Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 246e jour de l'invasion russe

La France, qui fournit à l'Ukraine un certain nombre de matériels militaires, ne procède à aucune cession susceptible de mettre sa sécurité en danger assure le gouvernement (Illustration).
La France, qui fournit à l'Ukraine un certain nombre de matériels militaires, ne procède à aucune cession susceptible de mettre sa sécurité en danger assure le gouvernement (Illustration). © Arthur Nicholas Orchard / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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avec AFP , modifié à
Alors que la guerre en Ukraine entre dans son 246e jour, la France, qui fournit à l'Ukraine un certain nombre de matériels militaires, ne procède à aucune cession susceptible de mettre sa sécurité en danger, a assuré mercredi soir le ministre des Armées Sébastien Lecornu. De son côté, Vladimir Poutine a supervisé mercredi l'entraînement de ses forces de dissuasion nucléaires au moment où Moscou a répété à l'Inde et à la Chine ses allégations sur la préparation par l'Ukraine d'une "bombe sale".
L'ESSENTIEL

La France, qui fournit à l'Ukraine un certain nombre de matériels militaires depuis le début de l'invasion russe, ne procède à aucune cession susceptible de mettre sa sécurité en danger, a assuré mercredi soir le ministre des Armées Sébastien Lecornu. "Nous ne faisons pas de cessions qui mettraient la nation française en danger. Nous le faisons avec le pragmatisme qui nous conduit à regarder la réalité de nos stocks, mais aussi la réalité des conseils que nous donnent nos généraux", a déclaré le ministre lors d'un débat sur le conflit au Sénat.

Ce "pragmatisme" n'en conduit pas moins la France "à tirer des conclusions" sur le réapprovisionnement de ses stocks de matériels : à titre d'exemple, "les 18 canons Caesar qui ont été donnés à l'Ukraine ont fait l'objet depuis le mois de juillet dernier d'une nouvelle commande en recomplétude", a rappelé le ministre.

Le don de ces canons "a pu destabiliser les plans de formation sur certains régiments d'artillerie, mais déstabiliser de la formation pour quelques artilleurs (...) n'a rien à voir avec le fait d'abaisser le standard de sécurité pour la France et les Français", a estimé Sébastien Lecornu. Selon le ministre, "le vrai sujet" consiste actuellement à développer une "économie de guerre", c'est-à-dire une capacité de recompléter les stocks plus vite dans le futur, notamment pour faire face à des conflits dits de "haute intensité".

Les informations à retenir : 

  • La France, qui fournit à l'Ukraine un certain nombre de matériels militaires depuis le début de l'invasion russe, ne procède à aucune cession susceptible de mettre sa sécurité en danger.
  • Vladimir Poutine a supervisé mercredi l'entraînement de ses forces de dissuasion nucléaires.
  • Les autorités d'occupation russe de Kherson ont annoncé mercredi avoir évacué 70.000 civils en une semaine.

"On a évidemment un sujet industriel qu'il nous faut traiter", a estimé Sébastien Lecornu, précisant que l'autonomie stratégique française passera à l'avenir par "un besoin de réactivité supplémentaire". Le président Emmanuel Macron doit justement se rendre jeudi dans le Cher pour visiter notamment plusieurs sites d'industrie d'armement afin d'illustrer cet effort de la France pour produire davantage et plus rapidement.

Emmanuel Macron avait confirmé début octobre que Paris envisageait l'envoi de six canons Caesar supplémentaires à l'Ukraine, en sus des 18 déjà livrés. Ces canons, fleuron de l'artillerie française, ont une portée de 40 kilomètres. La France a aussi fourni jusqu'ici des missiles antichar et anti-aérien, des véhicules de l'avant blindé (VAB), du carburant, des équipements individuels et une quinzaine de canons tractés TRF1 de 155 mm. Elle étudie la possibilité de livrer 20 véhicules blindés Bastion.

Le président russe Vladimir Poutine a supervisé mercredi l'entraînement de ses forces de dissuasion nucléaires au moment où Moscou a répété à l'Inde et à la Chine ses allégations sur la préparation par l'Ukraine d'une "bombe sale".

"Bombe sale": l'AIEA va mener "une vérification indépendante" cette semaine

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) va visiter "cette semaine" deux sites ukrainiens à la demande de Kiev, selon un communiqué, alors que le président russe Vladimir Poutine accuse l'Ukraine d'effacer les preuves de préparation d'une "bombe sale".

"Les inspecteurs vont procéder à une vérification indépendante (...) pour détecter tout détournement de matière nucléaire", a expliqué jeudi l'instance onusienne.

Pour Poutine, le monde entre dans sa décennie "la plus dangereuse"

Le monde entre dans sa décennie "la plus dangereuse" depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, a prévenu jeudi le président russe Vladimir Poutine, estimant que le conflit en Ukraine était l'illustration de la lutte contre la domination occidentale. "Nous sommes à un moment historique. Nous sommes sans doute face à la décennie la plus dangereuse, la plus importante, la plus imprévisible" depuis 1945, a déclaré le dirigeant russe, devant le forum de discussion de Valdaï à Moscou.

"L'Occident, sans unité claire, n'est pas en mesure de diriger le monde, mais il essaye désespérément, et la plupart des peuples du monde ne peuvent l'accepter", a-t-il affirmé, jugeant dès lors la planète en "situation révolutionnaire". Selon lui, l'assaut contre l'Ukraine s'inscrit dans ce "changement tectonique de tout l'ordre mondial".

"La Russie ne supportera jamais le diktat de l'Occident agressif, néocolonial", a-t-il ajouté, évoquant des changements "inévitables" dans "l'ordre mondial".

Les promesses d'aide des Etats-Unis et de l'UE pour 2023 sont "suffisantes", juge la cheffe du FMI

Les promesses d'aide à l'Ukraine de la part des Etats-Unis et de l'Union européenne s'annoncent "suffisantes" pour 2023, a estimé la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, dans une interview à l'AFP. "Oui, nous devrions aborder 2023 avec suffisamment de soutien financier pour l'Ukraine", a déclaré Kristalina Georgieva à Bruxelles en marge d'une conférence organisée par la Commission européenne.

Le Kremlin accuse l'Ukraine de s'être retirée des pourparlers "sur ordre" des Etats-Unis

Le Kremlin a accusé jeudi l'Ukraine de s'être retirée des négociations de paix en mars avec la Russie "sur ordre" des Etats-Unis, alors qu'"un équilibre très, très difficile avait été atteint" entre Kiev et Moscou.

"Le texte était en fait prêt. (...) Et puis, tout à coup, la partie ukrainienne a disparu des radars, (elle) a déclaré qu'elle ne voulait plus poursuivre les négociations", a déploré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, disant que Vladimir Poutine avait jugé "évident" qu'"un tel rejet des accords déjà convenus se soit clairement produit sur ordre de Washington".

Kiev dément toute velléité d'utiliser une "bombe sale"

Kiev, qui dément toute velléité d'utiliser une telle arme, et ses alliés occidentaux redoutent que de telles accusations ne servent de prétexte à Moscou pour une escalade du conflit ou à l'usage d'armes nucléaires par la Russie, dont les responsables ont menacé à plusieurs reprises en cas de menace importante.

Mercredi soir, le gouvernement slovène a assuré que Moscou avait utilisé une photo provenant de Slovénie et datant de 2010 pour étayer sur Twitter ses allégations sur la "bombe sale" que préparerait Kiev. L'usage "a été fait à mauvais escient et à l'insu des autorités slovènes", a déclaré Dragan Barbutovski, conseiller du Premier ministre Robert Golob. Le gouvernement slovène a publié une série de tweets en anglais pour dénoncer le fait que "la photo utilisée par le ministère russe des Affaires étrangères sur Twitter" soit "une photo de l'Agence slovène des déchets radioactifs (ARAO)". 

Vladimir Poutine a assisté mercredi depuis une salle de contrôle à  l'entraînement des forces russes de dissuasion stratégique, soit des troupes chargées notamment de répondre à la menace en cas de guerre nucléaire. Si ce type d'exercice est mené périodiquement, celui-ci intervient en pleine offensive russe en Ukraine.

"Sous la direction du commandant suprême des forces armées, Vladimir Poutine, les forces de dissuasion stratégique terrestres, maritimes et aériennes ont mené un entraînement et des lancements pratiques de missiles balistiques et de croisière ont été effectués", a indiqué le Kremlin.

La télévision russe a montré l'équipage d'un sous-marin préparer le lancement d'un missile depuis la mer de Barents dans l'Arctique. L'exercice a aussi impliqué des avions à long rayon d'action Tu-95. "Les tâches fixées lors de l'exercice d'entraînement à la dissuasion stratégique ont été accomplies dans leur intégralité, tous les missiles ayant atteint leur cible", a poursuivi le Kremlin.

"Menace existante" 

Peu avant ces manœuvres, la Russie a réitéré auprès de la Chine et de l'Inde ses accusations selon lesquelles l'Ukraine se préparerait à utiliser une "bombe sale", une arme constituée d'explosifs conventionnels entourés de matériaux radioactifs destinés à être disséminés lors de l'explosion.

Lors d'une conversation avec le ministre chinois de la Défense Wei Fenghe, son homologue russe Sergueï Choïgou a fait part de ses "préoccupations liées à d'éventuelles provocations de la part de l'Ukraine avec recours à une 'bombe sale'".La Russie avait avancé pour la première fois ces accusations dimanche lors de conversations téléphoniques entre Sergueï Choïgou et ses homologues américain, français, britannique et turc.

Serguei Choïgou a soulevé les mêmes "inquiétudes" lors d'un appel avec son homologue indien Rajnath Singh. L'Ukraine et les Occidentaux ont dénoncé des allégations "absurdes" et "dangereuses" et suggéré que la Russie se préparait elle-même à une escalade sur le champ de bataille, où ses troupes ont connu une série de défaites depuis septembre.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a assuré mercredi que la Russie disposait d'informations sur une "menace existante" de l'utilisation par l'Ukraine d'une "bombe sale".  Les responsables russes ont menacé à plusieurs reprises d'utiliser l'arme nucléaire pour défendre les territoires dont Moscou a revendiqué l'annexion en Ukraine, y compris à Kherson, dans le sud, où est attendue la prochaine bataille.

70.000 évacués

Les autorités d'occupation russe de Kherson ont annoncé mercredi avoir évacué 70.000 civils en une semaine de cette ville transformée en forteresse pour faire face à l'assaut ukrainien à venir. Ailleurs sur le front, au moins sept personnes ont été tuées et 13 blessées ces dernières 24 heures, selon le décompte de la présidence ukrainienne.

Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, la Russie a déjà utilisé quelque 400 drones iraniens contre sa population. Il a assuré que 60 à 70% de ces engins avaient été abattus par la défense antiaérienne de son pays. Selon lui, "des combats extrêmement féroces" ont lieu "près de Bakhmout", ville de la région de Donetsk dans l'est de l'Ukraine qui est depuis des mois une cible prioritaire de l'armée russe. 

"Des combats extrêmement féroces se déroulent dans la région de Donetsk, près de Bakhmout et d'Avdiïvka", a-t-il indiqué dans son allocution quotidienne publiée sur les réseaux sociaux. Kiev a également annoncé mercredi un nouvel échange de prisonniers avec Moscou concernant 10 soldats ukrainiens. La Russie a aussi rendu le corps du volontaire américain Joshua Alan Jones, tué en août au combat.

La Première ministre française Elisabeth Borne a pour sa part estimé que la Russie "devra répondre" de "violations barbares des lois de la guerre".  "Là où l'armée ukrainienne progresse, la libération s'accompagne de la découverte de massacres ou de charniers (...) Ce sont des actes choquants, révoltants, monstrueux. Ce sont des violations barbares des lois de la guerre, la Russie devra en répondre", a-t-elle déclaré lors d'un débat au Sénat français.