Livreur mort après une interpellation à Paris : son épouse dénonce "une mise à mort"

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Antoine Terrel
Alors que les résultats de l'autopsie de Cédric Chouviat, mort à Paris après son interpellation par des policiers, démontrent une asphyxie avec fracture du larynx, Doria, la compagne de la victime, a répondu mercredi aux questions d'Europe 1. Dénonçant un "comportement d'animal" de la part des forces de l'ordre, elle déplore également le manque de clarté de la part des autorités. 
INTERVIEW

L'enquête se poursuit autour du décès de Cédric Chouviat, livreur mort à Paris après son interpellation par des policiers. Alors que les premiers résultats de l'autopsie indiquent que l'homme de 42 ans a été victime d'une asphyxie avec fracture du larynx, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a reconnu que ces indications soulevaient "des questions légitimes", tandis que les avocats de la famille dénoncent une bavure policière. Mercredi, au micro d'Europe 1, l'épouse de la victime, Doria, dénonce une "mise à mort".

"Ça m'a fait un choc supplémentaire", confie Doria Chouviat, réagissant aux conclusions de l'autopsie. "Je me suis mis à sa place, et j'ai essayé d'imaginer la souffrance ressentie à ce moment là, pendant tout ce temps où il s'est débattu (...). Il a certainement dû les supplier pour qu'ils le lâchent". 

Cédric Chouviat a été victime d'un malaise cardiaque, vendredi matin, aux abords de la Tour Eiffel, après avoir été plaqué au sol, casque sur la tête, par trois policiers, peu après un contrôle tendu, motivé selon une source policière par un usage du téléphone en conduisant son scooter. Il s'était montré "agressif" avant de proférer des insultes, avait ajouté la source. Transporté dans un état critique à l'hôpital, il est mort dimanche à 3h30, selon le parquet de Paris.

"J'ai eu le droit au déni, aux mensonges"

Au micro d'Europe 1, la femme de Cédric Chouviat déplore le manque de clarté des autorités sur les faits, ainsi que l'absence de soutien. "J'ai eu le droit au déni, aux mensonges, aux contradictions, au mépris", relate-t-elle, "et j'ai vécu la peur, l'inquiétude". "On se contente de vous donner un numéro de téléphone qui ne répond pas pendant quatre heures", fustige-t-elle encore. 

Au vu des éléments fournis par l'autopsie, le parquet, qui avait diligenté dimanche une enquête en "recherche des causes de la mort", a décidé d'ouvrir une information judiciaire pour "homicide involontaire". Un intitulé qui ne convainc pas Doria Chouviat. "J'ai un problème avec le mot 'involontaire'", confirme-t-elle. "Là, ce n'est plus de l'acharnement, c'est une mise à mort, une exécution". Et la compagne de Cédric Chouviat de poursuivre : "De là à en arriver à lui fracturer le larynx, c'est que derrière, il y a un acharnement, une colère, une haine". Dans un communiqué, Mes Arié Alimi, William Bourdon et Vincent Brengarth, les avocats de la famille, ont indiqué que les proches de la victime demanderaient au magistrat instructeur "de restituer la seule qualification des faits qui s'impose soit celle de violences volontaires ayant entraîné la mort", un crime passible des assises. 

"Un comportement d'animal"

"Il n'y a plus d'humanité, juste une personne qui ne pose plus de question et qui agit machinalement", dit-elle encore en évoquant les policiers responsables, selon elle, de la mort de son mari, dénonçant "un comportement d'animal". "Déjà, l'asphyxie était dure à entendre pour nous, mais là, fracture du larynx...c'est tellement sauvage".  "Les petits jeunes en moto, qu'est ce qu'ils vont en retenir de cette histoire ?", interroge enfin Doria Chouviat : "Fais attention ! Ne te fais pas contrôler par la police, tu vas y passer".