Harvey Weinstein, très diminué physiquement, comparait pour seulement deux affaires d’agression sexuelle, les autres étant prescrites 1:26
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Xavier Yvon, édité par Cédric Chasseur avec AFP
Le procès du producteur Harvey Weinstein a commencé pour de bon à New York. L’ancien homme fort du cinéma américain, 67 ans, très diminué physiquement, comparait pour seulement deux affaires d’agression sexuelle, les autres étant prescrites. Violeur en série ou victime de femmes intéressées par sa position à Hollywood, l'accusation et la défense s'opposent sur le sujet. 
REPORTAGE

Après la sélection des jurés, les débats ont enfin commencé au procès d'Harvey Weinstein à New-York. Le producteur déchu, dénoncé par des dizaines de femmes pour des agressions sexuelles, y comparait pour seulement deux affaires, les autres étant prescrites. Et c'est l'accusation qui la première a dressé le portrait de l'ex-magnat du cinéma américain. Elle montre une image bien différente de celle que la défense veut montrer de son client.

Des détails très crues

Dans la salle d'audience, la procureure de Manhattan Meghan Hast fait défiler des photos sur une télé. On y voit Harvey Weinstein au fait de sa gloire sur le tapis rouge à Los Angeles. "Cet homme assis dans le box", dit-elle, "ce n’est pas juste un titan d’Hollywood, c’est un violeur".

Pendant deux heures, la magistrate raconte comment Harvey Weinstein, une brute de 135 kg selon ses mots, a agressé sexuellement ses victimes présumées. Avec des détails parfois très crues, qui font grimacer certains jurés. "Il a laissé l’une de ces femmes inanimées, comme un poisson mort", insiste la procureure. "Elles ne savaient pas qu'il mentait pour les attirer. Elles croyaient que leur carrière décollait enfin. Il était comme la vieille dame de la maison en pain d'épices qui attire les petits enfants chez elle", a déclaré Meghan Hast devant une salle d'audience pleine à craquer.

"Relations consenties"

Harvey Weinstein, cravate et costume sombre écoute en secouant la tête. "Il n’est ni un prédateur ni un manipulateur", explique l’un de ses avocats qui compte montrer que ces accusatrices ne sont pas crédibles. "Ses relations étaient consenties", dit Damon Cheronis dans sa plaidoirie. Pour le prouver, il se met à lire des textos et des e-mails envoyés au producteur par ses accusatrices après les faits. L’une d’elle demande "des tickets pour le festival de Cannes". Une autre écrit : "je t’aime, j’aimerai juste être autre chose pour toi qu’une histoire de sexe".

Les jurés, sept hommes et cinq femmes, devront trancher entre ces deux visions. Harvey Weinstein, prédateur, ou Harvey Weinstein, victime. Son procès doit durer jusqu'au 6 mars. En cas de condamnation, ce New-Yorkais pure souche, père de cinq enfants et divorcé deux fois, risque la perpétuité.