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avec AFP , modifié à
Au 117e jour de la guerre, il faut s'attendre "à ce que la Russie intensifie ses attaques cette semaine", a prévenu dimanche soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky, quelques jours avant les discussions des Vingt-Sept sur une candidature de Kiev à l'UE. L'Ukraine a annoncé lundi avoir perdu le contrôle de Metolkine, un village à la périphérie de Severodonetsk.
L'ESSENTIEL

Ce lundi "s'ouvre une semaine vraiment historique" a clamé Volodymyr Zelensky dimanche soir dans son allocution vidéo quotidienne, "nous aurons la réponse de l'Union européenne sur le statut de candidat de l'Ukraine". "Depuis 1991, il y a eu peu de décisions aussi fatidiques pour l'Ukraine que celle que nous attendons aujourd'hui", a-t-il ajouté, en se disant "convaincu que seule une réponse positive est dans l'intérêt de toute l'Europe".

Après une recommandation positive de la Commission européenne vendredi dernier, les pays membres de l'UE se retrouvent jeudi et vendredi pour se prononcer pour octroyer officiellement à Kiev ce statut de candidat à l'adhésion. Un feu vert nécessite une unanimité des 27. D'ici là, "évidemment, nous nous attendons à ce que la Russie intensifie ses attaques cette semaine", a prévenu le président ukrainien. "Nous sommes prêts", a-t-il ajouté.

Les informations à retenir :

  • L'Ukraine attend la réponse de l'Union européenne sur son statut de candidat
  • La Russie suspend ses livraisons de gaz à plusieurs pays européens
  • L'UE a accusé Moscou de "crime de guerre" après le blocage des céréales
  • L'Ukraine annonce avoir perdu le contrôle d'un village voisin de Severodonetsk
  • L'Afrique est "otage" de l'invasion russe en Ukraine, dit Zelensky à l'Union africaine

Selon Volodymyr Zelensky, les Russes "regroupent leurs forces en direction de Kharkiv (nord-est) et dans la région de Zaporijjia (sud), et bombardent encore nos infrastructures de carburant". Mais "nous répondrons à ces attaques", a-t-il assuré, tout en concédant des "pertes importantes". "Notre armée tient le coup", s'est-il encore félicité.

Les Russes "ont tenté une percée dans la zone de Toshkivka, ils ont partiellement réussi, mais notre artillerie a fonctionné et nous pouvons dire que la tentative de percée n'a pas réussi", a rapporté Serguiï Gaïdaï, gouverneur de la province de Lougansk, qui constitue, avec celle de Donestk, le Donbass.

L'Ukraine annonce avoir perdu le contrôle d'un village voisin de Severodonetsk

L'Ukraine a annoncé lundi avoir perdu le contrôle de Metolkine, un village à la périphérie de Severodonetsk, dans l'est du pays, ville-clé du Donbass dont les forces russes tentent de prendre le contrôle complet depuis des semaines. "Malheureusement, nous ne contrôlons plus Metolkine", a déclaré le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux.

La prise par la Russie de ce village, qui comptait avant la guerre une population d'environ 1.000 habitants, est la dernière poussée russe en date à l'intérieur et autour de Severodonetsk, où l'armée de Moscou a rencontré une forte résistance ukrainienne.

L'UE accuse Moscou de "crime de guerre" après le blocage des céréales

Le chef de la diplomatie européenne, l'Espagnol Josep Borrell, a accusé lundi la Russie de commettre un "véritable crime de guerre" en bloquant des exportations de céréales ukrainiennes au risque d'aggraver le risque de famine dans le monde. "On ne peut imaginer que des millions de tonnes de blé restent bloquées en Ukraine quand le reste de la population mondiale souffre de la faim. C'est un véritable crime de guerre. Je ne peux pas imaginer que cela durera encore longtemps : sinon, ce serait vraiment quelque chose dont la Russie serait tenue responsable", a-t-il déclaré à Luxembourg.

"La Russie doit cesser de jouer avec la faim dans le monde", a averti la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna.

L'Afrique est "otage" de l'invasion russe en Ukraine, dit Zelensky à l'Union africaine

L'Afrique est "otage" de l'invasion russe en Ukraine, à l'origine de fortes tensions sur le marché des céréales destinées à l'exportation vers le continent, a affirmé lundi le président ukrainien Volodymyr Zelensky. "L'Afrique est l'otage de ceux qui ont commencé la guerre contre notre État", a lancé Volodymyr Zelensky dans un discours en visioconférence adressé aux membres de l'Union africaine. 

Le niveau "injuste" des prix alimentaires "provoqué par la guerre russe (...) se fait douloureusement sentir sur tous les continents", a déploré le président ukrainien. Il a indiqué que des "négociations difficiles" étaient actuellement en cours pour débloquer les ports ukrainiens, où des millions de tonnes de céréales ne peuvent actuellement être exportées vers l'Afrique en raison du blocus de la flotte russe en mer Noire.

"Il n'y a pas encore de progrès", a-t-il admis, estimant que "la crise alimentaire dans le monde durera tant que cette guerre coloniale continuera". Les Russes "ont besoin de cette crise", a-t-il fustigé. "Ils l'aggravent de façon délibérée."

Les combats continuent de faire rage

Toshkiva se trouve au sud de Lyssytchansk, elle-même séparée de Severodonetsk de la seule rivière Donets. À Lyssytchansk, on voit des signes de préparations aux combats de rue : des soldats creusent des trous et mettent des barbelés, et la police place des véhicules calcinés en travers des rues pour ralentir le trafic.

Serguiï Gaïdaï a aussi démenti dimanche sur Telegram la prise totale de Severodonetsk par les Russes, reconnaissant toutefois qu'ils en "contrôlent la majorité". Le ministère russe de la Défense a revendiqué la prise de Metolkine, dans la périphérie sud-est de Severodonetsk.

Les combats font rage autour de cette agglomération clé pour avoir la mainmise sur l'ensemble du Donbass, partiellement contrôlé par des séparatistes prorusses depuis 2014. Sur le front sud, l'armée ukrainienne assure que les forces russes, "incapables d'avancer sur le terrain", procèdent par bombardements.

Le ministère russe a assuré dimanche avoir frappé une usine de Mykolaïv (sud) avec des missiles de croisière, et détruit "dix obusiers de 155 mm M777 et jusqu'à une vingtaine de véhicules blindés fournis au régime de Kiev par l'Occident au cours de ces dix derniers jours". Des affirmations impossibles à vérifier de source indépendante.

Une guerre qui pourrait durer "des années"

Cette ville portuaire et industrielle de près d'un demi-million d'habitants avant la guerre est toujours sous contrôle ukrainien, mais elle est proche de la région de Kherson, presque entièrement occupée par les Russes.

Elle reste une cible de Moscou, car elle se trouve sur la route d'Odessa, le plus grand port d'Ukraine, à 130 km au sud-ouest près de la Moldavie, lui aussi toujours sous contrôle ukrainien et au centre des discussions sur l'exportation bloquée des millions de tonnes de céréales ukrainiennes.

Cette guerre pourrait durer "des années", a estimé dimanche dans le quotidien allemand Bild le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, appelant les pays occidentaux à soutenir Kiev dans la durée.

Moscou détient l'arme des hydrocarbures

Face à l'UE, Moscou détient l'arme des hydrocarbures. Les pays comme l'Allemagne cherchent à pallier les baisses de livraison de gaz russe, quitte à recourir à des solutions peu écologiques. "Pour réduire la consommation de gaz, il faut utiliser moins de gaz pour produire de l'électricité. À la place, les centrales à charbon devront être davantage utilisées", a indiqué dimanche le ministère allemand de l'Economie, alors que le gouvernement de coalition d'Olaf Scholz avait promis d'abandonner cette source d'énergie d'ici à 2030.

"C'est amer, mais c'est indispensable pour réduire la consommation de gaz", a avancé le ministre écologiste de l'Économie et du Climat Robert Habeck. "Il ne faut pas se faire d'illusion, nous sommes dans une épreuve de force avec Poutine". L'Autriche a aussi annoncé dimanche la réactivation d'une centrale à charbon fermée au printemps 2020 par un gouvernement voulant éliminer cette source d'énergie polluante et produire 100% d'électricité d'origine renouvelable d'ici 2030.

Quant au groupe italien ENI, également très dépendant des livraisons de Moscou, il a été choisi dimanche par le Qatar pour rejoindre le français TotalEnergies dans le projet North Field East (NFE), qui vise à augmenter de 60% la production de gaz naturel liquéfié (GNL) du pays du Golfe d'ici 2027.

Droits des femmes : le Parlement ukrainien a ratifié la Convention d'Istanbul

En pleine invasion russe, la Rada, le Parlement ukrainien, a ratifié lundi la Convention d'Istanbul, premier traité international à fixer des normes juridiquement contraignantes pour parer les violences sexistes. "Décision historique ! La Convention d'Istanbul ratifiée", s'est félicité sur Twitter le compte officiel de la Rada, peu après le vote des députés ukrainiens. D'après le décompte officiel, 259 députés ont voté pour, 8 contre, 28 ont voté blanc et 47 se sont abstenus.

La Convention d'Istanbul, adoptée en 2011, est un traité international du Conseil de l'Europe, organisation paneuropéenne qui siège à Strasbourg et dont l'Ukraine est membre. Elle établit un cadre légal et institutionnel pour lutter contre les violences contre les femmes et les violences domestiques. "Un événement historique qui nous amènera au sein de l'UE encore plus vite", a applaudi sur Twitter Oleksandr Korniyenko, premier vice-président de la Rada.