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Emmanuel Macron demandera au président syrien que les responsables d'exactions «soient jugés»

Europe 1 avec AFP - Mis à jour le . 3 min
Emmanuel Macron (Photo d'illustration).
Emmanuel Macron (Photo d'illustration). © Manon Cruz / POOL / AFP

Emmanuel Macron demandera mercredi au président de transition syrien Ahmad al-Chareh, qu'il va recevoir à Paris, "de faire en sorte que la lutte contre l'impunité soit une réalité" et que "les responsables d'exactions contre les civils" soient "jugés", a déclaré mardi la présidence française.

Emmanuel Macron va accueillir mercredi à Paris le président syrien Ahmad al-Chareh pour sa première visite dans un pays occidental, comme le révélait Europe 1, malgré les doutes qui s'accumulent sur la coalition islamiste au pouvoir depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre. Le président français "redira le soutien de la France à la construction d'une nouvelle Syrie, une Syrie libre, stable, souveraine et respectueuse de toutes les composantes de la société syrienne", a annoncé mardi l'Elysée à l'AFP.

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"Notre demande, c'est celle d'une protection de tous les civils"

Surtout, alors que cette visite est vivement critiquée par la droite et l'extrême droite françaises, il demandera à son invité "de faire en sorte que la lutte contre l'impunité soit une réalité" et que "les responsables d'exactions contre les civils" soient "jugés", a ajouté son entourage. "Notre demande, c'est celle d'une protection de tous les civils, quelle que soit leur origine et quelle que soit leur religion", a assuré la présidence française.

Elle a évoqué sa "préoccupation particulièrement forte" de "voir resurgir des confrontations interconfessionnelles extrêmement violentes" en Syrie, notamment avec les "massacres" sur la côte alaouite en mars et les "violences à destination de la communauté druze dans le sud de Damas" ces dernières semaines.

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La coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh tente de présenter un visage rassurant à l'international

Depuis qu'elle a pris le pouvoir en décembre, la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh tente de présenter un visage rassurant à la communauté internationale qui l'exhorte à respecter les libertés et protéger les minorités. En jeu, la levée des sanctions imposées au pouvoir de Bachar al-Assad, qui pèsent lourdement sur l'économie du pays, exsangue après 14 années de guerre civile, avec, selon l'ONU, 90% des Syriens vivant sous le seuil de pauvreté.

L'ONG française du secteur de la santé Mehad a alerté mardi sur "l'aggravation de la crise humanitaire" et "les baisses massives de financement de l'aide internationale", appelant la France à une "réponse forte". Le président al-Chareh, longtemps chef rebelle du groupe Hayat Tahrir al-Sham issu de l'ex-branche d'Al-Qaïda en Syrie, est lui-même toujours visé par une interdiction de voyager de l'ONU. La France a formulé une demande de dérogation auprès des Nations unies pour permettre son déplacement, selon des sources diplomatiques.

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De multiples doutes

Des massacres qui ont fait 1.700 morts, majoritairement alaouites, dans l'ouest du pays en mars, de récents combats avec des druzes, et des sévices documentés par des ONG ont soulevé des doutes sur la capacité des nouvelles autorités à contrôler certains combattants extrémistes qui leur sont affiliés.

L'invitation à cet homme au passé jihadiste, qui s'affichera mercredi en fin d'après-midi lors d'une rare conférence de presse conjointe avec Emmanuel Macron, divise la classe politique française. "Stupeur et consternation", a réagi la leader du Rassemblement national Marine Le Pen, décrivant le président syrien comme "un jihadiste passé par Daech et Al-Qaïda". "Une lourde erreur", a renchéri le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez.

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La gauche souligne "l'immense espoir" depuis la chute d'al-Assad

A gauche, la cheffe des députés de La France insoumise Mathilde Panot a, à l'inverse, salué "une bonne idée", au nom de l'"immense espoir qui a été levé par la chute du régime de Bachar al-Assad". L'entourage d'Emmanuel Macron balaye toute "naïveté", assurant connaître "le passé" de certains dirigeants syriens et exiger qu'il n'y ait "pas de complaisance" avec les "mouvements terroristes". "Ne pas engager le dialogue avec ces autorités de transition", "ce serait être irresponsable vis-à-vis des Français et surtout ce serait tapis rouge pour Daech", a estimé le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot sur RTL.

Selon lui, "la lutte contre le terrorisme, la maîtrise des flux migratoires, la maîtrise des trafics de drogue", ainsi que "l'avenir du Liban" voisin, "tout cela se joue en Syrie". La France se veut en première ligne dans ces deux pays sur lesquels elle a exercé un mandat colonial dans la première moitié du XXe siècle. Elle a organisé mi-février une conférence sur la reconstruction de la Syrie, dans l'espoir d'accompagner dans la bonne direction la fragile transition en cours.

"Ce régime a un projet autoritaire", explique à l'AFP l'ex-ambassadeur de France en Syrie Michel Duclos, expert auprès du cercle de réflexion Institut Montaigne. "Mais c'est un pouvoir qui a l'ambition d'être national, et donc d'intégrer les minorités", ajoute-t-il, affirmant que les faits "inquiétants" qui se sont enchaînés "ne sont pas tous de la responsabilité personnelle du dirigeant syrien".