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Louise Sallé / Crédit photo : STEPHANE MOUCHMOUCHE / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
Ce lundi a eu lieu la première journée de négociations de l’ONU sur la réduction de la pollution plastique à Paris, en vue de rédiger d’ici fin 2024 un traité contraignant. Durant cette première journée, beaucoup d’acteurs se sont rencontrés - des ONG, des entreprises et des États - pour discuter, sans vraiment faire avancer la rédaction du texte.

Dans le vaste hall de l’UNESCO, des discussions résonnent dans toutes les langues : des représentants de 175 pays qui défendent, chacun, leurs positions. L’Union européenne et le Canada, par exemple, souhaitent réduire la production de plastique. D’autres sont plus réticents, comme l’Arabie Saoudite et la Russie, qui ont empêché la tenue de discussions concrètes. 

Un début de négociations "déconcertant"

La sénatrice Angèle Préville, co-autrice d’un rapport parlementaire sur la pollution plastique, a assisté à cette première journée de négociation : "Ça a commencé par un problème de vote avec la Fédération de Russie et l'Arabie saoudite, qui sont intervenus plusieurs fois… Donc c'était très déconcertant parce que les discussions ne portaient pas sur le fond", regrette-t-elle au micro d’Europe 1.

Dans les couloirs, entre chaque session de vote, ONG et industriels du plastique rencontrent les délégations des États. Rodrigo Leiva est chilien. Il représente une association internationale d’entreprises de l’emballage qui prône la réduction de certains types de plastiques - de  "polymères" -, seulement. 

"Le plastique, c’est essentiel"

"On est d'accord pour diminuer la quantité de polymères autorisés, pour utiliser plus de matières recyclables", résume-t-il. "Mais le plastique, c'est essentiel", insiste-t-il. "Il y a des ONG qui veulent faire disparaître le plastique et ça, ce n'est pas une solution… Donc mettre tout le monde d'accord, c'est un grand challenge", concède ce lobbyiste. 

Ce à quoi Diane, de l’ONG Surfrider France, répond : "Il va falloir réduire le nombre de résines qu'on met sur le marché, afin de favoriser celles qui sont le moins toxiques et le plus recyclable, mais le diable sera dans les détails", met-elle en garde. "Quels types de résines, d'éléments chimiques va-t-on interdire ? C'est là où cela sera tendu, parce que côté ONG, on veut une liste assez restrictive pour réduire la toxicité des plastiques", commente-t-elle. "Mais pour d'autres, la liste peut être plus étendue". 

"Les plastiques ne sont pas recyclables à l'infini"

Pour Angèle Preville, enfin. s’intéresser uniquement aux matériaux recyclables est une fausse-solution. "Les plastiques ne sont pas recyclables à l'infini, mais seulement deux ou trois fois, et certains plastiques recyclés sont encore plus toxiques que les plastiques primaires, avec les substances ajoutées et les additifs qu'on peut y mettre", détaille-t-elle. "De toute façon, on a un problème de flux et on n'arrivera pas à collecter la quantité de plastique produite, même recyclable", souligne-t-elle.

D'ici à 2060, la production plastique doit en effet tripler par rapport à aujourd’hui, alors que moins de 10% de cette production annuelle est recyclée. Néanmoins, malgré ces dissensions, l’espoir d’aboutir d’ici la fin de la semaine sur une ébauche de texte avec des objectifs, même imprécis, reste ancré dans toutes les têtes.