Israël-Hamas : ce qu'il faut retenir au 35e jour du conflit

hôpital al-Shifa
Le gouvernement du mouvement palestinien Hamas à Gaza a affirmé que 13 Palestiniens avaient été tués et des dizaines d'autres blessés dans une frappe israélienne vendredi sur le complexe de l'hôpital al-Shifa (illustration). © BASHAR TALEB / AFP
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avec AFP / Crédit photo : BASHAR TALEB / AFP , modifié à
L'armée israélienne a accepté d'observer des pauses de quelques heures chaque jour dans le nord de la bande de Gaza, pour permettre aux civils palestiniens de quitter cette zone. Le plus grand complexe hospitalier de la bande de Gaza a subi vendredi une frappe meurtrière dans le nord du territoire palestinien où des combats font rage entre l'armée israélienne et le Hamas.

Au 35e jour du conflit entre Israël et le Hamas, l'armée israélienne a accepté d'observer des pauses de quelques heures chaque jour dans le nord de la bande de Gaza, pour permettre aux civils palestiniens de quitter cette zone où les combats avec le Hamas font rage, sans perspective de cessez-le-feu. "Un cessez-le-feu avec le Hamas signifie une reddition", a répété jeudi soir le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu sur la chaîne Fox News, réaffirmant son objectif d'"éradiquer le Hamas" qui a déclenché la guerre en attaquant Israël le 7 octobre. "Rien ne nous arrêtera".

Les informations à retenir :

  • Tsahal a accepté d'observer des pauses de quelques heures chaque jour dans le nord de la bande de Gaza
  • L'armée israélienne a annoncé avoir intercepté jeudi des missiles qui se dirigeaient vers son territoire
  • Plus de 1.200 personnes ont péri côté israélien
  • 11.078 personnes, dont 4.506 enfants et 3.027 femmes, ont été tuées, selon le ministère de la Santé du Hamas
  • Le plus grand complexe hospitalier de la bande de Gaza a subi vendredi selon les Palestiniens une frappe meurtrière dans le nord du territoire
  • Le directeur de l'hôpital al-Shifa, le plus grand de la bande de Gaza, a affirmé avoir reçu "une cinquantaine de corps après le bombardement vendredi matin d'une école" de la ville de Gaza
  • Le Croissant-Rouge palestinien a affirmé que des tirs de soldats d'élite israéliens vendredi sur l'hôpital Al-Quds de Gaza-ville avaient fait au moins un mort et 20 blessés
  • Plus de 100 employés de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens ont été tués

Emmanuel Macron "exhorte Israël à cesser" les bombardements tuant des civils à Gaza

Le président français Emmanuel Macron "exhorte Israël à cesser" les bombardements tuant des civils à Gaza, dans un entretien accordé à la BBC diffusé vendredi soir.

"Nous partageons la douleur (d'Israël). Et nous partageons leur volonté de se débarrasser du terrorisme". Mais il n'y a "aucune justification" aux bombardements tuant des civils à Gaza, a-t-il déclaré, en mentionnant les "bébés, les femmes et les personnes âgées". Interrogé sur une éventuelle violation du droit international par Israël, Emmanuel Macron a souligné qu'il n'était "pas un juge", mais "un chef d'État".

Le système de santé de Gaza est "à genoux", alerte le patron de l'OMS

Le système de santé de la bande de Gaza est "à genoux", a alerté vendredi le patron de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) devant le Conseil de sécurité de l'ONU, notant que la moitié des 36 hôpitaux de l'enclave ne fonctionnaient "plus du tout".

"La situation sur le terrain est impossible à décrire: des couloirs d'hôpitaux où s'entassent blessés, malades et mourants, des morgues qui débordent, des chirurgies sans anesthésie, des dizaines de milliers de personnes réfugiées dans les hôpitaux", a lancé Tedros Adhanom Ghebreyesus, comptabilisant "plus de 250 attaques" sur des établissements de santé à Gaza et en Cisjordanie depuis le début de la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre.

Israël revoit à 1.200 morts le bilan de l'attaque du Hamas le 7 octobre

Israël a revu de 1.400 à 1.200 morts le bilan de l'attaque du Hamas menée le 7 octobre sur son territoire après avoir identifié des corps comme étant ceux des hommes du mouvement islamiste, a indiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères vendredi à l'AFP.

Les autorités israéliennes ont "mis à jour" ce bilan car elles estiment désormais que "beaucoup de corps qui n'avaient pas été identifiés" sont ceux de personnes ayant participé à "l'attaque terroriste du Hamas et non des victimes israéliennes", a précisé Lior Haiat.

Les rassemblements contre l'antisémitisme sont un "motif d'espérance", juge Emmanuel Macron

Emmanuel Macron "salue avec respect" ceux qui défileront dimanche contre l'antisémitisme, des rassemblements qui sont "un motif d'espérance", a indiqué vendredi soir l'Elysée, laissant entendre que le chef de l'État ne participerait pas personnellement à la marche.

"Le président de la République combat sans relâche toutes les formes d'antisémitisme depuis le premier jour. Que des rassemblements viennent, partout en France, relayer ce combat est un motif d'espérance. Voilà pourquoi le président salue avec respect celles et ceux qui, dimanche, marcheront pour la République, contre l'antisémitisme et pour la libération des otages", écrit l'Elysée.

L'armée israélienne dit qu'elle "tuera" les membres du Hamas "qui tirent à partir des hôpitaux" à Gaza

Les soldats israéliens "tueront" les membres du Hamas "qui tirent à partir des hôpitaux" à Gaza, a déclaré vendredi un porte-parole de l'armée après que des frappes et des tirs meurtriers ont touché, selon des responsables palestiniens, plusieurs hôpitaux.

"Si nous voyons des terroristes du Hamas tirer à partir des hôpitaux, nous ferons ce que nous devons faire (...), nous les tuerons", a déclaré Richard Hecht à des journalistes, tout en admettant le "caractère sensible" de telles opérations.

Plus de 100 employés de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens ont été tués

L'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a annoncé vendredi que plus de 100 de ses employés sont morts dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre.

"Anéanti. Confirmation que plus de 100 collègues de l'UNRWA ont été tués en un mois. Parents, enseignants, infirmières, médecins, personnel de soutien. L'@UNRWA est en deuil, les Palestiniens sont en deuil, les Israéliens sont en deuil. Pour mettre fin à cette tragédie, il faut un cessez-le-feu humanitaire maintenant", a écrit le patron de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, sur le réseau X (anciennement Twitter).

Le Croissant-Rouge palestinien affirme que des snipers israéliens tirent sur un hôpital de Gaza-ville

Le Croissant-Rouge palestinien a affirmé que des tirs de soldats d'élite israéliens vendredi sur l'hôpital Al-Quds de Gaza-ville avaient fait au moins un mort et 20 blessés alors que d'intenses combats entre l'armée israélienne et le Hamas sont en cours dans cette zone.

"De violents affrontements ont lieu actuellement et des tireurs d'élite de l'occupation (israélienne) tirent sur l'hôpital Al-Quds, faisant des victimes parmi les personnes déplacées", a déclaré l'organisation médicale dans un communiqué. Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a dit "ne pas pouvoir discuter des lieux potentiels liés à nos opérations" pour ne pas "compromettre les troupes".

Le directeur d'un hôpital affirme que le bombardement d'une école a fait une cinquantaine de morts

Le directeur de l'hôpital al-Shifa, le plus grand de la bande de Gaza, a affirmé avoir reçu "une cinquantaine de corps après le bombardement vendredi matin d'une école" de la ville de Gaza, où s'abritent de nombreux déplacés.

"De nombreux chars (israéliens) sont postés à 200 mètres de l'école al-Bouraq sur la rue al-Nasr et encerclent quatre hôpitaux du secteur", a rapporté de son côté le bureau de presse du gouvernement du Hamas.

Frappe meurtrière sur un hôpital du nord de la bande de Gaza

Le plus grand complexe hospitalier de la bande de Gaza a subi vendredi selon les Palestiniens une frappe meurtrière dans le nord du territoire où des combats font rage entre l'armée israélienne et le Hamas. Le mouvement islamiste palestinien a fait état de 13 morts dans cette frappe sur le complexe de l'hôpital Shifa qu'il a attribuée à Israël comme le directeur de l'hôpital. L'armée israélienne, qui n'a pas communiqué dans l'immédiat sur une telle opération, avait indiqué jeudi soir qu'une de ses divisions menait d'importantes opérations dans une zone "très très proche" de l'hôpital.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a répété de son côté qu'Israël ne cherchait pas à "gouverner ou occuper" la bande de Gaza, plus d'un mois après le début de la guerre avec le Hamas qui a conduit à une situation humanitaire dramatique dans ce territoire palestinien assiégé, selon l'ONU et des ONG. Le patron de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini, a appelé vendredi à l'arrêt du "carnage" dans la bande de Gaza. "Raser des quartiers entiers n'est pas une réponse aux crimes odieux commis par le Hamas. Au contraire, cela crée une nouvelle génération de Palestiniens lésés, susceptibles de perpétuer le cycle de la violence. Le carnage doit simplement cesser", a-t-il déclaré dans une tribune de presse, selon un communiqué de l'UNRWA transmis vendredi aux médias.

Le ministère de la Santé du Hamas annonce un nouveau bilan de 11.078 morts

Le ministère de la Santé du Hamas palestinien a annoncé vendredi que 11.078 personnes avaient été tuées dans les bombardements israéliens sur la bande de Gaza depuis le début de la guerre le 7 octobre. Parmi les morts recensés à ce jour figurent 4.506 enfants et 3.027 femmes, a indiqué le ministère de la Santé. En outre, 27.490 personnes ont été blessées.

Des "pauses" humanitaires quotidiennes

Israël a cependant accepté de faire des "pauses" humanitaires quotidiennes à partir de jeudi pour permettre aux civils de fuir le nord -où les combats et les bombardements se concentrent -vers le sud du territoire, selon les Etats-Unis. Ces pauses "de quatre heures dans certaines zones du nord de la bande de Gaza, seront annoncées trois heures à l'avance", a précisé le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, selon qui Washington a reçu l'assurance qu'"il n'y aurait pas d'opérations militaires dans ces zones pendant la durée de la pause".

L'armée israélienne avait ouvert "un couloir d'évacuation" dimanche, mais des Palestiniens ont témoigné de combats persistants le long de cette route, empruntée par 100.000 personnes depuis mercredi, selon les chiffres de l'armée israélienne et du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA).

Le nombre de déplacés à Gaza s'élève désormais à 1,6 million de personnes

La foule d'hommes et de femmes à pied, portant leurs enfants dans les bras, munis pour certains de quelques petits baluchons, a constaté un journaliste de l'AFP, vient grossir les centaines de milliers de réfugiés entassés dans le sud du petit territoire, dans des conditions désastreuses. "On n'a pas d'eau, pas de toilettes, pas de boulangerie", dit Oum Alaa al-Hajin, qui a trouvé refuge dans l'hôpital al-Nasser, à Khan Younès, dans le sud, après des jours de marche. "On a une miche de pain tous les trois ou quatre jours, et il faut faire plusieurs heures de queue."

Selon l'OCHA, le nombre de déplacés à Gaza s'élève désormais à 1,6 million de personnes sur les 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza. Dans le nord, où demeurent encore des centaines de milliers de personnes, "le manque de nourriture est de plus en plus préoccupant", s'inquiète l'ONU, selon qui aucune organisation n'a été en mesure d'y fournir une assistance depuis huit jours. Les hôpitaux qui n'ont pas encore fermé manquent de médicaments et de carburant pour faire fonctionner les générateurs. Ahmad Mhanna, médecin de l'hôpital Al-Awda de Jabaliya, décrit une situation "tragique". Dans la maternité, "les médecins utilisent des lampes frontales", tout comme au bloc opératoire, où les chirurgiens opèrent "sous anesthésie locale".

Tshal resserre son étau sur Gaza-ville

Les troupes au sol israéliennes, appuyées par des bombardements, resserrent leur étau sur Gaza-ville qui abrite, selon l'armée, le "quartier militaire" du Hamas retranché dans un vaste réseau de tunnels. Elle a affirmé jeudi avoir détruit des "entrées de tunnels, des ateliers de fabrication de missiles antichars et des sites de lancement de roquettes". "Je pense que l'armée israélienne opère de manière exceptionnelle dans son combat contre les terroristes au sol et sous terre", a déclaré M. Netanyahu sur Fox News.

Selon la défense anti-aérienne israélienne, environ 9.500 roquettes ont été lancées vers Israël depuis le 7 octobre, la plupart interceptées. Mais leur nombre s'est "réduit de manière importante" depuis le 27 octobre et le début de ses opérations terrestres. M. Netanyahu a répété jeudi soir qu'Israël ne cherchait pas à "gouverner ou occuper" Gaza, "mais nous cherchons à lui donner, ainsi qu'à nous, un avenir meilleur".

"Plus qu'une crise humanitaire, une crise de l'humanité"

Alors que le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir une nouvelle fois à propos de Gaza vendredi, le patron de son agence pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) Philippe Lazzarini a affirmé jeudi que la situation s'apparente "plus qu'une crise humanitaire, (à) une crise de l'humanité", lors d'une conférence internationale organisée à Paris par le président français Emmanuel Macron. Cette conférence a permis d'atteindre un milliard d'euros d'engagements, destiné à répondre notamment aux besoins de l'ONU pour aider la population des Territoires palestiniens.

Israël a cependant nié l'existence d'une "crise humanitaire", tout en reconnaissant les "nombreuses difficultés" auxquelles font face les civils palestiniens, dont le territoire est privé d'eau, d'électricité, de nourriture et de médicaments par le siège total imposé par Israël depuis le 9 octobre.

Selon l'OCHA, seulement 65 camions d'aide en provenance d'Egypte, via le passage de Rafah, y sont parvenus le 9 novembre, un volume "tout à fait insuffisant". Le terminal de Rafah a par ailleurs rouvert jeudi pour permettre l'évacuation d'étrangers, binationaux et blessés.

L'armée israélienne a frappé la Syrie vendredi

L'armée israélienne a annoncé avoir intercepté jeudi des missiles qui se dirigeaient vers son territoire, et a frappé vendredi la Syrie après la chute d'un drone sur une école dans le sud d'Israël. Le drone s'est abattu jeudi sur une école dans la station balnéaire d'Eilat, sur la mer Rouge, sans faire de blessé. En riposte, l'armée israélienne a "frappé l'organisation qui a mené l'attaque" depuis la Syrie, a-t-elle indiqué sur X (anciennement Twitter), sans préciser le nom de cette organisation. Israël "tient le régime syrien responsable de tout acte terroriste qui émanerait de son territoire", a-t-elle averti.

Les combats continuent à Gaza

À Eilat, l'école touchée a subi des dégâts et les secours ont pris en charge sept personnes en état de choc. La ville balnéaire accueille des dizaines de milliers de personnes évacuées du nord d'Israël et de la région qui borde la bande de Gaza, où des combats font rage entre l'armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

L'armée israélienne a par ailleurs annoncé jeudi avoir utilisé son système antimissile à très longue portée Arrow 3 pour intercepter un projectile tiré "depuis la région de la mer Rouge", les rebelles Houthis au Yémen affirmant de leur côté avoir lancé des missiles balistiques contre Israël. C'est la première fois que le système Arrow 3, développé et produit conjointement par Israël et les Etats-Unis et déployé en 2017, intercepte une cible dans des conditions opérationnelles.

L'armée israélienne a également dit avoir intercepté jeudi soir "un projectile suspect" dans le sud du pays grâce à des batteries anti-aériennes Patriot. Elle a précisé que l'objet n'était "pas entré au-dessus du territoire israélien".

Le Yémen lance des missiles balistiques contre Israël

Au Yémen, les rebelles Houthis ont affirmé avoir lancé jeudi "une salve de missiles balistiques visant diverses cibles sensibles" dans la région d'Eilat, selon le porte-parole de leurs forces armées, Yahya Sari. "L'opération a atteint ses objectifs avec succès, provoquant des dommages directs aux cibles désignées malgré le mutisme de l'ennemi", a-t-il ajouté. Ces dernières semaines, le groupe yéménite proche de l'Iran a affirmé avoir lancé plusieurs attaques de drone contre Israël, en réponse aux bombardements israéliens dans la bande de Gaza.

Jeudi dans la soirée, le porte-parole de l'armée israélienne Daniel Hagari a affirmé lors d'un point avec la presse que la menace n'était "pas que le Yémen". "Nous surveillons les menaces dans la région, y compris contre Eilat, ça peut venir de plusieurs endroits", a-t-il ajouté. L'armée israélienne a également indiqué "poursuivre ses opérations pour détruire les infrastructures" du Hezbollah libanais, mouvement pro-iranien allié du Hamas. "Des avions de chasse ont frappé des cibles du Hezbollah en territoire libanais en riposte aux tirs vers Israël de la journée", a précisé l'armée.

La crainte d'un embrasement régional

La guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien le 7 octobre, fait craindre un embrasement régional. Plus de 1.400 personnes ont péri côté israélien, la plupart des civils tués le jour de l'attaque, selon les autorités israéliennes. En représailles, Israël pilonne la bande de Gaza, dirigée par le Hamas. Plus de 10.800 personnes, dont 4.412 enfants, ont été tuées, selon le ministère de la Santé du Hamas.