La Pologne a indiqué qu'elle était prête à se passer de l'aval de Berlin pour livrer des chars Leopard de fabrication allemande à l'Ukraine (Illustration). 1:47
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avec AFP , modifié à
Au 334e jour de la guerre en Ukraine, la Pologne a indiqué lundi qu'elle était prête à se passer de l'aval de Berlin, indécis sur la question, pour livrer des chars Leopard de fabrication allemande à l'Ukraine. Mais, de son côté, le gouvernement allemand a décidé d'entrouvrir la possibilité aux pays le souhaitant, de livrer certains de ses chars à Kiev, qui appelle à lui en livrer sans attendre pour combattre l'invasion russe. 
L'ESSENTIEL

Sous pression depuis des jours, l'Allemagne a entrouvert mardi la voie à une autorisation pour les pays alliés de livrer des chars lourds Leopard réclamés avec insistance par l'Ukraine, promettant de répondre "avec l'urgence requise" à une requête en ce sens de la Pologne. A Berlin, le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius a déclaré avoir "expressément encouragé les pays partenaires qui ont des chars Leopard prêts à être déployés à entraîner les forces ukrainiennes sur ces chars", au cours d'une conférence de presse à Berlin avec Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l'Otan.

Ces déclarations constituent une avancée dans la position de l'Allemagne, où le gouvernement d'Olaf Scholz subit une pression croissante en vue de donner son feu vert aux Etats membres de l'Alliance atlantique qui le souhaitent pour qu'ils puissent livrer à l'Ukraine des chars d'assaut Leopard, de fabrication allemande.

Jusqu'ici, la Finlande et la Pologne se sont dites prêtes à le faire. Varsovie, qui veut créer une "coalition de pays soutenant l'Ukraine avec des chars Leopard 2", a officiellement envoyé une requête en ce sens, dont la réception a été confirmée mardi par Berlin. "Nous allons traiter la demande avec l'urgence requise conformément à la procédure prévue", a assuré un porte-parole du gouvernement allemand. Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a dit espérer une réponse rapide, "parce que les Allemands tardent, tergiversent, agissent d'une manière difficile à comprendre".

Les principales informations : 

- La Pologne a prévenu lundi qu'elle était prête à se passer de l'aval de Berlin pour livrer des chars Leopard de fabrication allemande à l'Ukraine.

- L'Allemagne a annoncé analyser "avec l'urgence requise", la demande de la Pologne

- L'Estonie et la Lettonie, ont chacune annoncé dans la journée leur décision d'expulser l'ambassadeur de Russie sur leur sol, emboîtant le pas à la Lituanie qui avait fait de même l'année dernière.

- Sur le terrain, des tirs de l'artillerie russe ont fait lundi un mort, un civil, à Antonivka, un village de la région méridionale de Kherson.

- Dans le nord-est, dans la région de Soumy, une jeune femme a péri et deux autres personnes ont été blessées quand une maison a été frappée par un obus à Esmanska, tandis qu'un immeuble d'habitation a été "directement touché" à Vorojba, d'après les autorités régionales ukrainiennes.

"Les discussions sur les chars doivent se finir par des décisions", exhorte Zelensky

"Les discussions doivent se finir par des décisions", a exhorté mardi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky au sujet de possibles livraisons de chars lourds occidentaux à l'Ukraine, au moment où Berlin et Washington pourraient sauter le pas mercredi selon plusieurs médias.

"Les alliés ont le nombre requis de tanks" nécessaires à l'armée ukrainienne pour renverser les troupes de Moscou, a-t-il déclaré dans son allocution quotidienne publiée sur les réseaux sociaux, martelant que "les besoins sont plus importants" que "cinq, dix ou quinze chars".

Cinq gouverneurs et quatre vice-ministres démis de leurs fonctions

Cinq gouverneurs régionaux et quatre vice-ministres ont été démis de leurs fonctions en Ukraine, a annoncé le gouvernement mardi après un scandale de corruption présumé dans l'armée. Selon Taras Melnytchouk, représentant du gouvernement auprès du Parlement, les gouverneurs des régions de Dnipropetrovsk (centre) Valentin Reznitchenko, de Zaporijjia (sud) Oleksandre Staroukh, de Soumy (nord) Dmytro Jivytsky, de Kherson (sud) Iaroslav Ianouchevitch et de la capitale Kiev, Oleksiï Kouleba, vont quitter leurs postes.

Valentin Reznitchenko a été accusé par plusieurs médias en novembre d'avoir attribué des contrats sur la réparation de routes portant sur des dizaines de millions d'euros à un groupe co-fondé par sa petite amie travaillant comme entraîneuse fitness. Selon des informations de presse, cet homme ainsi que ses confrères des régions de Soumy, Kherson et Zaporijjia figurent dans des enquêtes judiciaires, alors que le limogeage de M. Kouleba est lié à sa prochaine nomination au sein de l'administration présidentielle.

Kiev veut "des centaines" de chars

"Nous avons besoin (...) de plusieurs centaines" de chars, a martelé le chef de cabinet de la présidence ukrainienne Andriï Iermak, à un moment où les Russes sont à l'offensive, dans l'est de l'Ukraine en particulier. Lundi, au lendemain des propos d'Annalena Baerbock sur la livraison des chars Leopard, Steffen Hebestreit, le porte-parole du chancelier allemand, a reprécisé sa position : "le gouvernement fédéral n'exclut pas que des chars Leopard soient livrés, il n'a pas encore décidé s'il allait le faire maintenant".

La crainte d'une escalade militaire avec Moscou et les réticences de Berlin à assumer un leadership dans le camp occidental conduisent, selon des analystes, l'Allemagne à hésiter sur l'envoi de ces armes.

Attaques russes

Sur le terrain, des tirs de l'artillerie russe ont fait lundi un mort, un civil, à Antonivka, un village de la région méridionale de Kherson, a déploré son gouverneur, Iaroslav Ianouchevitch. La veille, un dirigeant de l'autorité locale d'occupation installée par Moscou avait affirmé que l'armée russe progressait en direction de deux localités de la région de Zaporijjia, également dans le sud, où les affrontements avec les troupes de Kiev se sont intensifiés cette semaine.

Lundi soir, l'état-major de l'armée ukrainienne a sobrement signalé que "les 20 et 21 janvier, l'ennemi avait mené des actions offensives dans le secteur", près de Mali Chtcherbaky. Dans le nord-est, dans la région de Soumy, une jeune femme a péri et deux autres personnes ont été blessées quand une maison a été frappée par un obus à Esmanska, tandis qu'un immeuble d'habitation a été "directement touché" à Vorojba, d'après les autorités régionales ukrainiennes.

Un des principaux chefs des séparatistes de l'est de l'Ukraine, Denis Pouchiline, s'est quant à lui affiché à Soledar, une petite ville dont Moscou a revendiqué la prise il y a plus d'une semaine. Pour les Russes, la conquête de cette cité est une étape en vue d'encercler Bakhmout, qu'ils cherchent à conquérir depuis l'été. Selon M. Pouchiline, les combats s'y "intensifient" et les soldats russes "avancent".

L'Ukraine n'a jusqu'à présent pas reconnu officiellement la perte de Soledar, maintenant que les combats continuaient dans sa partie occidentale.  "L'ennemi poursuit son offensive dans les secteurs de Bakhmout et d'Avdiivka visant à s'emparer de toute la région de Donetsk, malgré des pertes élevées", a noté dans la soirée l'état-major de l'armée ukrainienne.

Les séparatistes prorusses ont en outre assuré être entrés dans deux villages proches, Krasnopolivka et Dvouretchié.

Au moins 25 morts dans la région frontalière russe de Belgorod depuis le début de l'offensive

25 personnes ont été tuées et près de 100 autres blessées dans des frappes ukrainiennes sur la région frontalière russe de Belgorod depuis le début de l'intervention militaire de Moscou en Ukraine, a annoncé mardi son gouverneur.

"L'Ukraine, l'ennemi, bombarde des villages pacifiques. Nous avons 25 personnes tuées et 96 blessées", a déclaré Viatcheslav Gladkov au président Vladimir Poutine, lors d'un entretien diffusé à la télévision publique russe. C'est la première fois en onze mois qu'un bilan de victimes pour une région est donné officiellement par les autorités russes.

Ambassadeurs expulsés

Sur le front diplomatique, l'Estonie et la Lettonie ont annoncé expulser les ambassadeurs de Russie respectivement à Tallinn et à Riga. Les Estoniens ont agi ainsi à la suite d'une décision similaire prise quelques heures auparavant par les Russes à l'encontre du chef de leur représentation diplomatique à Moscou.

Les Lettons ont pour leur part expliqué leur geste par leur "solidarité avec l'Estonie et la Lituanie", qui avait annoncé en octobre l'expulsion du chargé d'affaires russe, et a également rappelé son ambassadeur en poste en Russie. Russes et Occidentaux ont multiplié les expulsions de diplomates ces dernières années et plus encore depuis que les Russes ont déclenché leur offensive contre l'Ukraine le 24 février 2022. 

Mais c'est la première fois que des ambassadeurs sont renvoyés dans leur pays depuis le début de la guerre. À l'opposé, l'Afrique du Sud, qui avait refusé de condamner Moscou depuis le début de la guerre en Ukraine, a franchi un nouveau cap lundi en se proclamant "amie" de la Russie.