faut retenir au 54e jour du conflit

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avec AFP / Crédit photo : MUSTAFA HASSONA / ANADOLU / ANADOLU VIA AFP , modifié à
54 jours après l'attaque terroriste, la trêve entre Israël et le Hamas entre mercredi dans son sixième jour avec un nouvel échange d'otages israéliens contre des prisonniers palestiniens. 14 otages retenus dans la bande de Gaza ont été libérés dans la soirée du mercredi 29 au jeudi 30 novembre. L'armée israélienne a également indiqué "vérifier" l'annonce par le Hamas de la mort d'un bébé de dix mois, le plus jeune des otages enlevés le 7 octobre, de sa mère et de son frère de 4 ans.

Le Hamas s'est dit prêt mercredi à prolonger de quatre jours la trêve à Gaza et libérer de nouveaux otages, pendant que les médiateurs internationaux multiplient les efforts pour obtenir un arrêt durable de la guerre entre le Hamas et Israël. 14 otages israéliens retenus dans la bande de Gaza ont été libérés dans la soirée du mercredi 29 au jeudi 30 novembre. Au sixième jour de cette trêve qui a permis l'entrée massive d'aides humanitaires dans le territoire palestinien assiégé, dévasté par sept semaines de bombardements israéliens.

Les principales informations :

  • Israël "vérifie" la mort d'un bébé, de son frère et de sa mère annoncée par le Hamas
  • Une nouvelle prolongation de la trêve pourrait voir le jour, a indiqué le Qatar, principal médiateur dans les négociations
  • Du côté palestinien, des scènes de joie ont accueilli en Cisjordanie les prisonniers libérés par Israël
  • L'OMS a dit avoir constaté une "augmentation massive" de certaines maladies contagieuses dans la bande de Gaza, où la situation humanitaire est toujours jugé "catastrophique"

Le Hamas prêt à échanger tous les soldats israéliens détenus contre tous les prisonniers palestiniens

Un haut responsable du Hamas a indiqué mercredi que le mouvement terroriste était prêt à libérer tous les soldats israéliens qu'il détenait en échange de tous les Palestiniens emprisonnés en Israël. "Nous sommes prêts à libérer tous les soldats en échange de tous nos prisonniers", a déclaré Bassem Naim, haut responsable du Hamas et ancien ministre de la Santé à Gaza, lors d'une conférence de presse dans la ville sud-africaine du Cap.

Bassem Naim a ajouté que le Hamas était engagé dans de "difficiles négociations" pour prolonger la trêve en cours, qui doit en principe prendre fin jeudi. "Nous tentons, avec les médiateurs, de négocier un cessez-le-feu permanent", a-t-il déclaré. La trêve actuelle a commencé vendredi dernier pour quatre jours, avant d'être prolongée une première fois pour deux jours. Les parties discutent depuis avec les médiateurs -Qatar en tête- pour que les combats ne reprennent pas dans la bande de Gaza, où la situation humanitaire est désastreuse. 

14 otages retenus dans la bande de Gaza ont été libérés

Deux citoyens russes et quatre citoyens thaïlandais ont été libérés par le Hamas en dehors de l'accord et remis à la Croix-Rouge internationale, a annoncé mercredi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Qatar.

En outre, dans le cadre de l'accord de pause humanitaire, 30 Palestiniens, dont 16 mineurs et 14 femmes, seront libérés mercredi en échange de la libération de 10 otages israéliens à Gaza dont cinq binationaux (un Néerlandais, trois Allemands, un Américain), a ajouté le porte-parole.

Israël "vérifie" la mort d'un bébé, de son frère et de sa mère annoncée par le Hamas

Malgré la "lueur d'espoir" apportée par la trêve, les habitants de la bande de Gaza vivent "une catastrophe humanitaire monumentale", a dénoncé le secrétaire général de l'ONU, réclamant un "véritable cessez-le-feu humanitaire". Après une première extension de la trêve jusqu'à jeudi 5 heures GMT, une source proche du Hamas a indiqué mercredi à l'AFP que le Hamas était "d'accord" pour la prolonger "de quatre jours" supplémentaires et libérer des otages israéliens, "dans le cadre de l'accord actuel et aux mêmes conditions".

En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 56 ans, un enfant de huit ans et un adolescent de 15 ans ont été tués par l'armée israélienne, selon l'Autorité palestinienne. L'armée israélienne a dit "vérifier" ces informations. L'armée israélienne a aussi déclaré mercredi "vérifier" l'annonce par le Hamas, de la mort d'un bébé de dix mois, le plus jeune des otages enlevés le 7 octobre, de sa mère et de son frère de 4 ans.

L'armée "vérifie la véracité de l'information" et ses représentants ont "parlé avec la famille Bibas", a-t-elle indiqué dans un communiqué. "La responsabilité de la sécurité de tous les otages dans la bande de Gaza incombe au Hamas qui met en danger la vie des otages dont neuf enfants. Le Hamas doit les rendre immédiatement". Depuis le début de la guerre déclenchée par une attaque sanglante du Hamas le 7 octobre en Israël, les violences ont flambé en Cisjordanie, séparée de la bande de Gaza par le territoire israélien. Près de 240 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie par des soldats ou des colons israéliens depuis le 7 octobre, d'après l'Autorité palestinienne.

Le conflit Israël-Hamas en bref

En Israël, environ 1.200 personnes, en grande majorité des civils, selon les autorités, ont été tuées dans l'attaque menée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza voisine, d'une violence et d'une ampleur sans précédent dans l'histoire du pays. L'armée israélienne a estimé à environ 240 le nombre de personnes enlevées le jour de l'attaque. Le Hamas a déclaré détenir la majorité des otages, tandis que d'autres sont aux mains d'autres groupes armés à Gaza.

En représailles, Israël a promis d'"anéantir" le Hamas, au pouvoir depuis 2007 à Gaza, pilonnant le territoire palestinien et lançant le 27 octobre une offensive terrestre, jusqu'à la trêve entrée en vigueur le 24 novembre. D'après le Hamas, 14.854 personnes, dont 6.150 âgées de moins de 18 ans, ont été tuées dans les frappes israéliennes.

"Plus d'otages libérés, plus d'aide"

Dans l'objectif de prolonger la trêve, les pays médiateurs redoublent d'efforts et le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken doit avoir des entretiens jeudi en Israël et en Cisjordanie. Une extension "de deux jours" est "probable" et une prolongation de quatre jours reste "possible", a déclaré à l'AFP une source proche des discussions au Qatar, le principal médiateur dans le conflit. "Nous souhaiterions voir cette pause prolongée", a affirmé Antony Blinken à Bruxelles. Cette prolongation "signifie plus d'otages qui rentrent chez eux, plus d'aide".

Chaque jour depuis le 24 novembre, le Hamas relâche une dizaine de femmes et d'enfants enlevés le 7 octobre, contre la libération de trois fois plus de prisonniers palestiniens. L'accord de trêve, négocié avec l'appui de l'Egypte et des Etats-Unis, a déjà permis la libération de 60 otages israéliens et de 180 détenus palestiniens. En outre, 21 autres otages, en majorité des Thaïlandais vivant en Israël, ont été libérés hors du cadre de cet accord. Le Hamas a annoncé que "plusieurs" otages russes allaient de la même façon être libérés mercredi, ce qui est le cas de deux femmes, indique-t-il. Le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré avoir reçu la liste des otages devant être libérés dans la journée.

"Catastrophe humanitaire monumentale" à Gaza, dénonce le chef de l'ONU

Peu de témoignages directs ont filtré sur les conditions de vie des otages à Gaza. Mais la grand-mère d'Eitan Yahalomi, un enfant de 12 ans libéré lundi, a raconté qu'il avait été détenu à l'isolement pendant 16 jours. "Les jours où il a été seul ont été horribles", a déclaré Esther Yaeli au site d'information israélien Walla. "Maintenant, Eitan semble très renfermé."

Benjamin Netanyahu a de nouveau promis mardi de "libérer tous les otages" du Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël. Mardi, dix otages israéliens et deux Thaïlandais ont été libérés, de même que 30 prisonniers palestiniens. Malgré l'arrivée depuis le 24 novembre, via l'Egypte, de centaines de camions d'aide humanitaire, la situation reste "catastrophique" dans la bande de Gaza, a jugé le Programme alimentaire mondial (PAM), estimant qu'"il existe un risque de famine".

Malgré la "lueur d'espoir" apportée par la trêve entre Israël et le Hamas, les habitants de la bande de Gaza vivent "une catastrophe humanitaire monumentale", a dénoncé mercredi le secrétaire général de l'ONU, réclamant un "véritable cessez-le-feu humanitaire". "La population de Gaza vit au milieu d'une catastrophe humanitaire monumentale, sous les yeux du monde. Nous ne devons pas détourner les yeux", a martelé Antonio Guterres devant le Conseil de sécurité de l'ONU.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a dit avoir constaté une "augmentation massive" de certaines maladies contagieuses, alors même que la plupart des hôpitaux de la bande de Gaza sont à l'arrêt. Selon un responsable de la Maison Blanche, la quantité d'aide humanitaire arrivée par la route, au rythme actuel de 240 camions par jour, totalise désormais 2.000 camions de nourriture, de carburant, de médicaments et de matériel nécessaire au fonctionnement des infrastructures de dessalinisation de l'eau de mer.

Des kilomètres pour de l'eau potable

Déjà soumis à un blocus israélien terrestre, maritime et aérien depuis 2007, le petit territoire surpeuplé a été placé le 9 octobre en état de siège total par Israël. Selon l'ONU, 1,7 million de ses 2,4 millions d'habitants ont été déplacés par la guerre et plus de la moitié des logements ont été endommagés ou détruits. "Nous n'avons ni eau, ni nourriture, ni farine depuis dix jours. La situation est dure, très dure", raconte à l'AFP Achraf Selim, un habitant de Gaza.

Des milliers de Palestiniens, déplacés dans le sud de la bande de Gaza, ont profité de la trêve pour rentrer chez eux dans le nord, la région la plus dévastée, ignorant l'interdiction de l'armée israélienne qui y a pris le contrôle de plusieurs secteurs.

Mercredi, dans la ville de Gaza, des gens portant des bidons faisaient la queue près d'une citerne pour s'approvisionner en eau potable. "Les gens arrivent ici à pied, de loin, d'environ 10, 20 ou 30 kilomètres, simplement pour obtenir de l'eau potable", a expliqué à l'AFP Mohammed Matar, le propriétaire d'une installation de dessalinisation de l'eau.

Aux abords de l'hôpital al-Chifa, pris d'assaut le 15 novembre par l'armée israélienne après avoir servi de refuge pour les civils, des piquets de bois enfoncés dans la terre fraichement retournée signalent des tombes anonymes.