Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 330e jour de l'invasion russe

Un hélicoptère s'est écrasé dans la banlieue de Kiev, avec à son bord, le ministre de l'Intérieur ukrainien.
Un hélicoptère s'est écrasé dans la banlieue de Kiev, avec à son bord, le ministre de l'Intérieur ukrainien. © STR / NurPhoto / NurPhoto via AFP
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Europe 1 avec AFP , modifié à
Au 330e jour de la guerre, la Suède a annoncé livrer à l'armée ukrainienne, des canons automoteurs à longue portée de modèle Archer. De leurs cotés, les autorités ukrainiennes démarraient jeudi une enquête criminelle ordonnée par le président Volodymyr Zelensky, après le décès du ministre de l'Intérieur Denys Monastyrsky dans le crash de son hélicoptère qui a fait au moins 14 morts. 
L'ESSENTIEL

La Suède a décidé de livrer à l'armée ukrainienne des canons automoteurs à longue portée de modèle Archer, un équipement moderne réclamé par Kiev depuis de nombreux mois, ainsi que des blindés légers, a annoncé jeudi le gouvernement. Après une réunion du gouvernement, le Premier ministre suédois Ulf Kristersson a annoncé lors d'une conférence de presse "la première décision de commencer à livrer des systèmes d'artillerie Archer à l'Ukraine" pour l'aider contre la Russie.

La Suède, qui a rompu avec l'Ukraine avec sa doctrine de ne pas livrer d'armement à un pays en guerre, va également envoyer 50 blindés de combat d'infanterie CV-90 ainsi que des missiles anti-tank portables NLAW, a annoncé le gouvernement. Ces annonces interviennent au moment où les pays occidentaux multiplient les annonces d'envoi d'armes lourdes à l'Ukraine.

"Le soutien militaire est décisif", a affirmé le Premier ministre Kristersson car "il peut changer celui qui prend l'initiative dans l'hiver à venir" sur le front en Ukraine. D'une portée de plus de 30 kilomètres, pouvant dépasser 50 km avec certaines obus perfectionnés, le système d'artillerie Archer, produit par une filiale suédoise géant de l'armement BAE Systems, est de la même classe que le canon Caesar français.

Les informations à retenir :

  • Le crash d'un hélicoptère près de Kiev a fait au moins 14 morts.
  • Le ministre ukrainien de l'Intérieur faisait partie des passagers.
  • Une enquête criminelle a été ouverte après la catastophe

"Des chars doivent être livrés", dit Charles Michel

"Des chars doivent être livrés" à l'Ukraine, a déclaré jeudi le président du Conseil européen Charles Michel à l'issue d'une visite à Kiev où il a notamment échangé avec le président Volodymyr Zelensky.

"Nous entendons votre message. Vous avez besoin de plus de systèmes de défense anti-aérienne et d'artillerie, de plus de munitions", a indiqué Charles Michel sur Twitter, affirmant que les Occidentaux étaient "conscients" que "les prochaines semaines pourraient être décisives pour la suite" de la guerre avec la Russie.

L'Ukraine appelle ses alliés à livrer des chars et "cesser de trembler devant Poutine"

L'Ukraine a réitéré jeudi ses appels à ses alliés occidentaux pour lui fournir des chars et "cesser de trembler" devant le président russe Vladimir Poutine, malgré la réticence de certains dirigeants qui craignent une escalade avec Moscou.

"Il n'y a pas de tabous. De Washington à Londres, de Paris à Varsovie, on dit une chose: l'Ukraine a besoin de chars; c'est la clé pour mettre fin à la guerre", a lancé sur Twitter Mykhaïlo Podoliak, conseiller à la présidence ukrainienne. "Il est temps de cesser de trembler devant (Vladimir) Poutine et de franchir la dernière étape", a-t-il encore exhorté.

Zelensky critique les hésitations allemandes concernant des livraisons de chars

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a critiqué jeudi les hésitations de l'Allemagne à autoriser des livraisons de chars lourds, affirmant qu'il ne s'agissait pas de la "bonne stratégie". "Il y a des moments où l'on ne devrait pas hésiter ou se comparer. Quand quelqu'un dit 'je livrerai des chars si quelqu'un d'autre le fait'", a affirmé Volodymyr Zelensky qui intervenait par visioconférence lors d'un petit-déjeuner en marge du Forum de Davos.

Le président ukrainien faisait référence à des informations de presse selon lesquelles Berlin ne livrera des chars lourds que si les Etats-Unis livrent des chars Abrams. Or Washington n'est pas prête à fournir à l'Ukraine ces chars de combats, a déclaré mercredi un haut responsable du Pentagone, justifiant ce refus par des questions de maintenance et de formation, sans toutefois exclure un changement de la position américaine à l'avenir.

"Je ne pense pas qu'il s'agisse de la bonne stratégie à adopter", a regretté le président ukrainien en visant Berlin qui fait l'objet d'une pression croissante de plusieurs voisins européens pour qu'elle autorise des livraisons de Leopard, des chars de combat très puissants.

Une enquête ouverte après le crash de l'hélicoptère du ministre de l'Intérieur

Les autorités ukrainiennes démarraient jeudi une enquête criminelle ordonnée par le président Volodymyr Zelensky, après le décès du ministre de l'Intérieur Denys Monastyrsky dans le crash de son hélicoptère qui a fait au moins 14 morts. "Le Service de sécurité d'Ukraine a ouvert une enquête criminelle sur ce terrible événement", a déclaré Volodymyr Zelensky dans un discours mercredi soir. "J'ai chargé le chef du Service de sécurité de l'Ukraine, en coopération avec tous les autres organes autorisés, de clarifier toutes les circonstances de la catastrophe", a-t-il encore précisé.

L'hélicoptère, un Super Puma EC-225 (Airbus Helicopters) selon le Service d'Etat pour les situations d'urgence (SES) auquel il appartenait, s'est écrasé mercredi matin à Brovary, près de Kiev. Selon la même source, neuf personnes étaient à bord de l'appareil, dont le ministre et son adjoint. Selon un dernier bilan attribuée à la même source, 14 personnes sont mortes dont un enfant, et 25 blessés sont hospitalisés, dont 11 enfants.

"Le chef de la police nationale de l'Ukraine sera à la tête du ministère pour le moment. Nous avons également réparti les responsabilités qui incombaient au ministre dans le cadre de notre opération de défense et de la garantie de la sécurité de l'État", a ajouté Volodymyr Zelensky.

Sur place, des journalistes de l'AFP ont vu des débris près d'immeubles d'habitation, une portière, deux voitures écrasées. Et des corps emballés et emmenés sur une civière, un à un, jusqu'à un fourgon.

"Notre peine est indicible"

Ce crash, survenu quatre jours après une frappe de missile russe qui a fait 45 morts à Dnipro, dans l'est de l'Ukraine, a suscité une vive émotion. Les responsables ukrainiens, comme le Premier ministre Denys Chmygal sur Telegram, ont qualifié de "grande perte" la mort de Denys Monastyrsky, 42 ans, un ancien avocat qui avait rallié le parti de Volodymyr Zelensky.

A Washington, le président Joe Biden et son épouse Jill "pleurent avec tous ceux qui sont endeuillés par cette tragédie déchirante", a fait savoir la Maison Blanche. Le président du Conseil européen, Charles Michel, a déploré sur Twitter le décès d'"un grand ami de l'UE". Au Forum économique mondial de Davos (Suisse), le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg a assuré que les pays membres de son organisation allaient fournir à Kiev des armes "plus lourdes et plus modernes".

Le groupe de contact pour l'Ukraine, qui rassemble quelque 50 pays emmenés par les Etats-Unis, se réunit vendredi sur la base américaine de Ramstein en Allemagne pour coordonner la poursuite de l'aide à Kiev. "Le message principal sera un soutien accru avec des armes plus lourdes et plus modernes", selon M. Stoltenberg. Peu avant, le président ukrainien avait lancé par visioconférence un "appel à de la vitesse" dans la prise de décision pour aider l'Ukraine, alors que l'Allemagne notamment hésite à autoriser la livraison au pays de chars Leopard.

"La tyrannie avance plus vite que les démocraties", a déploré Volodymyr Zelensky. "Le temps que le monde libre utilise pour réfléchir est utilisé par un Etat terroriste pour tuer".

Le chef de Wagner dit avoir des "choses à apprendre" de l'armée ukrainienne

Le patron du groupe de mercenaires Wagner, Evguéni Prigojine, a indiqué que ses troupes avaient "des choses à apprendre" de l'armée ukrainienne, en pleine bataille acharnée pour la prise de Bakhmout dans l'est de l'Ukraine. "L'armée ukrainienne travaille efficacement, de manière cohérente. On a des choses à apprendre d'eux. Mais dans tous les cas les unités de Wagner vont de l'avant, mètre par mètre", a-t-il affirmé dans un message publié jeudi par son service de presse.

Il a assuré que "la localité d'Artiomovsk (nom donné par les autorités russes à Bakhmout, NDLR) sera prise". Depuis l'été dernier, les troupes de Wagner et l'armée russe tentent de s'emparer de cette ville de la région de Donetsk (est) ayant un intérêt stratégique contestable mais qui a acquis un grand poids symbolique avec la longueur des combats.

Jeudi, Evguéni Prigojine a aussi affirmé que ses unités s'étaient emparé du village de Klichtchiivka, juste au sud de Bakhmout, et que des "combats féroces" étaient toujours en cours. La semaine dernière, Wagner avait annoncé la prise de Soledar, au nord-est de Bakhmout, présentée par Moscou comme une étape importante pour encercler cette dernière.