Chaque matin, Michaël Darmon évoque un sujet précis de la vie politique.
Le gouvernement dit assumer ce que l’on appelle la "fiscalité écologique", c’est-à-dire les taxes sur le diesel et le gasoil au nom de la politique en faveur de la transition écologique. Pourtant la mesure était restée très discrète, une discrétion érigée en méthode de gouvernement.
Les taxes sur le diesel et le gazole sont un cas d’école.
À priori, étant donné la sensibilité de la société à l’égard des conséquences du dérèglement climatique, ces mesures devraient être bien acceptées.
Mais l’augmentation des prix de l’énergie font de ces mesures un poids supplémentaire sur les ménages modestes et notamment en zones rurales où une ou deux voitures sont souvent indispensables.
Le gouvernement réaffirme vouloir aider les foyers aux revenus modestes à accompagner la transition notamment avec des crédits d’impôts.
Mais ce qu’il faut relever c’est que cette mesure avait été décidé au moment où Nicolas Hulot était ministre de l’Environnement.
Comme le dit délicieusement Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement, "quand on a aimé Nicolas Hulot, on assume une fiscalité comportementale".
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Pourtant jusque-là, c’est la discrétion qui retient l’attention. Elle est appliquée sur bien d’autres sujets par le gouvernement. Non pas dans une volonté de cacher, mais au nom de la préférence de l’efficacité sur le discours. C’est le cas pour la politique de sécurité ou sur les politiques de la ville.
Mais cette méthode est-elle efficace ?
C’est une maxime dans les sphères de l’exécutif, au plus haut niveau.
Il vaut mieux se taire que de faire des annonces spectaculaires et mettre des milliers de gens dans la rue.
Alors que l’on cherche régulièrement à décrypter les artifices de communication dans les déplacements ou paroles du gouvernement, c’est en fait le silence qui est éloquent notamment pour les sujets fondamentaux.
Par exemple la réforme de l’État, un rapport du nom de CAP 22 a été élaboré après un travail approfondi avec des mesures jugées très compliquées à annoncer et porter sur le plan politique. La décision n’est pas d’enterrer le rapport mais de ne pas le publier et l’appliquer sans le dire.
Cette méthode de la discrétion est peut être efficace à court terme mais, une fois les mesures connues, il y a le risque de soupçon d’un double langage de la part du gouvernement. Mais il y a également le risque d’être en contradiction avec l’esprit du projet présidentiel. C’est ce que pensent certains élus de la jeune garde d’Emmanuel Macron qui préfèrent assumer de secouer le cocotier.
Preuve que la transformation est toujours au programme, l’audace ou la prudence dans les réformes. Le macronisme se cherche un socle idéologique et devra de nouveau répondre à cette question.