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Wilfried Devillers (envoyé spécial en Israël) / Crédits photo : ALEXI J. ROSENFELD / GETTY IMAGES EUROPE / GETTY IMAGES VIA AFP , modifié à
En Israël, les preuves s’accumulent concernant des cas de viols et de mutilations sexuelles commises lors de l’attaque du Hamas le 7 octobre dernier. Certaines des victimes qui ont survécu aux événements témoignent. Europe 1 a rencontré Sarah Weiss, conseillère juridique et chargée par le gouvernement israélien de réunir les preuves de ces agressions.
TÉMOIGNAGE

Un mois et demi après les massacres des kibboutz, la communauté internationale découvre l'ampleur de la barbarie du Hamas. Des corps de femmes et d'enfants qui portent les traces de viols ou de mutilations sexuelles. L'envoyé spécial d'Europe 1 en Israël a rencontré en exclusivité Sarah Weiss. Cette ancienne diplomate, aujourd’hui conseillère juridique pour le MAE, est chargée de rassembler les preuves de ces agressions pour le compte du gouvernement israélien. Certains témoignages sont particulièrement choquants.

Une préméditation pour terroriser

La jeune femme a les mains qui tremblent et le regard figé quand elle décrit les cas d'agressions sexuelles, de viols, qu’elle découvre chaque jour. Elle a visionné des heures de vidéos de survivants des attaques. "J'ai regardé le témoignage d'un témoin oculaire, qui assiste à un viol collectif. Le dernier terroriste à avoir violé la victime s'est inséré en elle, lui a tiré une balle dans la tête et a ensuite éjaculé en elle, quand elle était morte", décrit-elle froidement.

Elle raconte aussi les nombreux témoignages de secouristes qui ont retrouvé les corps de femmes nues, l’entrejambe ensanglanté, ou d’autres les habits arrachés. "Un des secouristes dit avoir senti une forte odeur dans une des maisons. Il cherchait et s’est retrouvé face à la dépouille d’une femme, un couteau planté dans le vagin", poursuit la conseillère. Difficile pour l’instant de savoir avec précision combien de femmes et d’enfants aussi ont été victimes. L'identification des corps et la collecte de preuves est toujours en cours.

Mais une chose est sûre pour Sarah Weiss : "Je veux être claire sur le fait que la quantité de preuves que nous avons vues ne concerne pas seulement des cas individuels de viol… On parle de viols massifs et prémédités pour terroriser les femmes, les filles et les enfants israéliens". L’ancienne diplomate dénonce le silence de l’ONU femmes et des grandes organisations internationales sur ces cas de viols et de sévices sexuelles.

"Ils rigolaient"

De leur côté, les autorités médicales du pays demandent l'ouverture d'une enquête pour crimes contre l'humanité au regard du droit international. Selon Nadav Davidovitch, directeur de l'école de santé publique en Israël, le Hamas a planifié et organisé les viols et mutilations de douzaines de femmes et de filles. "Un survivant qui se cachait dans un buisson a décrit, je cite, 'les terroristes de Gazaont violé les filles et, après les avoir violées, ils les ont assassinées. Ils rigolaient, je n'arrive pas à oublier à quel point ils ont ri. L'un des organisateurs du festival de musique Nova a raconté ce qu'il a vécu sur le site. Cela ne laisse aucun doute sur ce que les femmes ont enduré. Ils ont trouvé des femmes nues, dépouillées et certaines ont été blessées, les jambes bien écartées". 

Le médecin laisse entendre que certaines des premières libérées auraient subi ce type de violences. Dans la foulée, les familles des otages ont tenu une conférence de presse ce mercredi après-midi à Tel-Aviv. La sœur de Romi Gonen, 23 ans, toujours aux mains du Hamas, a dénoncé, elle aussi, le silence des organisations internationales de défense des femmes. "Comment pouvez-vous vous dire femme. C'est censé être basique, nous devons nous tendre la main, prendre soin les unes des autres. Je ne demande pas, j'exige qu'on leur tende la main. Faites une déclaration maintenant. Personne n'oubliera ceux qui se sont tus", a-t-elle conclu en brandissant le portrait de sa petite-sœur.