Avion disparu : la piste terroriste en trois questions

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Claire Rainfroy, avec Anthony Dufour et Bernard Chabbert , modifié à
LE POINT SUR L’ENQUÊTE - Alors que l'avion n'a pas été retrouvé, une enquête pour terrorisme a été ouverte.

Plus de quarante-huit heures après la disparition du Boeing 777 de Malaysia Airlines, le mystère reste entier. Alors que les recherches s'intensifient pour retrouver l’appareil, la piste terroriste est de plus en plus évoquée. Dimanche, les autorités malaisiennes ont ouvert une enquête pour terrorisme après la découverte de troublantes incohérences dans le registre des passagers. 

>>Pourquoi la piste d’un attentat est-elle évoquée si rapidement ?

Plusieurs incohérences ont été relevées dans le registre des passagers du vol. Deux personnes, qui voyageaient ensemble, se sont en effet enregistrées avec des documents européens volés, rappelle le correspondant d'Europe 1 en Asie, Anthony Dufour. “La presse malaisienne affirme ce matin que l’un des deux porteurs de faux passeports aurait été identifié, sans révéler son identité ni sa nationalité”, affirme Anthony Dufour. 

Les autorités malaisiennes vérifient également d'autres incohérences : certains voyageurs qui s'étaient enregistrés ne sont finalement pas montés à bord. Des éléments qui ne confirment aucune piste, mais qui renforcent la thèse terroriste.

>>Quels éléments accréditeraient la piste terroriste ?

Selon Bernard Chabbert, consultant aéronautique pour Europe 1, c’est la rapidité et la soudaineté de la disparition du Boeing qui accréditerait la piste terroriste. “L’équipage était très expérimenté. Or, en cas de problème à bord, l’une des premières choses que les pilotes font, est d'envoyer des messages d’alerte", explique Bernard Chabbert. "Y compris en cas de détournement : aujourd’hui, les cockpits sont dotés de porte blindées. Ce dispositif donne aux pilotes de longues minutes  pour communiquer, ce qu’ils n’ont pas fait. Si une piste terroriste est envisagée, il est donc plus probable qu’il s’agisse d’une explosion en vol”, assure  Bernard Chabbert.

Une théorie qui se heurte à l’absence de débris, et a fortiori d'épave. Ce dont s’étonne le spécialiste de l’aéronautique : “un avion de cette taille mesure près de 70 mètres. S’il explose en vol, il laisse des débris. D’où le mystère persistant : pour l’instant, aucun débris n’a été retrouvé”.

>>Comment interpréter la communication de Malaysia Airlines ?

En Chine, la colère des proches des 153 passagers chinois gronde. Ils reprochent à la Malaisie sa gestion très opaque” de la crise, et fustigent le manque d'information mise à leur disposition. Ce dont s’étonne également Bernard Chabbert, consultant aéronautique pour Europe 1, qui explique que l’avion était équipé d’un système envoyant en permanence des informations. Des éléments sur lesquels la direction de Malaysia Airlines, interrogée par des journalistes, a refusé de s’exprimer, assure Bernard Chabbert. “Leur silence peut faire penser aux proches que la compagnie en sait plus qu’elle ne veut bien le dire”, estime le spécialiste. 

Un manque de communication qui a conduit la Chine à presser la Malaisie “d’intensifier” ses efforts. "Les autorités malaisiennes ne peuvent pas échapper à leurs responsabilités", a souligné un éditorial acerbe du quotidien officiel Global Times, réputé pour son ton nationaliste.

“Les pays concernés, la Chine comme la Malaisie, n’ont pas une grande culture de la transparence”, rappelle le correspondant d’Europe 1 en Asie. “Les familles des passagers sont également en colère contre les autorités chinoises, car elles n’ont pas la possibilité légale d’avoir des passeports pour se rendre en Malaisie”, poursuit Anthony Dufour. 

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