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avec AFP / Crédit photo : ALEXI J. ROSENFELD / GETTY IMAGES EUROPE / GETTY IMAGES VIA AFP , modifié à
43 jours après l'attaque du Hamas en Israël, une première livraison de carburant est arrivée dans la bande de Gaza après le feu vert d'Israël, afin de redémarrer les générateurs d'électricité des hôpitaux et des réseaux de télécommunications dans le territoire assiégé. Europe 1 fait le point sur la situation.
L'ESSENTIEL

À la demande des États-Unis, Israël a autorisé l'entrée quotidienne de deux camions-citernes dans la bande de Gaza. L'Autorité palestinienne, responsable du terminal de Rafah à la frontière égyptienne, a annoncé vendredi soir que 17.000 litres de carburant avaient été livrés pour alimenter les générateurs de la compagnie de télécommunications gazaouie.

Les informations à retenir :

  • Une première livraison de carburant est arrivée dans la bande de Gaza après le feu vert d'Israël
  • Une frappe contre trois immeubles de Khan Younès a encore fait 26 morts et 23 blessés graves, selon le directeur de l'hôpital Nasser de cette ville du centre de la bande de Gaza
  • Dans l'hôpital al-Chifa, le plus grand du territoire pris d'assaut mercredi par l'armée israélienne, des centaines de personnes ont été évacuées
  • 80 personnes sont mortes dans deux frappes sur un camp de réfugié, selon le Hamas, qui annonce un bilan de 12.300 Palestiniens morts depuis le début du conflit
  • Joe Biden appelle à "réunifier Gaza et la Cisjordanie" sous une "Autorité palestinienne revitalisée"

Biden appelle à "réunifier Gaza et la Cisjordanie" sous une "Autorité palestinienne revitalisée"

Le président américain Joe Biden a appelé samedi à une future réunification de la Cisjordanie et de la bande de Gaza sous une "Autorité palestinienne revitalisée", dans une tribune publiée par le quotidien Washington Post. "Gaza et la Cisjordanie devraient être réunifiées sous une même structure de gouvernance, à terme sous une Autorité palestinienne revitalisée", une fois le Hamas chassé du territoire palestinien qu'il gouverne depuis 2007, à la suite de l'opération militaire israélienne en cours, écrit Joe Biden.

12.300 morts à Gaza, selon le Hamas

Le Hamas a annoncé samedi que 12.300 Palestiniens avaient été tués dans les bombardements israéliens sur la bande de Gaza depuis le début de la guerre le 7 octobre. Parmi les morts recensés à ce jour figurent plus de 5.000 enfants et 3.300 femmes, a détaillé le gouvernement. En outre, 30.000 personnes ont été blessées. Le ministère de la Santé du Hamas assure de son côté que des dizaines de corps jonchent les rues du nord de la bande de Gaza et qu'il est impossible de les recenser car l'armée israélienne vise les ambulances et les soignants tentant de les approcher.

Un "besoin urgent d'améliorer la situation humanitaire" à Gaza, dit Scholz à Netanyahu

Il y a un "besoin urgent d'améliorer la situation humanitaire" dans la bande de Gaza a déclaré samedi le chancelier allemand Olaf Scholz lors d'un entretien téléphonique avec le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Le chancelier "a souligné le besoin urgent d'améliorer la situation humanitaire des habitants de la bande de Gaza", a indiqué samedi un communiqué de la chancellerie. "Des cessez-le-feu humanitaires pourraient contribuer à une amélioration substantielle de l'assistance apportée aux populations", a-t-il ajouté. Benjamin Netanyahu a de son côté "détaillé les efforts d'Israël pour protéger les civils de la bande de Gaza toujours contrariés par le Hamas", selon le communiqué.

Fin de la marche des proches d'otages retenus à Gaza

Le cortège des proches d'otages retenus à Gaza est arrivé à Jérusalem samedi, après plusieurs jours de marche, pour maintenir la pression sur le gouvernement israélien afin d'obtenir leur libération, six semaines après l'attaque meurtrière du Hamas. "Ramenez-les à la maison, maintenant", clamaient, comme depuis plusieurs semaines, quelques milliers de manifestants, appelés à se rassembler devant le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

En début d'après-midi, une foule compacte, drapeaux israéliens et portraits d'otages à la main, est arrivée à Jérusalem après être partie de Tel-Aviv, à une soixantaine de kilomètres, mardi, ont constaté des journalistes de l'AFP. Les familles des otages, qui reprochent au gouvernement de ne pas leur fournir d'informations sur leurs efforts pour obtenir la libération des otages, ont obtenu de rencontrer après cette manifestation deux membres du cabinet de guerre, Benny Gantz et Gadi Eizenkot.

Le ministère de la Santé du Hamas annonce plus de 80 morts dans deux frappes sur un camp de réfugié

Le ministère de la Santé du Hamas a fait état de la mort de plus de 80 personnes samedi dans deux frappes israéliennes distinctes sur un camp de réfugiés géré par l'ONU, dans le nord de la bande de Gaza. Contactées par l'AFP, ni l'armée israélienne ni l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) n'ont commenté dans l'immédiat.

La première frappe a fait au moins 50 morts "à l'aube, sur l'école al-Fakhoura", dans le camp de Jabaliya, où étaient installés des déplacés, a indiqué à l'AFP un responsable du ministère. Des images diffusées sur les réseaux sociaux montraient des corps, certains couverts de sang, d'autres de poussière, dans les étages du bâtiment, où des matelas avaient été installés sous des tables d'écoliers.

Dans la seconde frappe, le ministère a annoncé la mort de 32 membres d'une même famille, dont 19 enfants, en diffusant la liste des noms de la famille Abou Habal.

Des centaines de personnes évacuent l'hôpital al-Chifa de Gaza à pied

Des centaines de personnes ont quitté samedi l'hôpital al-Chifa de Gaza assiégé depuis plusieurs jours par l'armée israélienne, selon un journaliste de l'AFP, le ministère de la Santé du Hamas précisant que "120 blessés" et des bébés prématurés n'avaient pu être évacués.

Des responsables de l'établissement avaient auparavant indiqué que 450 malades et blessés n'avaient pu être évacués. Des médecins sont restés dans al-Chifa pour prendre soin des patients, ont-ils précisé. L'armée israélienne, elle, assure n'avoir donné aucun ordre d'évacuation mais avoir "répondu à une requête" du directeur de l'hôpital. Actuellement, selon l'ONU, 2.300 patients, soignants et déplacés se trouvent dans cet établissement et l'inquiétude internationale va grandissante pour leur sort. Israël, lui, assure que le Hamas au pouvoir à Gaza se sert de cet établissement comme base militaire.

Une frappe sur Gaza fait 26 morts

Israël refusait jusqu'ici de laisser passer le carburant, affirmant que cela pourrait profiter aux activités militaires du Hamas, mouvement islamiste palestinien au pouvoir à Gaza depuis 2007 et classé organisation terroriste par les États-Unis, l'Union européenne et Israël. La population du petit territoire, prise au piège de la guerre déclenchée par l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, est confrontée "à un risque immédiat de famine", a averti le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies.

Dans la nuit de vendredi à samedi, une frappe contre trois immeubles de Khan Younès a encore fait 26 morts et 23 blessés graves, selon le directeur de l'hôpital Nasser de cette ville du centre de la bande de Gaza. "On ne demande pas la lune. Nous demandons des mesures de base nécessaires pour répondre aux besoins essentiels de la population civile et juguler le cours de cette crise", s'est insurgé pour sa part le patron des opérations humanitaires de l'ONU Martin Griffiths, dans une intervention vidéo à New York.

Les livraisons annoncées ne représentent qu'une petite partie des quantités de carburant, soit 50 camions, qui pénétraient quotidiennement dans la bande de Gaza avant le début de la guerre, selon l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). Cette agence avait annoncé vendredi qu'elle ne serait bientôt plus en mesure de coordonner la distribution de l'aide humanitaire à Gaza en raison de la coupure des communications.

"Catastrophe" à l'hôpital

Dans l'hôpital al-Chifa, le plus grand du territoire pris d'assaut mercredi par l'armée israélienne, la situation est "catastrophique" pour les patients, les déplacés et les soignants qui s'y entassent sans électricité "ni eau, ni nourriture", a affirmé à l'AFP son directeur, le docteur Mohammed Abou Salmiya. Selon l'ONU, 2.300 personnes se trouvent actuellement dans l'enceinte de cet hôpital. L'armée israélienne, dont les chars encerclent toujours l'hôpital, a indiqué à l'AFP qu'elle continuait à fouiller l'immense complexe abritant, selon elle, un repaire du Hamas installé notamment dans un réseau de tunnels, ce que le mouvement islamiste dément.

Depuis que le Hamas a mené le 7 octobre une attaque d'une ampleur inédite sur le sol israélien, tué 1.200 personnes, en majorité des civils, et enlevé avec d'autres groupes armés environ 240 personnes, selon les autorités israéliennes, les bombardements de représailles sur la bande de Gaza sont incessants. Selon le ministère de la Santé du Hamas, au moins 12.000 civils palestiniens ont été tués, dont 5.000 enfants.

Israël a juré "d'anéantir" le Hamas. En parallèle à ses bombardements, l'armée israélienne mène depuis le 27 octobre des opérations terrestres concentrées pour l'essentiel dans le nord du territoire, dans la ville de Gaza transformée en champ de ruines et autour des hôpitaux, accusant le Hamas de les utiliser comme des bases et de se servir des malades comme de "boucliers humains". Le territoire est placé depuis le 9 octobre en état de "siège complet" par Israël, qui a coupé les livraisons de nourriture, d'eau, d'électricité et de médicaments. Selon le Hamas, 24 des 35 hôpitaux de Gaza ont cessé fonctionner.

Égouts qui débordent

Selon l'ONU, plus des deux tiers des 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza ont été déplacés par la guerre. La plupart ont fui vers le sud en emportant le minimum et survivent dans le froid qui s'installe. Selon l'Unrwa, 70% de la population n'a pas accès à l'eau potable dans le sud du territoire, où les égouts ont commencé à se déverser dans les rues. Vendredi à Rafah, des enfants blessés attendaient dans des ambulances de pouvoir être évacués vers les Émirats arabes unis via l'Égypte, selon des images de l'AFP.

"Au début, on nous ont dit qu'elle allait mourir. Elle a des fractures au crâne, au bassin et à la cuisse", raconte Adam al-Madhoun, le père de Kenza, une fille de quatre ans amputée de la main droite après une frappe israélienne contre le camp de réfugiés de Jabaliya. Dans le centre de la bande de Gaza, Azhar al-Rifi, mère de famille de 36 ans, cherche toujours la sécurité que promettait Israël en ordonnant aux Palestiniens de fuir le nord du territoire.

"Ils disaient que le sud était plus sûr, alors on s'est déplacés", lâche-t-elle à l'AFP. Mais vendredi à l'aube, un avion israélien a largué plusieurs bombes sur le camp de réfugiés de Nousseirat, dans le centre du territoire, tuant 18 personnes dont sept proches d'Azhar al-Rifi. À huit ans, Nada Abou Hiya en est aussi à son troisième bombardement. "D'abord, ils ont bombardé la maison de mon grand-père où on vivait à Gaza, puis on est allés à Deir el-Balah, ils nous ont bombardé. Donc on est venus ici et ils nous ont encore bombardé", dit-elle à l'AFP.

Frappes en Cisjordanie

Vendredi, l'armée israélienne a annoncé avoir retrouvé le corps de Noa Marciano, une soldate de 19 ans otage du Hamas, en fouillant un bâtiment adjacent à l'hôpital al-Chifa. Le mouvement islamiste avait affirmé lundi qu'elle avait été tuée dans des bombardements israéliens. Des pourparlers en vue de la libération des otages du Hamas se tiennent via une médiation du Qatar, Israël refusant tout cessez-le-feu tant qu'ils n'auront pas tous été relâchés.

Les tensions sont aussi vives en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël, où environ 200 Palestiniens ont été tués par des colons et des soldats israéliens depuis le 7 octobre, selon le ministère palestinien de la Santé. L'armée israélienne a annoncé vendredi avoir tué "cinq terroristes" à Jénine, bastion des mouvements armés palestiniens. Et selon le Croissant Rouge palestinien, cinq personnes ont été tuées et deux autres blessées dans la nuit de vendredi à samedi dans une frappe aérienne contre le camp de réfugiés de Balata, près de Naplouse, également connu pour héberger de jeunes membres des différents groupes palestiniens. À Hébron, deux Palestiniens ont été tués par "des balles de l'armée israélienne", selon le ministère palestinien de la Santé.