Une femme privée de visite à son compagnon détenu après avoir amené leur bébé au parloir

La mère d'une enfant de trois semaines a vu son droit de visite suspendu.
La mère d'une enfant de trois semaines a vu son droit de visite suspendu. © Dominique FAGET / AFP
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Marion Dubreuil, édité par Océane Herrero , modifié à
Une jeune mère est allée rendre visite à son compagnon incarcéré en compagnie de leur fille âgée de trois semaines. Depuis, elle a vu son droit de visite suspendu à titre conservatoire. Le motif : l'administration l'accuse d'avoir introduit sa fille dans le parloir au mépris de la réglementation.

Le détenu n'avait jamais vu sa fille âgée de trois semaines. À Tarascon, le permis de visite d'une maman dont le compagnon était incarcéré a été suspendu. La raison : elle est venue avec cet enfant sans que celui-ci ne dispose d'un droit de visite à son nom. De fait, le bébé n'ayant pas encore été reconnu par son père, il était impossible pour la jeune femme d'obtenir un tel permis. Pourtant, celle-ci affirme que les surveillants qui étaient en poste le jour de la visite, le 16 janvier 2021, avaient autorisé la présence de sa fille.

"Elle a demandé si on pouvait faire une exception"

La compagne du détenu s'est rendue à la prison de Tarascon en comptant justement sur leur clémence, alors qu'elle allaitait. Elle était accompagnée de sa propre mère, présente afin de s'occuper de l'enfant. "Je me suis présentée à l'entrée de la prison seule, et la surveillante a compris que j'avais accouché. Parce que jusqu'au bout de ma grossesse, je venais rendre visite à mon compagnon", explique la compagne du prisonnier auprès d'Europe 1.

La surveillante s'enquiert du nourrisson et la jeune femme lui explique qu'elle n'a pas l'autorisation d'entrer avec sa fille. "Elle m'a demandée si j'avais un acte de naissance de ma fille et elle m'a dit qu'elle allait demander au chef du parloir s'il ne pouvait pas faire une exception, un écart, puisque mon compagnon n'avait jamais vu son enfant." Quelques minutes passent, puis la jeune mère est autorisée à entrer avec le bébé. La surveillante lui prête même un transat appartenant à l'administration et lui donne un document qu'elle contresigne.

L'administration l'accuse d'avoir "trompé les surveillants"

La visite se déroule sans embûches. Mais la mère est surprise de recevoir deux jours plus tard un courrier de l'établissement pénitentiaire. Il lui est signifié que son droit de visite est suspendu à titre conservatoire car elle aurait "trompé les surveillants" en faisant prévaloir une autorisation de la direction à défaut d'un permis de visite.

La jeune femme a décidé de contester cette décision, tout d'abord dans un courrier de réponse à l'administration pénitentiaire. Elle a également adressé une lettre au directeur interrégional des services pénitentiaires de Marseille pour expliquer sa version des faits. La compagne du prisonnier a reçu le soutien de l'Observatoire International des Prisons. Celui-ci rappelle à l'administration la nécessité de respecter la vie privée et familiale. L'Observatoire souligne en outre que la présence du bébé ne menaçait pas "le maintien du bon ordre de l’établissement ou la prévention des infractions". Or, ces motifs sont les seuls à pouvoir justicier un retrait ou une suspension du permis de visite auprès d'un prisonnier.