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Chaque dimanche, Vanessa Zha et Marion Sauveur nous emmènent en week-end gourmand et livrent leurs adresses coups de cœur.

Nous partons sous le soleil de Provence. Vanessa Zha, vous nous emmenez dans le Lubéron, du côté des Alpes de Haute Provence. 

Oui, entre Manosque et la Montagne de Lure, dans le pays de Jean Giono, qui a disparu il y a 50 ans. Il est né et décédé à Manosque. Et même si sa maison natale est fermée (trop exiguë pour les visites), l’hôtel Raffin lui consacre une exposition permanente. Mais c’est en vous enfonçant dans l’arrière-pays, que vous pourrez véritablement découvrir toutes les facettes de l’écrivain.

Alors il existe évidemment un circuit autour du Mont d’Or, où il vivait, mais aussi une "Route Jean Giono", qui part de Banon et suit un circuit autour de la Montagne de Lure. 125 km, 20 haltes littéraires que pouvez emprunter seul, en téléchargeant le parcours sur la toile, ou en sorties littéraires avec le Bleuet.

C'est la plus grande librairie française en milieu rural !

Exactement, c’est une véritable institution, certains d’entre vous font même jusqu’à 200 km pour pousser ses portes. Elle se situe en plein cœur du village de Banon. Pour vous donnez une petite idée, Banon c’est 900 âmes. Le Bleuet : 120.000 livres. La librairie programme cet été des siestes littéraires, des nocturnes et donc des randonnées sur les pas de Giono, à la demie journée. Et pour les connaisseurs, vous passez entre autres par le Contadour, ce lieu mythique dans lequel Giono organisaient des camps pacifistes avec les jeunes avant la seconde guerre mondiale.

Et puis il y a une autre institution pas très loin, c’est le Couvent des Minimes dans le pays de Forcalquier.

C’est ça, à Mane. Ce couvent a été construit en 1613 pour accueillir l’Ordre masculin des minimes. Mais en 1860 ce sont les Franciscaines qui vont reprendre les lieux. Et jusqu’à leur départ en l’an 2000, elles vont réussir à faire de ce couvent l’âme de la vallée. On y vient pour la catéchèse, la pêche, les cultures des jardins en terrasses. Et ce qu’il y a de magique, c’est qu’aujourd’hui ce lieu du patrimoine a été transformé en un très beau Relais et châteaux, et malgré tout on a l’impression que rien n’a bougé.

Fabien et Valérie Piacentino, les maîtres des lieux, ont su garder en vie les charmes et les secrets du passé, même le chemin de croix qui monte dans les restanques. Alors évidemment on n’y vient plus pour la catéchèse, mais pour un weekend provençal de A à Z : massage a la lavande, dégustation au Bistrot Le Pesquier du gaspacho à la pastèque et de la ratatouille émulsionnée de Gatien Demczyna. Et forcement on finit par une partie de pétanque avec un petit verre de Bardouin.

Marion Sauveur, quelle spécialité du Luberon peut-on déguster en ce moment ? 

Un légume estival par excellence, qui appartient à la famille des courges et courgettes (les cucurbitacées) et que l’on consomme comme un fruit, juteux, bien sucré : c’est le melon de Cavaillon. La saison a démarré il y a une quinzaine de jours pour le melon de plein champ, qui pousse dans un terroir baigné de soleil toute l’année. Et c’est ce soleil qui apporte les arômes sucrés au melon de Cavaillon. Il est d’ailleurs en course pour obtenir une Indication géographique protégée (IGP). 

Le melon n’est pas originaire de Cavaillon, encore moins de France. Ce sont les Égyptiens qui auraient été les premiers à le cultiver dans l’Antiquité, avant les Grecs et les Romains. Il serait arrivé dans la région grâce aux Papes, installés à Avignon. Une chose est sûre : on trouve du melon à Cavaillon au moins depuis 1495, où la mention du légume apparaît dans un règlement donné par les deux co-seigneurs de la ville. Mais sa renommée explose au 19e siècle, avec le développement du chemin de fer. C’est à Cavaillon que tous les producteurs se retrouvent pour expédier leur production vers les grandes villes. Et c’est aussi à cette époque qu’Alexandre Dumas négocie une rente viagère de douze melons par an en échange de ses ouvrages. 

Avec le melon, le plus difficile, c’est de bien le choisir ! 

Le melon de Cavaillon est un melon de type charentais. Le plus facile, c’est de regarder son pécou, c’est le petit nom pour son pédoncule (sa queue). Il faut qu’il soit craquelé. Et si vous avez le choix entre deux : le melon le plus sucré sera le plus lourd. 

Vous avez une adresse où on peut manger du melon de Cavaillon ? 

Oui ! A Cavaillon : à la Maison Prévot, au premier comptoir de melonniers. Le chef Jean-Jacques Prévot propose un menu melon, où il est travaillé entièrement et comme un légume. Même les pépins sont utilisés pour réaliser une vinaigrette. Vous pourrez déguster notamment un “Melon en tajine d’agneau aux amandes torréfiées”, une recette pleine de saveurs dans laquelle vous dégustez même la peau du melon confite. Et en dessert le “Calirond”, comme un calisson avec une mousse de melon confit, avec un sablé breton et une meringue craquante et servi avec un sorbet d’absinthe. Ce menu est disponible aussi à emporter à partir de 45 euros.