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Ugo Pascolo
Invitée d'Europe 1, la directrice de recherches à l’Inserm, Marie-Paule Kiény, affirme que les données du vaccin russe contre le Covid-19, le Spoutnik V, "semblent convaincantes". Alors que le vaccin est encore en phase trois, Moscou a lancé une campagne de vaccination samedi. Mais pour la spécialiste, la Russie ne va pas trop vite pour autant. 
INTERVIEW

La vaccination a déjà commencé dans certains pays. En Russie, la ville de Moscou a inoculé samedi à une partie de sa population le vaccin national contre le coronavirus, le Spoutnik V. Soignants, enseignants à risque mais aussi travailleurs sociaux, femmes enceintes ou allaitantes ont été invités à se rendre dans l'un des soixante-dix centres dédiés ouverts dans la capitale russe. Vendredi, le maire de Moscou Sergueï Sobianine a annoncé que 5.000 personnes s'étaient inscrites en cinq heures après l'ouverture de l'enregistrement en ligne.

Des données qui semblent convaincantes

Pourtant, le Spoutnik V n'est encore que dans la troisième et dernière phase d'essais cliniques et testé auprès de seulement 40.000 volontaires. Lancer une vaccination à grande échelle pourrait dès lors soulever plusieurs questions, mais pas pour Marie-Paule Kiény.

Invitée d'Europe 1 samedi, la présidente du Comité vaccin Covid-19 et directrice de recherches à l’Inserm l'affirme : "les données du vaccin russe semblent convaincantes d'un point de vue de l'efficacité." Et Marie-Paule Kiény sait de quoi elle parle, puisqu'elle a participé la semaine dernière, soit une semaine avant le début de la vaccination, "à une mission scientifique et technique" en lien avec le Spoutnik V sur place.

Moscou ne va pas trop vite

De plus, pour celle qui est par conséquent l'une des meilleures Françaises à pouvoir s'exprimer sur le sujet, Moscou ne va pas trop vite. "Je pense que les données collectées par la Russie, qu'elle doit encore compléter dans les prochains jours, ont persuadé l'autorité de régulation locale et le gouvernement à commencer la vaccination." 

À l'instar de Chine ou du Royaume-Uni, qui devrait commencer les vaccinations mardi, la Russie fait donc partie des premiers pays au monde à inoculer un vaccin contre le coronavirus. Une stratégie basée sur la rapidité et la volonté de "protéger la population", rappelle Marie-Paule Kiény. Mais elle s'explique également par la situation sanitaire sur place. Samedi, jour du début de l'opération, la Russie a ainsi enregistré 28.782 nouvelles infections en 24 heures, un nouveau record quotidien, portant le total à 2.431.731 cas depuis le début la pandémie, plaçant le pays à la quatrième place mondiale en nombre de cas.