"Netflix est l'empereur du grand divertissement mondial !"

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Chaque samedi et dimanche, François Clauss se penche sur une actualité de la semaine écoulée. Aujourd'hui, Netflix qui sera présent la semaine prochaine à Lille, au Festival "Série Mania".

Non, Netflix n'aura pas droit au tapis rouge de Cannes cette année. Mais oui, Netflix sera à Lille. Lille, où débute vendredi prochain le Festival Série-mania. Et si c'était là, finalement, qu'il fallait être ! Et si demain, les pavés de la rue de la Monnaie, au coeur du vieux Lille, devenaient plus "in" que la croisette.

Et si une bonne moule-frites, sur la Grandplace, allait supplanter les rougets flambés au pastis de la plage du Carlton. Oui, les séries ont leur festival, 9ème édition, 1ère en région. Oui, les séries sont le phénomène culturel de l'époque.

Quelle ironie de l'histoire, Lionel. Souvenez-vous l'année dernière, Netflix était brûlé sur la place publique, au pied du Palais des Festivals. Intolérable pour les puristes que le géant de la vidéo en ligne soit invité dans le temple du 7ème art ! Même s'il s'agissait alors d'un film signé Woody Allen. Un an plus tard, le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux, se met pratiquement à genoux pour espérer que Netflix revienne sur la croisette.

La réalité est là, avec sa phénoménale puissance financière. Netflix n'est plus seulement un catalogue, c'est un producteur. C'est Netflix qui vient de financer la production posthume du dernier film inachevé d'Orson Wells. Pour 10 euros par mois, vous avez directement à la demande séries du monde entier, films, bientôt spectacles vivants et documentaires. Netflix, c'est la télé de demain, que l'on regarde sur son portable, sur sa tablette, dans l'avion, dans le train, où on veut, quand on veut. Et Netflix alimente lui-même son propre catalogue en produisant, pays par pays, des séries adaptées à la demande.

Netflix est aujourd'hui à la télé ce que Hollywood et Disney furent dans les années 50 : l'incontestable empereur du grand divertissement mondial. Présent sur toute la planète, à l'exception de la Chine, Netflix, c'est 125 millions d'abonnés, 7 millions de plus pour le seul premier trimestre de cette année. C'est un chiffre d'affaires à 3 milliards 700 millions de dollars, en hausse de 40%.

Le 7ème art tremble. Et pourtant, la déferlante "séries" n'a pas tué le grand écran. Au contraire, elle le bonifie. Et le cinéma en France continue d'attirer chaque année plus de 200 millions de spectateurs. Plaisirs différents. Le grand écran, la salle noire, et quelque part, le partage avec les autres, qui sont venus voir le même film à la même heure. La série, c'est chez soi, sur son canapé, sur son petit écran, et partout là où son se déplace, à l'heure de la mobilité.

Laissons au cinéma ce qu'est le cinéma. Godart ne disait-il pas lui-même que "voir un film de cinéma sur un petit écran, c'est comme voir la Joconde sur une carte postale". La série est faite pour le petit écran, en épisodes ciselés de 45 minutes. Elles nous parlent de notre monde, la politique (Baron Noir ou House of Cards), la géopolitique (Homeland ou Le bureau des légendes). Elle nous plonge dans le passé (Versailles, Pinky Blinders), ou dans le futur (Black Mirror).

Alors, Lionel, petit rouget sur la plage du Carlton ou moules-frites sur la GrandPlace ? Je vais vous répondre : les deux ! Séries-mania, 9 ans d'âge, Cannes, 71 ans d'âge se suivent. Aujourd'hui, avec un TGV, vous reliez les deux villes en six heures. Encore faudrait-il qu'ils roulent ! Mais ça, c'est un autre film ou une série en cours...