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Noémie Loiselle avec AFP / Crédit photo : OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP , modifié à
Deux mille personnes selon la préfecture, dont des camarades de rugby de Thomas vêtus de leurs maillots bleus, ont écouté dans un profond silence les témoignages lus à l'intérieur de l'église de ce village situé à une dizaine de kilomètres du lieu du drame, ont constaté des journalistes de l'AFP sur place.

"Nous t'aimons et nous ne t'oublierons jamais". Profondément émus, en larmes, la famille et les proches de Thomas ont rendu vendredi un dernier hommage au jeune lycéen de 16 ans, tué en marge d'une fête de village dans la Drôme, lors d'une cérémonie de funérailles à la collégiale de Saint-Donat-sur-l'Herbasse. Deux mille personnes selon la préfecture, dont des camarades de rugby de Thomas vêtus de leurs maillots bleus, ont écouté dans un profond silence les témoignages lus à l'intérieur de l'église de ce village situé à une dizaine de kilomètres du lieu du drame, ont constaté des journalistes de l'AFP sur place.

"J'attends avec impatience le verdict de la justice"

"Thomas était un brave garçon, réservé, bien élevé et serviable" qui "croquait la vie à pleines dents", aimait "le ski, le rugby et la pêche", a dit son grand-père au début de la cérémonie, retransmise par haut-parleurs sur le parvis bondé de l'église trop petite. Mais dans la nuit de samedi à dimanche, "une bande de loubards qui avaient un couteau à la place du cœur lui ont enlevé la vie" plongeant la famille "dans une tristesse indescriptible", s'étrangle-t-il avant de souhaiter que "ces jeunes, des sauvages" soient "châtiés". "J'attends avec impatience le verdict de la justice" mais "ça ne me rendra jamais mon Thomas", a-t-il dit avant de fondre en larmes.

Mortellement blessé d'un coup de couteau devant la salle des fêtes communale, l'adolescent est décédé pendant son transfert à l'hôpital. Les violences ont fait huit blessés. Neuf personnes ont été placées en garde à vue mardi dans le cadre de l'enquête pour "meurtre" et "tentatives de meurtres en bande organisée" ouverte par le parquet de Valence. Âgé de 20 ans, celui qui a été "formellement désigné comme auteur du coup de couteau mortel" a été arrêté et placé en garde à vue mardi avec six "acolytes" dans les environs de Toulouse, selon le procureur de Valence Laurent de Caigny. Deux autres suspects, interpellés dans le secteur de Romans-sur-Isère, sont aussi en garde à vue depuis. Les investigations se poursuivent pour identifier et interpeller d'autres suspects.

"Rituel"

Selon les éléments communiqués par le parquet de Valence, tout a commencé quand une dizaine de jeunes ont tenté de s'introduire dans la salle des fêtes de Crépol où se tenait un bal. L'un d'eux a blessé d'un coup de couteau un vigile qui tentait de le bloquer. Des participants inscrits à la soirée sont intervenus, s'en est suivie "une rixe" à l'extérieur du bâtiment, selon les mots du procureur Laurent de Caigny. "Nous te promettons de profiter de la vie comme tu aurais voulu le faire", a déclaré un des amis de l'adolescent lors de la cérémonie, se remémorant "les journées piscine" chez Thomas, "les vacances à la mer" et les "sorties moto".

La cousine de Thomas, née un 6 décembre, le même jour que lui, a expliqué, d'une voix blanche: "cette date nous a lié chaque année, nous nous le souhaitions mutuellement, c'était notre petit rituel". "On ne remplacera pas l'enfant perdu mais c'est important pour moi d'être là" pour "se recueillir, soutenir la famille", explique à l'AFP, très ému, Gilbert Mounier-Véhier, le premier adjoint de la mairie de Saint-Donat. "C'est tout le territoire qui a été touché par ce drame", a-t-il dit.

6.000 participants à la marche blanche

Une veillée funéraire a eu lieu jeudi soir dans l'église de Crépol. La veille, plus de 6.000 personnes ont participé à une grande marche blanche à Romans-sur-Isère, reliant le lycée du Dauphiné où étudiait l'adolescent au stade de rugby où il jouait. La première ministre a appelé mercredi devant le Sénat à "la retenue et à la décence", alors que l'extrême-droite et une partie de la droite ont abondamment commenté le drame pour alimenter leurs discours sur la sécurité et l'immigration. Sur les réseaux sociaux, des comptes associés à l'ultradroite dénoncent un "francocide" commis par "les racailles" et diffusent des portraits présentés comme ceux des suspects.

À Valence, l'enseigne Bureau Vallée a été visée par des menaces sur les réseaux sociaux après avoir refusé d'imprimer un tract de "l'extrême-droite" sur le drame contenant "des propos haineux ou incitant à la violence", a expliqué un responsable de l'enseigne à l'AFP, sans vouloir donner d'autres détails.