Une équipe de responsables russes et ukrainiens doit inspecter mercredi près d'Istanbul le premier chargement de céréales exporté par l'Ukraine. 3:05
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avec AFP , modifié à
Au 161e jour de l'invasion russe en Ukraine, des experts turcs, russes et ukrainiens ont inspecté mercredi près d'Istanbul le navire transportant le premier chargement de céréales exporté par l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe le 24 février, avant que le cargo ne reprenne sa route à destination du Liban.
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L'inspection du Razoni, le navire transportant le premier chargement de céréales exporté par l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe le 24 février, a duré un peu moins d'une heure et demie, a constaté l'AFP. Le cargo a ensuite poursuivi sa route, en s'engageant dans l'entrée nord du Bosphore en début d'après-midi. Cette inspection marquait la fin d'une "phase de test" des opérations de mise en œuvre de l'accord international signé en juillet à Istanbul en vue d'enrayer la crise alimentaire mondiale, a souligné le secrétariat du Centre de coordination conjointe.

Les informations à retenir :

  • Le navire transportant des céréales exporté par l'Ukraine part vers le Liban
  • Une équipe a inspecté le premier chargement de céréales
  • Le chef de l'ONU lance une enquête sur les explosions à la prison d'Olenivka
  • 16 autres bateaux chargés de céréales "attendent leur tour" pour quitter Odessa

La Russie s'assure de la nature de la cargaison

"L'équipe d'inspection a pu s'entretenir avec l'équipage et s'enquérir du trajet effectué dans le couloir maritime humanitaire dédié en mer Noire", a-t-il précisé avant d'ajouter que "les exportations de millions de tonnes de blé, de maïs et autres céréales doivent se poursuivre au départ de trois ports ukrainiens". Le cargo, battant pavillon de la Sierra Leone, avait quitté lundi le port ukrainien d'Odessa, sur la mer Noire, avec 26.000 tonnes de maïs à destination de Tripoli, au Liban.

La vingtaine d'experts et délégués des Nations unies vêtus de gilets de sauvetage orange et casqués, étaient emmenés par l'amiral turc Özcan Altunbulak, patron du Centre de coordination conjoint qui supervise les exportations et par l'amiral de l'US Navy en retraite, Fred Kenney. L'inspection s'est déroulée conformément au souhait de la Russie qui veut s'assurer de la nature de la cargaison.

16 autres bateaux attendent de quitter Odessa

Selon Kiev, 16 autres bateaux chargés de céréales sont en attente de quitter Odessa, le principal port ukrainien qui concentrait avant la guerre 60% de l'activité portuaire du pays. L'accord signé le 22 juillet via une médiation de la Turquie et sous l'égide des Nations unies, permet la reprise des envois vers les marchés mondiaux de céréales ukrainiennes bloquées depuis l'invasion russe, sous supervision internationale.

Le document prévoit notamment l'instauration de couloirs sécurisés afin de permettre la circulation en mer Noire des navires marchands et l'exportation de 20 à 25 millions de tonnes de céréales. Un accord similaire signé simultanément garantit à la Russie l'exportation de ses produits agricoles et de ses engrais, malgré les sanctions occidentales. Les deux accords doivent permettre d'atténuer la crise alimentaire mondiale provoquée par la montée en flèche des prix des denrées alimentaires dans certains des pays les plus pauvres.

La Russie dit avoir détruit un dépôt d'armes étrangères dans l'ouest

La Russie a affirmé mercredi avoir détruit un dépôt d'armes étrangères dans la région de Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine, une région frontalière de la Pologne rarement touchée par des frappes de Moscou. "Des missiles russes de haute précision" ont détruit près de Radekhiv, dans la région de Lviv, un "dépôt d'armes et de munitions étrangères qui ont été livrées au régime de Kiev depuis la Pologne", a indiqué l'armée russe dans un communiqué.

L'armée n'a pas donné plus d'éléments pour prouver ses affirmations, et l'AFP n'a pas été en mesure de vérifier ces déclarations de source indépendante.

Guterres lance une enquête sur les explosions à la prison d'Olenivka

Le secrétaire général de l'ONU va lancer une mission d'enquête pour découvrir la "vérité" sur les explosions la semaine dernière dans la prison d'Olenivka, dans une zone séparatiste prorusse de l'est de l'Ukraine, a-t-il annoncé mercredi, répondant aux demandes de Kiev et de Moscou.

"J'ai décidé (...) de lancer une mission d'enquête" après avoir "reçu les requêtes de la Fédération de Russie et de l'Ukraine", a dit Antonio Guterres lors d'une conférence de presse, rappelant qu'il n'avait pas l'autorité de conduire des "enquêtes criminelles". "Les termes de référence de cette mission d'enquête sont en train d'être préparés", a-t-il ajouté, espérant pouvoir trouver un accord avec la Russie et l'Ukraine sur ces termes. 

"Nous espérons obtenir toutes les facilités d'accès de la part des deux parties et l'obtention des données nécessaires pour établir la vérité sur ce qui s'est passé", a-t-il ajouté, précisant être en train de chercher les personnes adéquates, "indépendantes et compétentes", pour intégrer cette mission.

Un mort et deux blessés dans un bombardement russe à Tchougouïv

Sur le terrain, l'armée russe a bombardé la ville de Tchougouïv, dans le nord-est de l'Ukraine, faisant un mort et deux blessés, a annoncé sur Facebook un responsable de la police de la région de Kharkiv, Serguiï Bolvinov. Il a précisé que la personne tuée et un des blessés sont "des citoyens russes". Kharkiv, la deuxième ville ukrainienne, proche de la frontière russe, a été la cible de deux frappes dans la nuit de mardi à mercredi depuis le territoire russe, selon les autorités régionales.

Par ailleurs, l'armée russe a annoncé mercredi avoir détruit un dépôt d'armes étrangères dans la région de Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine, avec "des missiles de haute précision". Selon les premières informations, il s'agit de missiles S-300 tirés depuis la région frontalière russe de Belgorod, dont un a touché le sol et l'autre une installation civile sans faire de victime, a indiqué le gouverneur Oleg Sinegoubov sur Telegram.

En juin, Moscou avait déjà affirmé avoir détruit un dépôt d'armes livrées par l'Otan dans l'ouest de l'Ukraine, relativement épargné par les bombardements.

Mykolaïv de nouveau bombardée dans la nuit

La ville de Mykolaïv, dans le sud, a de nouveau été bombardée dans la nuit, a annoncé le gouverneur régional Vitali Kim sur Telegram. Un supermarché et une pharmacie ont été détruits et une école équestre a été touchée, a-t-il assuré. Selon le maire Oleksandre Senkevytch, "des explosions puissantes" ont été entendues mercredi vers 05h00 du matin.

Dans le bassin du Donbass, dans l'est de l'Ukraine, Pavlo Kyrylenko, le gouverneur de la région de Donetsk, dans l'épicentre des combats, a fait état mercredi de quatre civils tués au cours des dernières 24 heures.

Olaf Scholz accuse la Russie de bloquer la livraison d'une turbine

L'Ukraine, qui mène actuellement une contre-offensive dans le sud du pays, a annoncé mardi avoir repris 53 localités dans le région de Kherson, la première ville d'importance tombée aux mains de l'armée russe le 3 mars. L'artillerie est décisive dans le conflit en Ukraine. Particulièrement gourmandes en projectiles de toutes sortes, les armées ukrainienne et russe se livrent à une guerre d'usure au niveau des munitions.

Par ailleurs, le chancelier allemand Olaf Scholz a accusé mercredi la Russie d'être responsable du blocage de la livraison d'une turbine actuellement en Allemagne, sans laquelle le pipeline Nord Stream 1 qui fournit du gaz à l'Europe ne peut, selon Moscou, fonctionner normalement. Les Occidentaux accusent Moscou de se servir de l'arme énergétique en représailles des sanctions adoptées après l'offensive contre l'Ukraine.