«Je conteste toujours les faits qui me sont reprochés», déclare Cédric Jubillar au premier jour de son procès
Jugé pour le meurtre de son épouse Delphine en décembre 2020, Cédric Jubillar "conteste toujours" les faits qui lui sont reprochés. Le corps de cette infirmière, disparu dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, n'a jamais été retrouvé.
"Je conteste toujours les faits qui me sont reprochés". Au premier jour de son procès à la cour d'assises du Tarn, Cédric Jubillar, accusé d'avoir tué son épouse Delphine Jubillar en décembre 2020, est resté campé sur ses positions. En détention depuis quatre ans, il nie vigoureusement être à l'origine de la disparition de son épouse dont le corps n'a jamais été retrouvé.
"La famille attend une double vérité", a déclaré en marge de l'audience Mourad Battikh, avocat de cousins, tantes et oncles de Delphine, jugeant quelque peu "problématique" que l'accusé se présente à l'audience avec son alliance au doigt.
Pas de preuve tangible
Crâne rasé, vêtu d'un jean et d'une veste de survêtement bleue, Cédric Jubillar, 38 ans, va devoir s'expliquer durant près d'un mois sur ce qu'il s'est passé dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, lorsque Delphine Jubillar n'a plus donné signe de vie. Plusieurs faisceaux d'indices font peser de sérieux soupçons sur son époux - des lunettes cassées appartenant à l'infirmière disparue ou encore des cris entendus par des voisins - mais aucune preuve tangible n'a été relevée par les enquêteurs. "L'accusation essaie de construire une histoire, de créer un mobile, un personnage qui collerait aux actes qu'on lui reproche", a déclaré Me Alexandre Martin, l'un des avocats de Cédric Jubillar.
"C'est un stress pour toute cette famille", a déclaré, de son côté, Philippe Pressecq, avocat d'une cousine de la disparue. "Ils ont l'impression que Delphine est morte hier et de revoir le meurtrier aujourd'hui, c'est difficile", a-t-il ajouté. Quant à Louis, 11 ans, fils aîné de Cédric Jubillar, il se dit "stressé", "en attente" et "espère une vérité", indique Malika Chmani, avocate des enfants.
Des réponses avec beaucoup d'authenticité
En revanche, sur place, le plaquiste de 37 ans incarcéré depuis 2021 s'est montré coopératif à l'opposé du tableau qui a été dépeint de lui depuis le début de cette affaire. Cédric Jubillar a surpris l'assistance et a volontiers répondu aux questions des avocats de la partie civile. Il a été chahuté parfois, mais est resté calme et posé, avec, par moments, des réponses qui ont fait rire la salle.
"Oui je travaille au noir", "oui je prenais sur le salaire de Delphine", "oui je fume 15 joints par jour". Des réponses avec beaucoup d'authenticité malgré la gravité extrême de ce qui lui est reproché. Une personnalité qui ne surprend pas l'un de ses avocats, maître Alexandre Martin.
"J'ai l'impression d'être en face d'un homme qui est authentique, qui dit les choses du tac au tac. Une enquêtrice de personnalité qui déclare : 'moi je n'ai pas trouvé en face de moi quelqu'un de manipulateur. J'ai quelqu'un qui s'est présenté comme il est'. Nous on est pas surpris, Cédric Jubillar est comme on le connaît", souligne-t-il.
Le comportement suspect de Cédric Jubillar
Mais attention, prévient Laurent Boguet, avocat des enfants du couple, le goût de Cédric Jubillar pour les jeux de stratégie est peut-être révélateur. "La pratique que je vais qualifier de frénétique, des jeux de stratégie, pas n'importe lesquels, Game of Thrones, c'est de la manipulation, enfin voilà. Puis, vous avez aussi le poker, ça sous-entend que le mensonge puisse apparaître utile pour pouvoir effectivement gagner", insiste-t-il.
Cette affaire avait éclaté en pleine crise sanitaire du Covid-19 lorsque la France vivait au rythme des confinements et couvre-feux successifs. L'actualité judiciaire avait également été marquée par le procès, puis la condamnation de Jonathann Daval pour le meurtre de son épouse, Alexia. D'où l'important retentissement médiatique de cette affaire Jubillar qui demeure enveloppée de mystère.
Outre le faisceau d'indices, le comportement de l'accusé au cours de cette affaire a également contribué à diriger les soupçons vers sa personne. Peu concerné par les recherches du corps de son épouse, il aurait également avoué le crime, d'abord à son codétenu, puis à sa nouvelle compagne. Avec des précisions quant à la localisation du corps de l'infirmière. Devant les enquêteurs, l'intéressé a toujours minimisé ces propos, placés sur le compte de la plaisanterie. Le verdict est attendu le vendredi 17 octobre.