Israël 1:41
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William Molinié, édité par Alexandre Dalifard / Crédits photo : AMIR LEVY / GETTY IMAGES EUROPE / GETTY IMAGES VIA AFP , modifié à
Plus de deux millions d'arabes vivent en Israël dans des villes mixtes où cohabitent juifs et musulmans. Ceux-ci sont, pour la plupart, des descendants de Palestiniens qui n'ont pas été contraints à l'exil en 1948. En 2021, plusieurs de ces villes mixtes s’étaient embrasées. Et avec ce nouveau conflit, la coexistence entre les communautés est mise à rude épreuve.

Le front du sud avec la bande de Gaza, le front du Nord avec le Hezbollah libanais, le front de la Cisjordanie dans les territoires. Israël, de son côté, se passerait bien d’un quatrième front. Lui pourrait être intérieur, celui des villes mixtes où cohabitent juifs et musulmans. Dans l'État hébreu, vivent plus de 2 millions d’arabes, des citoyens israéliens. La plupart sont des descendants de Palestiniens qui n’ont pas été contraints à l’exil en 1948… En 2021, lors de la dernière guerre contre le Hamas, plusieurs de ces villes mixtes s’étaient embrasées avec des émeutes, violences et agressions. La guerre, les bombardements, la pression économique et sociale mettent à rude épreuve la coexistence entre les communautés. Comme à Lod, dans le centre d’Israël, où Europe 1 s’est rendue.

"C'est difficile, c'est très difficile"

"Tu vois le terrain-là ? Tu sais qui habite ici ? À 95 % ce sont des arabes". Voilà 75 ans qu’Yezechiel répare des pneus dans son garage. Ce juif irakien reconnait que le quartier arabe, de l’autre côté de la rue, est plus pauvre que le sien. "Pourquoi on doit en arriver là ? Dis-moi ! Regarde, pourquoi là-bas, ce n’est pas la même chose qu’ici ?", s'interroge-t-il au micro d'Europe 1. Niveau de vie inférieure, insécurité, pas les mêmes accès à l’emploi, la différence entre les deux quartiers est flagrante. 

"Les relations entre juifs et arabes se détériorent. Les Arabes ont peur de retourner travailler dans les hôpitaux à cause de leur image. Beaucoup de juifs ne font pas la différence entre le Hamas, les civils de Gaza et nous", déplore le docteur arabe Thabet Abu Rass qui dirige l’association "Abraham Initiatives". Au sentiment de discrimination, se mêlent les peurs liées aux massacres du 7 octobre. "On a 30 employés ici. La moitié des juifs, l’autre des arabes. On essaye de conserver ce que nous avons pour rester ensemble. Mais, c’est difficile, c’est très difficile", admet-il.

Le spectre des émeutes de 2021 est dans toutes les têtes avec deux morts et des dizaines de blessés dans cette ville. Si pour l’instant, la coexistence entre juifs et arabes israéliens survit, elle n’a jamais été aussi fragile.