Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 306e jour de l'invasion russe

L'Ukraine prévoit d'appeler officiellement à l'exclusion de la Russie en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies.
L'Ukraine prévoit d'appeler officiellement à l'exclusion de la Russie en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies. © DANIEL SLIM / AFP
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avec AFP , modifié à
Au 306e jour de l'invasion russe, l'Ukraine appelle officiellement à l'exclusion de la Russie en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies. Le Conseil de sécurité est composé de 15 membres chargés de faire face aux crises mondiales en adoptant des sanctions, en autorisant des actions militaires et en approuvant des modifications de la charte des Nations unies.
L'ESSENTIEL

Une nouvelle attaque d'un drone ukrainien contre une base aérienne dans le sud de la Russie a fait trois morts lundi, jour durant lequel Kiev appelle à l'exclusion de Moscou du Conseil de sécurité de l'ONU et de l'organisation "dans son ensemble". La défense aérienne russe a abattu le drone ukrainien alors qu'il s'approchait, dans la nuit, de la base d'Engels dans la région de Saratov, ont rapporté lundi les agences de presse russes.

Située à plus de 600 km de l'Ukraine, cette base a été déjà frappée par une attaque au début du mois. "À la suite de la chute de l'épave du drone, trois techniciens russes qui se trouvaient sur l'aérodrome ont été mortellement blessés", selon l'agence de presse TASS citant le ministère de la Défense.

Les principales informations :

- Kiev accuse Moscou d'avoir mené plus de 4.500 cyber-attaques contre l'Ukraine

- L'Ukraine appelle à l'exclusion de la Russie de l'ONU

- Trois morts dans une base aérienne russe après une attaque d'un drone ukrainien

- Zelensky veut reprendre les régions annexées par la Russie

Selon Kiev, Moscou a mené plus de 4.500 cyber-attaques contre l'Ukraine

Les services de cyber-sécurité ukrainiens ont neutralisé plus de 4.500 cyber-attaques russes contre leur pays depuis le début de l'année, a accusé lundi un responsable. Dans une interview à la chaîne de télévision "My-Ukraine", Ilya Vitiuk, chef du département de cyber-sécurité au Service de sécurité de l'Ukraine (SSU), a déclaré que "le pays agresseur lance en moyenne plus de dix cyber-attaques par jour. Heureusement, la société ukrainienne n'est même pas au courant de la plupart d'entre elles". "Nous avons abordé 2022 avec huit ans d'expérience de guerre hybride derrière nous", a-t-il ajouté. "Au moment de l'invasion, nous étions déjà préparés pour les pires scénarios".

Selon lui, près de 800 cyber-attaques ont été enregistrées en 2020, plus de 1.400 en 2021 et en 2022 ce nombre a triplé. Des cyber-attaques "massives ont été repoussées en janvier et février et ont constitué pour nous un entraînement supplémentaire avant l'invasion" russe fin février, a poursuive Ilya Vitiuk.

Selon lui, Moscou cible en particulier le secteur de l'énergie, la logistique, les installations militaires, ainsi que les bases de données gouvernementales et les ressources d'information. "Nous surveillons les risques et les menaces en temps réel, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7", a-t-il assuré. "Nous connaissons nommément la plupart des hackers des services spéciaux russes qui travaillent contre nous. Après la victoire de l'Ukraine, ils devront comparaitre devant un tribunal militaire international".

L'Ukraine demande l'exclusion de la Russie de l'ONU

L'Ukraine a appelé lundi à l'exclusion de la Russie des Nations Unies, plus de dix mois après le début de l'invasion des troupes russes, une demande n'ayant guère de chance d'aboutir, Moscou disposant d'un droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU.

"L'Ukraine appelle les États membres de l'ONU (...) à priver la Fédération de Russie de son statut de membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU et à l'exclure de l'ONU dans son ensemble", a indiqué le ministère ukrainien des Affaires étrangères dans un communiqué.

Le FSB élimine un "groupe de saboteurs" ukrainiens

Les services de sécurité russes (FSB) ont affirmé lundi avoir tué la veille quatre "saboteurs" ukrainiens alors qu'ils tentaient, selon cette source, de pénétrer dans la région russe de Briansk, frontalière de l'Ukraine. "A l'issue d'affrontements armés le 25 décembre, quatre saboteurs ont été éliminés lors d'une tentative de pénétration sur le territoire de la région de Briansk depuis l'Ukraine", a indiqué le FSB, cité par les agences de presse russes.

Selon le FSB, ce groupe, accusé de vouloir "commettre des actes terroristes et de sabotage", était équipé de pistolets-mitrailleurs SIG Sauer de fabrication allemande, de dispositifs de communication, ainsi que de "quatre engins explosifs improvisés". Une vidéo, diffusée par l'agence de presse Ria-Novosti et attribuée au FSB, montre quatre cadavres ensanglantés, entourés d'armes et vêtus de tenues de camouflage hivernal.

Risque de division de la Russie, argue Poutine

La veille, le président russe a cherché à justifier l'offensive militaire du Kremlin contre l'Ukraine qui dure depuis plus de dix mois, mais qui n'a toujours pas permis à la Russie d'atteindre ses objectifs. "Tout est basé sur la politique de nos adversaires géopolitiques, qui visent à diviser la Russie, la Russie historique", a dénoncé Vladimir Poutine dans un entretien rendu public dimanche par la télévision publique.

Le président russe utilise régulièrement le concept de "Russie historique" pour justifier l'intervention militaire en Ukraine par le besoin de rassembler Ukrainiens et Russes, qui ne formeraient qu'un seul et même peuple. "'Diviser pour mieux régner' : ils ont toujours essayé de le faire, ils essaient de le faire maintenant, mais notre objectif est tout autre : unir le peuple russe", a-t-il affirmé.

Poutine confiant sur la destruction du système Patriot

Selon Vladimir Poutine, l'armée russe "agit dans la bonne direction" en Ukraine. Et il a promis que les troupes russes élimineraient le système de défense antiaérienne Patriot, que Kiev a obtenu cette semaine des Américains. "Bien sûr, nous allons le détruire, à 100%!", a lancé Vladimir Poutine, trois jours après avoir affirmé que son armée trouverait "un antidote" pour contrer "ce système assez vieux".

Outre le système Patriot, le président ukrainien Volodymyr Zelensky est reparti de sa visite aux Etats-Unis avec une promesse d'enveloppe de 45 milliards de dollars d'aide prévue dans le prochain budget fédéral américain.

Zelensky veut reprendre les quatre régions annexées et la Crimée

Si l'état-major russe a confirmé viser la conquête de la totalité de la région industrielle de Donetsk, Volodymyr Zelensky a lui juré vouloir reprendre les quatre régions ukrainiennes annexées fin septembre par la Russie - Donetsk, Lougansk, Zaporijjia, Kherson -, ainsi que la péninsule de Crimée, annexée en 2014.

Il a fustigé les "terroristes" russes qui ont mené des bombardements samedi contre le centre-ville de Kherson, ville du sud de l'Ukraine reprise le 11 novembre après huit mois d'occupation par les troupes de Moscou. Le marché central et des rues adjacentes ont été bombardés, faisant au moins 10 morts et 55 blessés, un "acte de terreur", selon le président ukrainien.

Volodymyr Zelensky a appelé les Ukrainiens à se préparer à de nouvelles attaques d'ici la fin de l'année. "Nous devons être conscient que notre ennemi va essayer de rendre ce moment sombre et difficile". Vladimir Saldo, le chef de l'administration prorusse de Kherson, a, lui, imputé l'attaque à l'armée ukrainienne, fustigeant "une provocation écœurante visant bien sûr à faire accuser les forces armées de la Fédération de Russie".

L'Ukraine, un pays divisé entre Eglise dépendante et indépendante de la tutelle russe

Dimanche à Kiev, des orthodoxes ont fêté Noël, aux côtés des catholiques, un signe fort de défiance envers les autorités religieuses russes, qui célèbreront elles la naissance de Jésus dans deux semaines. "La guerre nous a amené tellement de chagrin", a confié à l'AFP dans une église du centre-ville une fidèle, Olga Stanko. "On ne peut pas rester sous l'influence russe", a-t-elle ajouté, alors que le conflit militaire s'est déplacé ces dernières semaines sur le terrain religieux.

L'Ukraine, un pays dont la population est en majorité orthodoxe, est en effet divisée entre une Eglise dépendant du Patriarcat de Moscou - qui a annoncé rompre ses liens avec la Russie fin mai du fait de l'offensive russe - et une Eglise indépendante de la tutelle russe. Créée fin 2018, cette dernière a prêté allégeance au Patriarcat œcuménique de Constantinople, qui a son siège à Istanbul.