Macron Blinken 1:24
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avec AFP , modifié à
Trois semaines après le déclenchement de la crise entre les États-Unis et la France, au sujet de la commande de sous-marins annulée par l'Australie, le secrétaire d'État Antony Blinken était à Paris, mardi. Le responsable de la diplomatie américaine a eu "un long tête-à-tête" avec Emmanuel Macron pour "contribuer à restaurer la confiance" entre les deux pays.

Emmanuel Macron a reçu mardi à Paris le secrétaire d'État américain Antony Blinken dans une ambiance studieuse mais sans effusions, pour préparer les "décisions concrètes" que le président français et Joe Biden annonceront fin octobre afin de sceller la réconciliation après une crise inédite. Le "long tête-à-tête", qui n'était initialement pas à l'agenda, doit "contribuer à restaurer la confiance entre la France et les États-Unis" après la crise des sous-marins, a déclaré la présidence française.

Un entretien "positif" et "productif"

Une source diplomatique française a assuré que les Américains prenaient au sérieux l'ire de leur allié de longue date, et ne tentaient pas juste de faire de la "câlinothérapie". Selon un haut responsable américain, qui a salué un entretien "positif" et "productif", il y a un "commun accord que nous avons une opportunité à présent d'approfondir et renforcer la coordination" notamment en matière de défense. "Mais beaucoup de travail difficile reste à faire pour identifier les décisions concrètes" qui seront soumises aux deux présidents en vue de leur propre rencontre prévue fin octobre en Europe, a-t-il expliqué.

Le coup de froid a éclaté le 15 septembre, quand le président des États-Unis a annoncé une nouvelle alliance avec l'Australie et le Royaume-Uni dans la région Indo-Pacifique, dans le cadre de sa grande priorité internationale: contrer la Chine. Ce partenariat baptisé AUKUS a suscité une rare colère de la France car il a torpillé un mégacontrat de sous-marins français passé avec les Australiens.

Il aura fallu un coup de fil Joe Biden et Emmanuel Macron, après une semaine glaciale, pour amorcer un certain réchauffement. Le locataire de la Maison-Blanche a fait publiquement amende honorable sur la méthode. Et les deux chefs d'État ont lancé un "processus de consultations approfondies". Selon le haut responsable américain, l'ambiance mardi était "sérieuse", et les conversations n'ont plus porté sur les récriminations françaises au sujet d'AUKUS comme au plus fort de la crise.

Accueil plus froid de Le Drian

Les retrouvailles parisiennes ont néanmoins été marquées par un accueil moins chaleureux que par le passé. Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a certes reçu longuement son homologue en tête-à-tête au Quai d'Orsay avant la rencontre formelle, mais il ne s'est affiché qu'a minima avec lui, sans conférence de presse commune.

En juin, le ministre français avait chaleureusement lancé "bienvenue chez toi" à Antony Blinken, parfait francophone qui a vécu dans la capitale française toute son adolescence et considère la France comme sa "deuxième patrie". Depuis mi-septembre, changement de ton : Jean-Yves Le Drian a dénoncé un "coup dans le dos" digne du cavalier seul de l'ère Trump, tant honnie côté français.

Pour montrer que la France n'est pas isolée, le ministre a multiplié lundi et mardi les échanges avec ses homologues européens. "Cette crise met en jeu les intérêts de tous les Européens concernant le fonctionnement de nos alliances et l'engagement des Européens dans l'Indo-Pacifique", insiste-t-on de source diplomatique française.