A la découverte de la Seine-Maritime : sur les traces d'Arsène Lupin à Etretat et le bœuf cidré

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Tous les samedis et dimanches, Vanessa Zhâ et Marion Sauveur nous font découvrir quelques pépites du patrimoine français. Après le succès de la série "Lupin", direction aujourd'hui le département de la Seine-Maritime pour marcher dans les traces du gentleman cambrioleur.

On file en Normandie, en Seine Maritime, pour célébrer notre "gentleman cambrioleur" préféré, Arsène Lupin.

Dont on reparle beaucoup à cause du succès de la série "Lupin" sur Netflix avec Omar Sy, grand admirateur d’Arsène Lupin. C'est donc l’occasion en or pour nous de partir sur ses traces à Etretat évidemment.

Qui dit Lupin dit Maurice Leblanc. C’est en 1918, neuf ans après la sortie du l’Aiguille Creuse, qu’il achète "Le clos Lupin", une villa qu’il louait depuis quelques années déjà. Il faut dire qu'Etretat était très à la monde, Deauville n’existant pas encore. Maurice Leblanc y passait beaucoup de temps, comme beaucoup d’artistes et de musiciens d’ailleurs : Offenbach, Maupassant (sa maison s’appelait "la Guillette"). Et donc ce clos Lupin, c’est une autre de ses aventures. Il disait même que c’était "son meilleur Lupin", c’est sa petite fille Florence Leblanc qui me l’a confiée.

Et c’est Florence qui a donné vie à cette villa en en faisant une maison d’écrivain (attention, pas un musée, mais une maison scénarisée). Elle a même crée un parcours scénographique hyper original, qui existe depuis une vingtaine d’années.

C’est Arsène Lupin lui-même, qui va vous guider pour découvrir ses exploits, ses conquêtes féminines, ses multiples personnalités :une vraie pièce de théâtre. Des jeux d’ombres et de lumières tamisées, des ambiances sonores : la mise en scène est minutieuse, réglée comme du papier à musique.

Et pour résoudre le mystère de l’Aiguille creuse, vous devez passer sept étapes, dont le repère d’un gentleman avec ses Velasquez, ses Rembrandt, le piano de Chopin et la vraie Joconde (forcement au Louvre ce n’est qu’une copie). Et il y a aussi la salle des 47 Lupin : une table de toilette avec ses postiches, ses costumes, pour ses 47 personnalités.

Il y a d’autres lieux sur lesquels on peut partir aux alentours j’imagine ? 

L’abbaye de Jumièges, vous vous en souvenez surement, c’est dans la Comtesse de Cagliostro. Une des sept abbayes normandes qui forment la fameuse constellation de la Grande Ours dans le triangle Rouen, Le Havre et Fecamp, sur une carte.

Il y a aussi l’abbaye de Valmont qui sert de cadre au début de l’Aiguille creuse. Elle est à une dizaine de kilomètres à l’est de Fécamp. D’ailleurs à Fecamp, il y a un super "escape game" sur Lupin : notez bien, quand ce sera ouvert, il faudra y aller.

Autre lieu, parmi d’autres, Tancarville (pour Dans le phare de Tancarville). Et puis suivez aussi l’Association des Amis d’Arsène Lupin, ils organisent des excursions, des rencontres, des lectures. Mon petit doigt me dit qu’ils vont bientôt vous proposer quelque chose de gros cet été. 

Une adresse de charme à Etretat ? 

Un peu Lupinienne même. Le donjon Domaine de Saint-Clair, sur les auteurs d’Etretat. Un repère mystérieux, un endroit absolument magique. Et ça vous plaira Marion, le restaurant vient d’obtenir une étoile au Michelin.

Marion Sauveur, avec vous on découvre un produit d’exception normand.

Oui, une viande d’exception : le bœuf cidré. Un seul éleveur : François-Xavier Craquelin. Il élève un bœuf de race normande, la race locale rustique, à qui il donne du cidre sur les derniers mois de la vie de l’animal. On appelle cette méthode "terminer" au cidre. Ce n’est pas si nouveau, puisque les anciens du Pays de Caux donnaient déjà du cidre à boire à leurs bœufs, à Pâques ! Tradition aujourd’hui disparue. 

A quoi ça sert de donner du cidre au bœuf ? 

Faire boire de l’alcool aux animaux leur permettrait de les faire manger plus mais surtout de développer les acides gras dans le muscle, c’est qu’on appelle le persillé. Et c’est ce persillé qui donne du goût à la viande et la rend plus fondante. D’ailleurs, le célèbre et exceptionnel bœuf de Kobe, au Japon, est élevé à la bière.  

Les bœufs de Kobe ont droit aussi à des massages et de la musique classique.  

Oui ! Et chez François-Xavier Craquelin, c’est pareil : musique classique dans les enclos pour une meilleure ambiance de travail et brosses de massages qui facilitent la circulation sanguine. Mais ça va bien plus loin : c’est tout un environnement. Un troupeau limité (uniquement 15 bœufs qui donneront cette viande d’exception), élevé de manière traditionnelle (ils vivent à l’extérieur huit mois par an). Ils broutent l’herbe, ils peuvent aussi s'abriter sous les pommiers puisque François-Xavier Coquelin est aussi producteur de cidre. Il les alimente avec ce qu’il cultive : de la luzerne, des betteraves, des tourteaux, des résidus de lin. C’est un véritable cercle vertueux. 

L’élevage dure trois ans et demi, c’est un an de plus que l’élevage traditionnel. Les animaux boivent, au cours des quatre derniers mois de leur vie, de la besson (du cidre qui n’a pas fait de prise de mousse en bouteille). En tout : 15 litres de cidre par jour et par bœuf. Et c’est forcément tout cet écosystème qui permet d’avoir une viande d’exception.

A quoi ressemble une viande de bœuf cidré ? 

C’est ce que j’ai demandé à François-Xavier Craquelin, cet agriculteur passionné. “Le bœuf normand, par définition, est plus persillé. On a aussi un grain de mâche. On a un gras qui est un peu plus coloré, plus jaune, et plus goûtu. Et on a un peu plus d’épaisseur aussi. On va retrouver une petite acidité supplémentaire et le goût du gras qui est plus prononcé mais on ne retrouve pas un goût de cidre dans la viande. Il n’y a plus du tout d’alcool dans la viande. Il a été transformé en acide gras une fois à l'intérieur de l'animal”.

L'idéal, c'est de cuire ce bœuf cidré avec un peu de beurre à une température basse, tout doucement, pour ne pas brusquer la viande. Et je vous conseille de la déguster avec la moutarde produite sur l’exploitation : de la moutarde normande, comme on en produisait dans la région il y a deux siècles. 

On la trouve où cette viande ?

C’est un produit de saison. Les bœufs partent aux abattoirs au printemps. Vous pouvez trouver cette viande de bœuf cidré de mars à juin, chez les bouchers et restaurateurs de la région. Même dans certaines cantines, il y a du steak haché de bœuf cidré ! A partir du mois de mars, vous en trouverez sur le site Bœuf l’éclair.