Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 466e jour de l'invasion russe

Kiev affirme depuis des mois préparer une grande contre-offensive contre les forces russes.
Kiev affirme depuis des mois préparer une grande contre-offensive contre les forces russes. © HANDOUT / TELEGRAM/ @CONCORDGROUP_OFFICIAL / AFP
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avec AFP , modifié à
Au 466e jour de l'invasion russe en Ukraine, la Russie a affirmé ce lundi avoir repoussé une "offensive de grande envergure" ukrainienne dans le Donbass, sans que Kiev, qui annonce depuis des mois préparer une contre-offensive majeure, ne confirme dans l'immédiat avoir mené cette opération.
L'ESSENTIEL

"Le matin du 4 juin, l'ennemi a lancé une offensive de grande envergure dans cinq secteurs du front dans la direction du sud de la région de Donestk", a indiqué le ministère russe de la Défense dans un communiqué, sans préciser le lieu exact de la bataille. "L'ennemi n'a pas atteint son but, il n'a pas réussi", a-t-il ajouté, accompagnant son annonce d'une vidéo montrant ce qui est présenté comme des blindés ukrainiens filmés depuis les airs en train d'être détruits par les forces russes.

Les principales informations à retenir :

  • la Russie a affirmé avoir repoussé une "offensive de grande envergure" ukrainienne dans le Donbass
  • Kiev n'a pas fait mention de cette offensive
  • Des combats dans la région russe de Belgorod, frontalière avec l'Ukraine, entre l'armée russe et des combattants russes pro-ukrainiens, ont eu lieu ce dimanche
  • Un faux discours de Vladimir Poutine a été diffusé par des radios piratées concernant une "invasion" ukrainienne ce lundi
  • L'Ukraine a confirmé lundi mener des "actions offensives" dans certains secteurs du front, revendiquant des gains près de la ville dévastée de Bakhmout dans l'est

Le général Guérassimov, cible de critiques

Toujours d'après le ministère, le chef d'état-major de l'armée russe, le général Valéri Guérassimov, "se trouvait pendant cette période à l'un des postes de commandement avancés dans cette direction". Le général Guérassimov, nommé en janvier "commandant du groupement combiné de troupes" déployées en Ukraine, est régulièrement la cible de critiques ou d'insultes de la part du patron du groupe paramilitaire Wagner, Evguéni Prigojine.

Ce dernier l'accuse d'être responsable, avec le ministre de la Défense Sergueï Choïgou, pour les "dizaines de milliers" de combattants russes tués ou blessés en Ukraine en les privant notamment de munitions. Toujours d'après le ministère russe, l'armée ukrainienne a mené cette offensive au moyen de six bataillons mécanisés et de deux bataillons de chars.

Silence à Kiev

Les autorités ukrainiennes n'ont pas fait mention de ces événements dans l'immédiat. Kiev affirme depuis des mois préparer une grande contre-offensive contre les forces russes. Dans une vidéo publiée dimanche, l'armée ukrainienne a semblé appeler les soldats à garder le silence, et a déclaré qu'il n'y aurait pas d'annonce sur le début de cette offensive tant attendue.

Outre l'attaque ukrainienne dans le Donbass annoncée par Moscou, des combats ont eu lieu dimanche dans la région russe de Belgorod, frontalière avec l'Ukraine, entre l'armée russe et des combattants russes pro-ukrainiens, selon le gouverneur régional. "Un groupe de sabotage est arrivé, il y a des combats à Novaïa Tavoljanka", un village frontalier, a indiqué sur Telegram le gouverneur de Belgorod, Viatcheslav Gladkov. "J'espère qu'ils seront tous détruits". Il a ajouté que les agresseurs, qu'il a qualifiés de combattants russes engagés aux côtés de Kiev, avaient fait des prisonniers et proposé un échange.

"Groupe de sabotage"

L'un de ces groupes pro-ukrainiens, la "Légion liberté pour la Russie" a assuré transférer les prisonniers qu'elle détient aux autorités ukrainiennes, qui organisent régulièrement des échanges de prisonniers avec les forces russes. C'est la première fois qu'un responsable russe admet que des combattants russes ont été capturés sur le territoire même de la Russie, après plus de 15 mois de combats en territoire ukrainien.

L'armée russe a ensuite affirmé avoir repoussé un "groupe de sabotage composé de terroristes ukrainiens" qui cherchait à franchir la frontière. "L'ennemi a été touché par notre artillerie. Il s'est dispersé et a battu en retraite", a écrit l'armée dans un communiqué. Les combats autour de Novaya Tavolzhanka font suite à une incursion de forces pro-ukrainiennes dans la région de Belgorod le mois dernier, qui a contraint Moscou à utiliser son artillerie et ses forces aériennes sur son propre sol.

La violation de la frontière a été revendiquée par des groupes de nationalistes russes anti-Kremlin. Les villages proches de la frontière ont été intensément bombardés par l'Ukraine depuis une semaine, forçant des milliers de personnes à fuir vers Belgorod, la grande ville de la région. L'Ukraine n'a jamais revendiqué les attaques sur le sol russe, mais le conseiller présidentiel Mykhaïlo Podoliak a déclaré dimanche que la situation dans les zones frontalières "devrait être considérée comme l'avenir de la Russie".

L'Ukraine confirme mener des "actions offensives" et revendique des "succès" près de Bakhmout

L'Ukraine a confirmé lundi mener des "actions offensives" dans certains secteurs du front, revendiquant des gains près de la ville dévastée de Bakhmout dans l'est, tout en relativisant l'échelle de ces attaques que Moscou a affirmé avoir repoussées. "L'opération défensive (de l'Ukraine) comprend des actions contre-offensives. Par conséquent, dans certains secteurs, nous menons des actions offensives", a déclaré sur Telegram la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar. "Le secteur de Bakhmout reste l'épicentre des hostilités. Nous y avançons sur un front assez large. Nous remportons des succès et occupons les hauteurs dominantes. L'ennemi est sur la défensive", a ajouté Ganna Maliar.

La Russie a affirmé de son côté lundi avoir repoussé des offensives d'envergure dans l'est et le sud de l'Ukraine, affirmant avoir infligé des lourdes pertes humaines et matérielles aux Ukrainiens. Kiev prépare depuis des mois une contre-offensive d'ampleur destinée à repousser les troupes russes des zones qu'elles occupent. Les autorités ukrainiennes ont toutefois prévenu qu'elles ne révèleraient rien de leurs plans ni du calendrier. Le groupe paramilitaire russe Wagner avait revendiqué en mai la conquête de la ville de Bakhmout après la bataille la plus longue et la plus meurtrière de la guerre. Son patron Evguéni Prigojine a confirmé lundi que les forces ukrainiennes avaient repris une partie de la localité de Berkhivka située au nord de Bakhmout. La vice-ministre ukrainienne n'a en revanche rien dit des localités du sud de la région de Donetsk et de celle voisine de Zaporijjia où Moscou affirme avoir repoussé les soldats de Kiev.

Faux discours de Poutine sur une "invasion" ukrainienne diffusé par des radios piratées

Plusieurs radios russes, victimes d'un "piratage", ont diffusé lundi un faux discours du président Vladimir Poutine faisant état d'une "invasion" ukrainienne et annonçant la mise en place d'une loi martiale dans les régions frontalières de l'Ukraine, ont indiqué les autorités russes. Ce "discours" affirmant que "les forces ukrainiennes armées jusqu'aux dents (...) et soutenues par Washington ont envahi les régions de Koursk, Belgorod et Briansk", a été diffusé lundi sur les ondes de plusieurs radios dans ces territoires frontaliers de l'Ukraine, selon les autorités locales. La voix et le ton ressemblaient beaucoup à ceux du président russe.

Le même message, attribué à Vladimir Poutine et repris sur quelques réseaux sociaux, annonçait la mise en place de la loi martiale dans ces régions, la prochaine signature d'un décret présidentiel sur la mobilisation générale en Russie et appelait les habitants locaux à évacuer. Ce piratage est intervenu alors que les incursions et bombardements se multiplient depuis deux semaines dans la région de Belgorod où des combattants russes pro-ukrainiens attaquent les forces russes. "C'était en effet un piratage. Nous sommes au courant", a déclaré aux agences de presse russes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, en assurant que le contrôle des fréquences avait été rétabli par les radios concernées.

"L'objectif de ce message est de semer la panique"

"Les informations sur l'invasion des forces ukrainiennes dans la région de Belgorod, la mise en place de la loi martiale, la mobilisation générale et l'évacuation (...) sont un fake", ont affirmé pour leur part les autorités de la région de Belgorod. "L'objectif de ce message est de semer la panique parmi les habitants pacifiques", a assuré sur Telegram la cellule de crise mise en place par les autorités, appelant à "garder son calme" et faire confiance uniquement aux sources d'information "fiables". Dans la région de Voronej, également frontalière de l'Ukraine et dont certaines radios ont aussi été piratées, les autorités ont assuré aux habitants qu'il n'y avait "aucune raison de s'inquiéter".

"La situation dans la région est sous contrôle des autorités et des forces de l'ordre", ont-elles déclaré sur Telegram. Selon l'une des radios affectées, MIR, elle a perdu le contrôle de ses fréquences pendant environ 40 minutes dans l'après-midi, en qualifiant de "fake total et de provocation" tout ce qui a été diffusé pendant cette période. En février, de fausses alertes antiaériennes avaient déjà été diffusées par plusieurs radios et chaînes de télévision russes, là aussi dûes à des piratages.