Guerre en Ukraine : la Russie juge qu'un cessez-le-feu temporaire serait «inacceptable»
Les pays de l'Union européenne ainsi que l'Ukraine se retrouvent ce jeudi à Bruxelles pour un sommet extraordinaire. Objectif de cette rencontre : muscler l'armement des 27. Dans le même temps, le président ukrainien Volodymyr Zelensky exhorte à ne pas relâcher la pression sur la Russie. Suivez notre direct.
Les dirigeants des vingt-sept pays de l'UE et Volodymyr Zelensky se retrouvent jeudi à Bruxelles pour un sommet extraordinaire sur l'Ukraine, destiné à muscler la défense européenne après l'altercation spectaculaire entre Donald Trump et le président ukrainien.
Ce qu'il faut retenir :
- Volodymyr Zelensky exhorte à ne pas relâcher la pression sur la Russie
- "L'Europe fait face à un danger clair et immédiat", s'alarme Ursula Von der Leyen
- Washington gèle son aide militaire à l'Ukraine depuis le début de la semaine
- La Russie considère comme une "menace" la "rhétorique nucléaire" de Macron
- Moscou juge qu'un cessez-le-feu temporaire serait "inacceptable"
La Russie juge qu'un cessez-le-feu temporaire en Ukraine serait "inacceptable"
La diplomatie russe a estimé jeudi qu'un cessez-le-feu provisoire en Ukraine, suggéré notamment par Paris et Kiev, serait "absolument inacceptable" car le conflit finirait par reprendre. "Des accords fermes sur un règlement définitif sont nécessaires", a assuré la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, jugeant toute forme de courte pause permettant une "réorganisation" des troupes comme "absolument inacceptable, car elle aboutira exactement au résultat inverse".
Les propos de Macron sur la dissuasion nucléaire perçus comme "une menace" par Moscou
La Russie a dénoncé jeudi le discours du président français Emmanuel Macron de la veille, disant voir une "menace" dans sa proposition d'une protection de l'Europe par le parapluie nucléaire français et l'accusant de vouloir "que la guerre continue".
"Bien sûr, c'est une menace contre la Russie. S'il nous voit comme une menace" et "dit qu'il est nécessaire d'utiliser l'arme nucléaire, de se préparer à utiliser l'arme nucléaire contre la Russie, bien sûr, c'est une menace", a déclaré jeudi lors d'une conférence de presse le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. Il a qualifié d'"absurdes" et "délirantes" les accusations selon lesquelles la Russie aurait l'intention d'attaquer l'Europe.
Volodymyr Zelensky exhorte à ne pas relâcher la pression sur la Russie
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé jeudi à ne pas relâcher la pression sur la Russie au lendemain d'une frappe sur un hôtel de Kryvyï Rig (centre) dans lequel se trouvaient des humanitaires étrangers qui ont "survécu".
"Il ne doit y avoir aucune pause dans la pression exercée sur la Russie pour qu'elle mette fin à cette guerre", a indiqué M. Zelensky sur X. Selon lui, des "citoyens américains et britanniques" membres d'une "organisation humanitaire" étaient "enregistrés" dans l'hôtel visé.
"L'Europe fait face à un danger clair et immédiat", s'alarme Ursula Von der Leyen
Face à la menace russe et à celle du désengagement américain, les lignent bougent : dans un virage longtemps inimaginable, l'Allemagne envisage désormais des investissements massifs pour renforcer son armée. Jusqu'ici apôtre d'une stricte orthodoxie budgétaire, elle vient même - à la stupéfaction de nombreux diplomates européens - de plaider pour une réforme du "corset budgétaire" de l'UE.
Le futur chancelier Friedrich Merz, vers lequel tous les regards sont tournés, est attendu à Bruxelles pour une rencontre avec le président du Conseil européen, Antonio Costa, quelques heures avant le début du sommet en milieu de journée. Dans un contexte géopolitique totalement chamboulé par les prises de position du président américain, la Commission européenne a dévoilé un plan pour "réarmer l'Europe" visant à mobiliser quelque 800 milliards d'euros. Parmi les pistes évoquées, la possibilité pour les États membres d'accroître sensiblement leurs dépenses militaires sans que cela soit pris en compte dans leur déficit".
"L'Europe fait face à un danger clair et immédiat d'une ampleur qu'aucun d'entre nous n'a connue dans sa vie d'adulte", a affirmé Ursula von der Leyen, dans une lettre adressée aux dirigeants des 27. Lors d'une allocution télévisée à la tonalité sombre mercredi soir, le président français Emmanuel Macron a de son côté dit vouloir "ouvrir le débat stratégique" sur la protection de l'Europe par le parapluie nucléaire français.
Washington gèle son aide militaire à l'Ukraine depuis lundi
Washington, qui s'est ouvertement rapproché du Kremlin depuis une conversation téléphonique entre Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine le 12 février, a gelé lundi son aide militaire à l'Ukraine. Ce gel, qui compromet à terme la capacité de Kiev à se défendre face à l'agression russe, concerne aussi le partage de renseignement, a fait savoir mercredi le chef de la CIA John Ratcliffe, un élément pourtant essentiel aux soldats ukrainiens sur le champ de bataille.
Du côté européen, quelque 30 milliards d'euros seront disponibles pour l'Ukraine en 2025, et plusieurs pays de l'UE ne voient pas la nécessité, dans l'immédiat, d'augmenter ce montant. L'Ukraine, qui a multiplié les gestes d'apaisement après la rencontre houleuse dans le Bureau ovale vendredi, où M. Trump avait menacé de "laisser tomber" l'Ukraine, a indiqué mercredi travailler à de nouveaux pourparlers avec les États-Unis.
Le chef de l'État ukrainien demande de solides garanties de sécurité à ses alliés occidentaux dans le cadre de potentiels pourparlers afin de s'assurer que l'armée russe n'envahisse pas à nouveau son pays après une hypothétique cessation des hostilités. "Nous voulons tous un avenir sûr pour notre peuple. Pas un cessez-le-feu provisoire mais la fin de la guerre une fois pour toutes.", a-t-il écrit mercredi sur les réseaux sociaux.
Mardi, le président ukrainien avait proposé une trêve avec la Russie dans les airs et en mer pour entamer des discussions sur une "paix durable" sous "le leadership" de Donald Trump. Il s'est aussi dit disposé à signer un accord-cadre sur l'exploitation des ressources naturelles en Ukraine avec les États-Unis, ce que le président américain réclame.
Des divergences de point de vue entre Européens ?
Pour Emmanuel Macron, Moscou a "déjà fait du conflit ukrainien un conflit mondial", et, dans ce contexte, "rester spectateur serait une folie". Mais la façon doit l'Europe doit se mettre en ordre de marche ne fait pas l'unanimité : le dirigeant hongrois nationaliste Viktor Orban, ardent soutien de Donald Trump, a mis en garde contre l'adoption de conclusions écrites sur l'Ukraine à l'issue du sommet, faisant courir le risque de voir les divisions éclater au grand jour.
"Sur l'Ukraine, l'objectif c'est de trouver un accord des 27, ou presque", résume d'une formule un diplomate européen. "Nous saurons avancer en tout état de cause. Ce qui est important, c'est que l'Ukraine soit soutenue". En Ukraine, quatre personnes ont été tuées dans des frappes russes dans la nuit de mercredi à jeudi, trois dans un tir de missile sur un hôtel de Kryvyï Rig (centre), où 14 blessés sont dans un état critique, et une troisième dans une attaque de drone sur un entrepôt de Soumy (nord), selon les autorités locales.