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Tous les samedis et dimanches, Vanessa Zhâ et Marion Sauveur nous font découvrir quelques pépites du patrimoine français. Aujourd'hui, direction le Poitou pour une visite de l'Abbaye de Saint-Savin avant une dégustation de macarons de Montmorillon.

Direction le sud-est du Poitou, moins connu mais c’est à découvrir Vanessa. 

C’est vrai qu’on parle plus de Poitiers, de son Futuroscope en général, mais le Montmorillonais a beaucoup d’atouts comme l'abbaye de Saint-Savin sur la Vallée de la Gartempe. C'est une ancienne abbaye bénédictine qui date du 11e ou du 12e siècle et que l'on surnomme "la Sixtine romane". Elle est classée au Patrimoine mondial de l’Unesco pour ses fresques. Petite visite avec notre guide Monique Roullet-Caire. "C'est un ensemble très impressionnant qui recouvre toute la voute de la nef. C'est un peu la bande dessinée de l'époque. On a des rectangles, à l'intérieur desquels on a des scènes issues de l'Ancien testament (le cycle de Noé, d'Abraham, la Genèse...), avec des couleurs qui sont essentiellement des ocres."

Ce n'est pas du Michel-Ange évidemment. 

Oui, mais la sensation d’être dans la Chapelle Sixtine est assez frappante. Et puis elle est doublement incontournable, parce que c’est le point de départ de la Route des fresques, un itinéraire d’une vingtaine de kilomètres qui passe par Saint-Germain. Il y a une petite église très mignonne avec des grisailles du 19e siècle assez surprenante. Antigny, Jouhet avec sa chapelle funéraire, pas mal de châteaux aussi et puis Montmorillon, avec sur le site de la maison Dieu, une chapelle avec des peintures du 19e siècle qui étaient destinés aux aux jeunes enfants du petit séminaire.

Mais ça vaut le coup de rester à Montmorillon, pour une autre raison. C’est la Cité de l’Ecrit, il y a quartier médiéval en particulier qui va vous intéresser Pierre. "Il y a tout un quartier qui a été rénové et qui abrite des bouquinistes, des enlumineurs, tous les artisans qui peuvent être liés aux livres. On a aussi des personnes qui font de la restauration de papiers anciens." 

Ce n'était pas la ville natale de Régine Desforges ? 

Exactement. Et elle a beaucoup contribué à faire redécouvrir ces métiers artisanaux. Deux autres raisons à ce patrimoine de l’écrit : il y avait des moulins à papier sur les rives de la Gartempe. Et un Mr. Rossignol professeur et imprimeur à qui l'on doit les grandes cartes de géographie qu’on affichait sur les murs de nos classes. Souvenez-vous, il y avait écrit "imprimerie Montmorillon".

Une adresse ?

Le Village flottant à Pressac et ses 20 cabanes flottantes.

Marion Sauveur, c'est quoi la spécialité de Montmorillon ?  

Le macaron, un biscuit à l'amande, granuleux, bien doré, mais surtout croquant à l'extérieur et moelleux à l'intérieur. A ne pas confondre avec le macaron parisien formé de deux coques bien lisses et garnies.  

Ce biscuit n’est pas né à Montmorillon, il ne serait même pas Français à l’origine ! Il aurait été créé au Proche-Orient, là où poussait les amandiers au Moyen-âge, avant que les Italiens ne s'emparent des amandes et de la recette. En France, ce serait donc Catherine de Médicis, au 16e siècle, qui aurait ramené cette gourmandise d’Italie. Mais rien n’est moins sûr, puisqu’on raconte qu’il existait, depuis bien longtemps déjà, des macarons en France, à Cormery, au sud de Tours.  

Une chose est sûre : à Montmorillon, on mange des macarons au moins depuis le 17e siècle, et les religieuses étaient les garantes de la recette. Recette qui s’est diffusée dans la ville, puisqu'au &çe siècle, plusieurs confiseurs vendaient ces macarons. Aujourd’hui, ils ne sont plus que deux à proposer les macarons de Montmorillon : le pâtissier Desroses et la biscuiterie Rannou-Métivier, qui a reçu le label “entreprise du patrimoine vivant”.  

Comment on réalise ces macarons de Montmorillon ?  

La recette du macaron de Montmorillon est la même depuis 1862, comme l’explique Yann Bertrand, l’un des trois frères à la tête de la maison Rannou-Métivier. C’est la 5e génération. “Fin du 19e siècle, Marie Métivier, mon arrière-arrière-grand-mère, fabriquait ses macarons chez les demoiselles Chartier, qui elles-mêmes faisaient ces macarons depuis trois ou quatre générations. De générations en générations, on a gardé la même recette : de l'amande, du sucre et des blancs d'œufs, selon une recette qui reste encore secrète. On est trois frères à partager le secret."

A la maison, vous pouvez réaliser vos propres macarons : avec autant d’amandes en poudre (idéale fraîches et émondées) que de sucre. Et deux tiers du poids pour les blancs d’oeuf, montés en neige, bien fermes. Mélangez l’amande et le sucre, et ajoutez délicatement les blancs. Et pochez, avec une poche à douille cannelée, les macarons sur du papier sulfurisé : en forme d’escargot. Il faut qu’il y ait de l’épaisseur, c’est ce qui permettra au macaron d’être bien moelleux. Laissez croûter le macaron au moins 30 minutes (idéal 1h30), avant de mettre la plaque dans un four bien chaud à 160 degrés pour 25 minutes. Une fois le macaron doré, sortez la plaque du four et laissez refroidir plusieurs heures avant de déguster. Ils se conservent dans le bas du réfrigérateur. 

Macarons type Montmorillon 

Ingrédients 

  • 250 g de sucre
  • 250 g de poudre d'amandes
  • 165 g de blancs d’œufs (environ 5 blancs d’oeufs moyen) 

Réalisation :

1. Commencer par émonder les amandes (= enlever la peau). Plonger les amandes dans l’eau bouillante, deux minutes, avant de les transvaser dans un saladier rempli d'eau froide. Il suffit ensuite de les presser légèrement pour que la peau brune se sépare du fruit. Reste à mixer finement vos amandes. 

2. Mélanger la poudre d'amandes avec le sucre. Monter les blancs en neige bien ferme. Et mélanger délicatement avec la poudre d'amandes et sucre. 

3. Placer la pâte dans une poche à douille, avec une douille cannelée. Sur une feuille de papier sulfurisé, réaliser des petit cercles de pâte en forme d'escargot. Il faut que le macaron ait une certaine hauteur. Laisser les macarons croûter (=sécher) pendant 1h30.

4. Placer les macarons, une vingtaine de minutes dans le four chaud à 160 degrés. Il faut qu’ils soient dorés. Pour conserver les macarons, placez les dans le bas de votre réfrigérateur. 

On peut même cuisiner ces macarons. En crumble, c’est un délice. Vous remplacez la pâte à crumble par des macarons que vous émiettez, vous aurez un délicieux goût d’amande. Ou dans un tiramisu, au fond du ramequin, avec des fruits rouges (les fraises approchent !) et la crème de mascarpone. Un délice !  

Si on veut les acheter ?

Direction Montmorillon, chez Rannou-Métivier, où vous pourrez même visiter le musée du macarons. Ils ont sept autres boutiques : à Saint-Julien-l’Ars, à Tours, à Poitiers et à Châtellerault. Et en plus du macaron classique, vous pouvez en ce moment déguster un macaron à la confiture de lait ou rose litchi.