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Bientôt des réacteurs nucléaires sur la Lune ? Qu’est-ce que la «seconde course spatiale» annoncée par les Etats-Unis ?

Maud Baheng Daizey - Mis à jour le . 3 min
Bientôt des réacteurs nucléaires sur la Lune ? Qu’est-ce que la «seconde course spatiale» annoncée par les Etats-Unis ?
© RONALDO SCHEMIDT / AFP

Sean Duffy, ancien présentateur Fox News et désormais directeur par intérim de la NASA, a annoncé que l’installation de plusieurs réacteurs nucléaires sur la Lune était un "projet prioritaire" de l’agence spatiale américaine.

"C’est un petit isotope pour l’Homme, mais une grande fission nucléaire pour l’humanité." Tel est le nouvel adage de Sean Duffy, directeur par intérim de la NASA et ministre américain du Transport, lancé le 4 août dernier.  

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Ses propos font écho à la nouvelle directive du gouvernement américain du 31 juillet, intimant à la NASA de prioriser la construction de plusieurs réacteurs nucléaires sur la Lune. Objectif, faire décoller le premier réacteur d’ici 2029, alors que la Chine et la Russie veulent établir sur le satellite des générateurs nucléaires et une base d’ici les années 2030. 

Selon la directive gouvernementale américaine, le premier pays à avoir un réacteur sur la Lune "pourrait déclarer une zone d'exclusion qui entraverait considérablement les États-Unis", justifiant l'urgence de la demande. La directive ordonne également à la NASA de désigner un responsable pour cette initiative et de recueillir l'avis des industriels dans un délai de 60 jours. Le réacteur devra pouvoir fonctionner une dizaine d'années sans intervention humaine. 

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Un projet né au début des années 1970

Enfin, la NASA a expliqué dans un communiqué que le microréacteur devrait peser moins de 40 tonnes, transportable dans une fusée, car il serait impossible de déployer sur notre satellite des milliers de tonnes d’acier et de béton, sans lever des moyens financiers et énergétiques considérables. 

Une idée qui semble nouvelle pour le grand public, mais qui a émergé à la NASA dès la première course à l’espace, qui a vu Neil Armstrong poser le pied sur la lune en 1969. Mais pourquoi faudrait-il du nucléaire sur la Lune ? Tout simplement "pour exploiter de l’énergie pour les futures conquêtes spatiales", explique Carlo Carrelli, spécialiste de l’énergie nucléaire à l’Agence nationale italienne pour les nouvelles technologies, l'énergie et le développement économique durable et interrogé par France 24. 

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"Il y a eu beaucoup d’expérimentations à l’âge d’or de l’exploration spatiale dans les années 1960 et 1970 et déjà à l’époque, il était question de nucléaire. Il y a donc des recherches depuis des décennies, même si pour le grand public, l’idée d’un réacteur nucléaire sur la Lune peut sembler nouvelle", détaille-t-il.  

Une centrale nucléaire comme Fessenheim bientôt sur la Lune ? 

Pourtant, la source d’énergie la plus exploitée dans l’espace demeure le photovoltaïque, dont les panneaux solaires en orbite alimentent nombre de nos satellites. “Mais sur la Lune, il y a un problème spécifique lié à la nuit lunaire, qui dure 14 nuits terriennes”, explique Ian Whittaker, astrophysicien à l’université de Nottingham Trent.  

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Les panneaux solaires seraient alors dans l’impossibilité de se recharger et donc de fournir de l’énergie, ce pourquoi l’option du nucléaire est sur la table. Selon Simon Middleburgh, chercheur à l’Université de Bangor sur France 24, “un réacteur de la taille d’une voiture citadine pourrait permettre, en théorie, de procurer de l’énergie à une base lunaire pour environ six ans sans avoir besoin d’être rechargé.” 

Un risque “minime” d’explosion nucléaire sur la Lune  

Mais pourquoi les envoyer avant la construction d’une base ? Pour l’astrophysicien à l’université de Nottingham Trent Ian Whittaker interrogé par France 24, l’installation d’un réacteur permettra au pays lanceur de revendiquer la nécessité de construire une base, et donc déclarer une zone d’exclusion autour du réacteur.  

Enfin, "il y aura des défis inédits liés notamment à l’absence d’atmosphère sur la Lune. Sur Terre, la dissipation de la chaleur créée par la fission nucléaire est possible en partie grâce à l’existence de l’atmosphère terrestre. Il faut donc prendre cet aspect en compte pour trouver des moyens alternatifs pour refroidir les réacteurs", ajoute Simon Middleburgh. 

“Sur la Lune, il n’y a quasiment pas de gravité, et des phénomènes comme l’ébullition ne se déroulent pas comme sur Terre, ce qui complique également le processus de dissipation de chaleur", conclut le chercheur.