Israël-Hamas : ce qu'il faut retenir au 42e jour du conflit

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avec AFP / Crédits photo : Israeli Army / AFP , modifié à
Au 42e jour du conflit entre Israël et le Hamas, l'armée israélienne continue sa traque des membres du Hamas présumés cachés dans le plus grand hôpital de Gaza, territoire palestinien où la situation humanitaire inquiète et où les télécommunications sont désormais hors service.

L'armée israélienne a annoncé vendredi avoir retrouvé à Gaza la dépouille de Noa Marciano, une soldate de 19 ans otage du Hamas à Gaza, dont la mort avait été annoncée mardi, au lendemain d'informations communiquées par le Hamas.

"Le corps de la soldate Noa Marciano (...) a été extrait par les troupes de l'armée israélienne d'une structure adjacente à l'hôpital Shifa dans la bande de Gaza et a été transféré en territoire israélien", a indiqué l'armée dans un communiqué. Lundi, le mouvement terroriste avait diffusé une photo de Noa Marciano morte, la présentant comme "tuée par un bombardement" israélien.

Tard jeudi soir, elle a annoncé avoir découvert près de l'hôpital le corps de Yehudit Weiss, une otage "assassinée par les terroristes dans la bande de Gaza" après avoir été enlevée par le Hamas le 7 octobre dans le kibboutz de Beeri, dans le sud d'Israël.

L'Autorité des frontières de Gaza annonce 17.000 litres de carburant livrés pour les télécommunications

L'Autorité palestinienne en charge du terminal de Rafah qui relie l'Egypte à la bande de Gaza a annoncé vendredi soir que 17.000 litres de carburant avaient été livrés dans le petit territoire pour alimenter les générateurs de la compagnie de télécommunications.

Jeudi, la compagnie palestinienne des télécommunications Paltel avait annoncé une "suspension de tous les services de télécommunications" faute de carburant. Vendredi, des responsables israéliens ont indiqué que le cabinet de guerre avait autorisé l'entrée quotidienne de deux camions de carburant dans le territoire afin de "se conformer à la demande des Etats-Unis".

Le Hamas annonce un nouveau bilan de 12.000 morts dans la bande de Gaza

Le Hamas a annoncé vendredi que 12.000 Palestiniens avaient été tués dans les bombardements israéliens sur la bande de Gaza depuis le début de la guerre le 7 octobre.

Parmi les morts recensés à ce jour figurent 5.000 enfants et 3.300 femmes, a détaillé le gouvernement du Hamas palestinien. En outre, 30.000 personnes ont été blessées. Le ministère de la Santé du Hamas assure de son côté que des dizaines de corps jonchent les rues du nord de la bande de Gaza et qu'il est impossible de les recenser à cause de l'intensité des frappes.

Le Hamas annonce 24 décès à l'hôpital al-Shifa en deux jours 

Le Hamas a affirmé vendredi à l'AFP que "24 patients" étaient morts "ces dernières 48 heures" à l'hôpital al-Shifa de Gaza, privé d'électricité, et où l'armée israélienne a lancé un raid il y a trois jours.

Ces patients sont décédés "parce que les équipements médicaux vitaux ont cessé de fonctionner en raison de la coupure du courant" dans le plus grand complexe hospitalier du territoire palestinien assiégé par Israël. La plupart des hôpitaux de Gaza n'ont plus une goutte de carburant pour alimenter leurs générateurs.

L'armée israélienne dit avoir tué "cinq terroristes" à Jénine

L'armée israélienne a annoncé vendredi avoir tué au moins "cinq terroristes" à Jénine, bastion des groupes armés palestiniens en Cisjordanie occupée, tandis que le Hamas annonçait la mort de trois de ses combattants "dans la bataille du Déluge d'al-Aqsa à Jénine". Le ministère palestinien de la Santé a rapporté de son côté "trois morts et 15 blessés, dont quatre dans un état critique". Des journalistes de l'AFP ont vu défiler un cortège funéraire pour trois corps drapés dans les étendues de mouvements armés palestiniens.

"Déluge d'al-Aqsa" est le nom que le Hamas a donné à son attaque sanglante du 7 octobre qui a fait 1.200 morts en Israël dont une majorité de civils, selon les autorités israéliennes. Les soldats israéliens s'étaient retirés de Jénine vendredi matin. L'armée a affirmé avoir mené une opération « antiterroriste » dans le camp et découvert des « moteurs explosifs artisanaux placés sous et au bord des rues pour attaquer les forces de sécurité israéliennes ». Elle a également annoncé avoir "frappé une cellule terroriste armée", évoquant "six armes confisquées" et une quinzaine de "suspects arrêtés".

Tsahal continue sa traque des membres du Hamas

L'armée israélienne intensifie vendredi sa traque de repaires du Hamas présumés cachés dans le plus grand hôpital de Gaza, territoire palestinien où la situation humanitaire inquiète et où les télécommunications sont désormais hors service, faute de carburant. Au cours de la nuit, une équipe de l'AFP a fait état d'une importante opération israélienne dans le camp de Jénine, bastion de mouvements armés palestiniens, en Cisjordanie occupée. 

Et l'agence de presse officielle syrienne Sana a annoncé des frappes aériennes israéliennes qui ont fait des "dégâts matériels" près de Damas, Israël ayant ciblé à plusieurs reprises ces dernières années en sol syrien des positions de milices pro-Iran, pays soutenant le Hamas. Dans la bande de Gaza, le gouvernement du Hamas a affirmé que les soldats israéliens avaient "détruit" plusieurs services de l'hôpital al-Chifa, un immense complexe situé dans la ville de Gaza.

Depuis l'attaque meurtrière que le Hamas a menée sur le sol israélien le 7 octobre, Israël a juré "d'anéantir" le mouvement classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël. L'armée israélienne bombarde sans répit le petit territoire palestinien assiégé, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007. 

Le raid lancé mercredi dans l'hôpital al-Chifa, privé d'eau et d'électricité, abritant des malades, du personnel soignant et des civils qui espéraient fuir la guerre, a suscité des appels pressants de la communauté internationale à protéger la population. Selon l'ONU, 2.300 personnes se trouvent actuellement dans l'hôpital. 

Les principales informations : 

-  L'armée israélienne continue sa traque des membres du Hamas présumés cachés dans le plus grand hôpital de Gaza.

- Sana, agence de presse officielle syrienne, a annoncé des frappes aériennes israéliennes qui ont fait des "dégâts matériels" près de Damas.

- Dans la bande de Gaza, le gouvernement du Hamas a affirmé que les soldats israéliens avaient "détruit" plusieurs services de l'hôpital al-Chifa.

- Selon l'ONU, 2.300 personnes se trouvent actuellement dans l'hôpital. 

- L'armée israélienne a annoncé avoir découvert près de l'hôpital le corps de Yehudit Weiss, une otage "assassinée par les terroristes dans la bande de Gaza" après avoir été enlevée par le Hamas le 7 octobre dans le kibboutz de Beeri, dans le sud d'Israël.

"Fouille de chaque étage"

Depuis plusieurs jours, Israël resserre son étau sur la ville de Gaza et plus particulièrement ses hôpitaux, accusant le Hamas de les utiliser comme des bases et de se servir des malades comme des "boucliers humains". Un responsable de l'armée israélienne a annoncé que les soldats procédaient "à la fouille de chaque étage, bâtiment après bâtiment alors que des centaines de patients et de membres du personnel médical se trouvent encore dans le complexe".

"Nous nous focalisons sur ce qu'il y a sous terre, y compris dans les hôpitaux. A ce titre, nos soldats ont découvert l'entrée d'un tunnel à l'hôpital al-Chifa et des ingénieurs militaires sont actuellement en train de déterrer l'infrastructure sur place", a indiqué tard jeudi soir le porte-parole Daniel Hagari. Israël affirme que l'hôpital al-Chifa abrite des infrastructures stratégiques du Hamas, notamment dans des tunnels creusés sous le complexe, ce que dément l'organisation terroriste.

Des "images relatives aux otages" capturés par le Hamas ont été trouvées sur du matériel saisi au cours du raid, a ajouté l'armée. "Nous avions de fortes indications selon lesquelles ils (les otages, ndlr) étaient détenus à l’hôpital al-Chifa, et c'est l'une des raisons pour lesquelles nous y sommes entrés. Si les otages étaient bien sur place, ils ont été transportés", a dit le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la chaîne américaine CBS.

En Israël, environ 1.200 personnes ont été tuées, essentiellement des civils, selon les autorités, dans l'attaque lancée le 7 octobre par des membres du Hamas depuis la bande de Gaza, d'une violence et d'une ampleur sans précédent depuis la création d'Israël en 1948.

Depuis l'attaque, 51 soldats ont été tués dans le territoire palestinien, selon l'armée israélienne qui estime à environ 240 le nombre d'otages emmenés par le Hamas à Gaza. Les bombardements israéliens menés en représailles dans la bande de Gaza ont fait 11.500 morts, majoritairement des civils, parmi lesquels 4.710 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Communications "totalement coupées"

Depuis le 9 octobre, Israël a imposé un "siège complet" au territoire palestinien, coupant les livraisons d'eau, d'électricité, de nourriture et de médicaments. L'aide internationale à Gaza arrive au compte-gouttes par camions depuis l'Egypte, en quantité insuffisante selon l'ONU, qui réclame notamment la livraison de carburant pour faire fonctionner les générateurs dans les hôpitaux. 

Le directeur de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, a affirmé jeudi à Genève que les communications étaient à nouveau "totalement coupées" avec la bande de Gaza, faute de carburant. "Tous les services de télécommunications dans la bande de Gaza sont désormais hors service car les sources d'énergie alimentant le réseau sont épuisées et le carburant n'est pas autorisé à entrer", a indiqué l'opérateur de télécoms palestinien Paltel, dans un communiqué diffusé jeudi en fin de journée.

Tôt vendredi, l'AFP n'a pas été en mesure d'entrer en contact avec des membres de son équipe qu'elle tentait de joindre dans la bande de Gaza où, selon l'ONU, 1,65 des 2,4 millions d'habitants ont été déplacés par la guerre. 

"Risque immédiat de famine"

"Nous n'avons ni électricité ni eau potable ni nourriture (...) Des milliers de femmes, d'enfants, de malades et de blessés sont en danger de mort", a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère de la Santé du Hamas, Ashraf al-Qidreh. "Avec l'hiver qui approche à grands pas, les abris précaires et surpeuplés, ainsi que le manque d'eau potable, les civils sont confrontés à un risque immédiat de famine", a averti jeudi le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken s'est entretenu avec Benny Gantz, ténor de l'opposition israélienne qui a rejoint le cabinet de guerre de Benjamin Netanyahu, "à propos des efforts visant à augmenter et accélérer le passage de l'aide humanitaire indispensable vers Gaza", selon Washington.

"Négociations délicates"

En Israël, la pression s'accentue sur le Premier ministre Benjamin Netanyahu sur la question des otages. Une marche des proches des otages partis mardi de Tel-Aviv pour réclamer un accord sur leur libération, doit arriver vendredi à Jérusalem, alors que des pourparlers se tiennent via une médiation du Qatar. Le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, a demandé la "libération immédiate" des otages, lors d'une visite jeudi à Beeri, où au moins 85 personnes avaient été tuées et une trentaine d'autres enlevées le 7 octobre.

Pour le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, qui se dit "en contact avec le Hamas, avec d'autres parties internationales concernées et avec Israël", les négociations en cours sont "très délicates".

Israël a jusqu'ici refusé tout cessez-le-feu sans libération préalable des otages. Mais pour le chef en exil du Hamas, Ismaïl Haniyeh, Israël "n'a atteint aucun de ses objectifs" et n'obtiendra "la libération de ses prisonniers qu'au prix que la résistance fixera".