Brétigny 1:25
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Gwladys Laffitte et Siam Spencer , modifié à
Le 12 juillet 2013, un train Corail déraillait en gare de Brétigny-sur-Orge dans l’Essonne. Sept personnes ont été tuées. Ce lundi, s’ouvre le procès de deux filiales de la SNCF, SNCF Mobilités, et SNCF Réseaux et d’un cheminot de 32 ans. Ils sont jugés pour homicides et blessures involontaires au tribunal d'Évry.

C’était il y a près de 9 ans. Sept personnes meurent dans le déraillement d’un train de transport de voyageurs en gare de Brétigny-sur-Orge dans l’Essonne. Il reliait Paris à Orléans. Il est 17h11 quand quatre personnes meurent fauchées sur le quai et trois dans le train dans cette gare connue pour être traversée par de nombreux trains. Des dizaines de voyageurs sont également blessés. Le train roule alors à 137 km/h pour une vitesse autorisée de 150 km/h. L’enquête démontre rapidement qu’il déraille après qu’une pièce métallique de la voie se soit rompue lors du passage du train.

Trois responsables sur le banc des prévenus

Ce lundi, trois responsables sont sur le banc des prévenus. Deux filiales de la SNCF : SNCF Mobilités, et SNCF Réseaux, et un cheminot de 32 ans - un cadre dirigeant de proximité - qui avait fait la dernière vérification des voies, huit jours avant le drame.

Au cœur de l’enquête, et donc du procès, le morceau de voie responsable du déraillement. Pour les juges d'instruction, c’est clair : c’est bien la maintenance de la voie qui a fait défaut. Pour eux, la SNCF en est en partie responsable, que se soient ses organes ou ses représentants, ils ont été" défaillants dans l'organisation, le contrôle et la réalisation des opérations de maintenance".

"Des gens sont responsables, ils n’ont pas fait leur travail"

Pour de nombreuses parties civiles, il y aurait dû y avoir plus de responsables jugés. "On espère qu’au sein de l’audience, les causes et les responsabilités soient établies. Nous pensons que la SNCF a tout fait pour masquer les vraies responsabilités, les écoutes téléphoniques ont révélé beaucoup d’incohérences, de coalition, de mensonges", explique Thierry Gomes au micro d’Europe 1. 

"Pour nous, des gens sont responsables, ils n’ont pas fait leur travail, ils ont mis en danger la sécurité des usagers, consciemment ou inconsciemment, il faudra le déterminer", estime-t-il. Il a perdu ses deux parents dans le déraillement du train, et préside l’association "Entraide et défense des victimes de la catastrophe de Brétigny".

Bataille d’experts

La longue enquête a donné lieu à des batailles d’experts. Deux thèses s’affronteront devant le tribunal : celle du défaut de maintenance, contre celle du défaut de l’acier, défendue par la SNCF qui rejette toute responsabilité pénale dans l’accident. "Pour l’éthique de la société, il faut qu’aujourd’hui on fasse la lumière sur les responsabilités, pour que peut-être ces accidents n’arrivent plus. Aujourd'hui, les larmes ont fini de couler et nous sommes dans un combat de justice et de vérité", détaille Thierry Gomes.

L’enquête a en effet donné lieu à des scènes dignes d’un roman policier : les magistrats instructeurs ont eu du mal à obtenir de la SNCF des documents concernant la maintenance de la voie concernée, transmis sans avoir été triés ou de manière très volumineuse. Des écoutes téléphoniques faisaient penser les enquêteurs que cela était même une stratégie du service juridique de la SNCF, qui briefait, ou débriefait même les salariés avant ou après leurs auditions avec la police.